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LE PLUS. La parole raciste s'est banalisée en 2013, surtout à l'égard des Roms et des musulmans arabes. C'est le constat que tire la Commission nationale consultative des droits de l’Homme de son dernier rapport. Mais le racisme ne s'exprime pas qu'à travers les mots. Il se traduit aussi dans des attitudes, des choix. Et c'est bien ça le plus grave, estime Louis-Georges Tin, président du Cran.
Édité par Hélène Decommer Auteur parrainé par Aude Baron
Des inscriptions racistes taguées sur les murs d'une mosquée de Saint-Étienne, le 8 février 2010 (P. FAYOLLE/SIPA).
Le rapport de la Commission nationale consultative des droits de
l’Homme apporte des données tout à fait préoccupantes sur l'état de la
société française. Parmi les personnes interrogées, 9% déclarent être "plutôt racistes" et 26% "un peu racistes". Soit 35% des Français qui reconnaissent être racistes, sans parler des autres qui le cachent peut-être mieux…
Plus inquiétant encore, 6 Français sur 10
affirment que "certains comportements peuvent parfois justifier des
réactions racistes", faisant du racisme une opinion excusable.
A relier avec la montée de l'extrême droite
Cela remet en cause les fondements démocratiques de la République
française. Le mot égalité est en effet au cœur de notre devise nationale
et figure régulièrement à l'article 1 de toutes nos constitutions
républicaines depuis la révolution.
La libération de la parole raciste est une réalité qui n'est pas sans lien avec la montée de l'extrême droite un peu partout en France, même si bien sûr, le racisme ne se limite pas à l'extrême droite et le vote FN pas seulement à la question du racisme.
Plus grave encore, les agressions et discriminations
Mais la parole raciste n'est que la partie émergée de l'iceberg. Ce
qui est beaucoup plus grave, ce sont les discriminations et agressions
racistes. Les personnes qui ne trouvent ni emploi ni logement parce
qu'elles sont noires. Celles qui sont harcelées ou agressées par la
police parce qu'elles sont arabes. Les Roms, stigmatisés et harcelés par
un ministère de l'Intérieur au point que la Commission européenne
elle-même menace la France de sanctions.
Voilà ce qui est bien plus grave encore que la simple parole. Se
focaliser sur les mots, quand bien même ils seraient plus libérés
qu'avant, revient à traiter le problème de manière superficielle.
Les actes racistes les plus graves se commettent souvent dans le
silence, sans parole raciste apparente. Et une certaine forme de
bien-pensance de gauche se révèle tout à fait compatible avec un racisme
institutionnel.
Dans ces conditions, il est à souhaiter que le nouveau Premier ministre
rompe définitivement avec l'ex-ministre de l'Intérieur. Il faut lui
rappeler qu'étant Premier ministre de la France, il n'est pas seulement
celui des "blancos".
Propos recueillis par Hélène Decommer.
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