El Hadji Mamadou Gueye 8/8/2014
Un juge espagnol va enquêter sur la collaboration des forces
de sécurité marocaines avec la garde civile à Melilla pour contrer
l’assaut des migrants survenu le 18 juin dernier. Réclamée par trois ONG
qui ont remis une vidéo mettant en cause les agents marocains et
espagnols, l’enquête pourrait déboucher sur des sanctions pour mauvais
traitements des migrants.
Vidéo accablante pour les forces de sécurité marocaines et espagnoles
Les trois ONG ont déposé une vidéo comme preuve, souligne El Farodigital, en mettant en cause les policiers marocains qui maltraitaient des migrants lors de cet assaut. Plus accablant encore, les agents espagnols déployés sur les lieux n’ont pas réagi et ont laissé agir les forces auxiliaires marocaines alors qu’ils étaient sur les lieux. En faisant une description de la vidéo le juge, Emilio Lamo de Espinosa, explique comment les forces auxiliaires entrent « sur le territoire national (espagnol) », et battent un immigrant, le tout en présence d'un véhicule des forces de sécurité ibériques placé à « moins de 15 mètres ». Aucun agent n’est intervenu pour « arrêter cet agissement » des forces marocaines, déplore-t-il sur EFE.
En plus, Emilio Lamo de Espinosa note qu’un groupe d’immigrants qui était entre les deux clôtures a été rapatrié de force au Maroc par les forces auxiliaires alors qu’ils se trouvaient en territoire espagnol et que certains d’entre eux étaient déjà blessés.
Un rapport pour identifier les agents présents lors de l’assaut du 18 juin
Le juge a par ailleurs demandé à la garde civile de présenter un rapport permettant d’« identifier » les agents qui ont été déployés lors de l’assaut du 18 juin dernier, ainsi que le responsable de ce dispositif mis en place durant les faits. Plus précisément, le rapport doit inclure « le protocole suivi dans la journée et les ordres spécifiques reçus par les agents concernant la façon de procéder avec les immigrés ».
Une Commission rogatoire au Maroc
Il est aussi question dans ce document « d'identifier les policiers qui apparaissent dans la vidéo », et le « membre des forces auxiliaires marocaines qui a frappé un immigrant ». Le juge demande en outre de rappeler « le dispositif qui a été mis en place pour que les immigrants soient expulsés vers le Maroc à travers la porte de la double clôture ». Aucun détail ne sera omis dans le document qui sera présenté par la garde civile.
L’affaire pourrait prendre en tout cas des proportions beaucoup plus sérieuses. Le juge a également demandé l’identification des forces auxiliaires marocaines et des gendarmes qui étaient présents le jour des faits. Pour ce faire, le Maroc devrait mettre en place une commission rogatoire et demander le témoignage des photojournalistes qui ont enregistré la vidéo. Les autorités marocaines devraient donc également répondre des actions des forces de l’ordre à la frontière avec Melilla.
Satisfaction des ONG
Chez les ONG, qui ont déposé le recours collectif et la vidéo de 48 minutes, la satisfaction est de mise. Cela fait plusieurs mois qu’elles dénoncent l’action des agents marocains et espagnols lors des assauts des migrants et le non respect de leurs droits. Elles ont interpellé l’Union Européenne et le Maroc sur cette question par le passé. Pour le coordonnateur de l'équipe juridique d’Andalousie Accueil, José Luis Rodríguez Candela, « les violations de la clôture de Melilla, de lois espagnoles et européennes sont des règles systématiques », la vidéo est un « élément clé » de cette enquête.
Pour sa part, Mikel Mazkiaran de SOS Racisme estime que l’action des forces de sécurité a été mise à nu dans cette vidéo. « Nous avons entendu des témoignages dans des affaires antérieures et nous savions que ça pourrait constituer un crime, mais les images parlent d'elles-mêmes ». Enfin, Jose Palazón, le président de PRODEIN, l'une des organisations les plus actives dans la défense des droits des migrants, « cette plainte soulève un important précédent en Espagne et en Europe, parce qu’« elle permet de clarifier ce qui est légal ou non dans la conduite de forces de sécurité espagnoles et marocaines ».
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