Par h24info.ma, 30/3/2014
©Mehdy Mariouch |
Si Ali Anouzla a pu quitter la
prison en attendant le procès, son site Lakome est, lui, toujours retenu
dans un pénitencier virtuel: l'ANRT refuse de débloquer le site sans
"décision judiciaire".
Le journaliste Ali
Anouzla, dont l'arrestation pour "aide au terrorisme" avait entraîné une
vague de protestations, a affirmé avoir écrit au chef du gouvernement
marocain afin de protester contre la fermeture persistante de son site
internet.Ali Anouzla avait été arrêté en septembre à Rabat pour avoir publié sur la version arabophone de Lakome, qu'il dirige, un lien vers une vidéo d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) appelant au jihad et fustigeant la monarchie marocaine, dans le cadre d'un article consacré à ce document inédit.
Inculpé pour "aide matérielle", "apologie" et "incitation au terrorisme", il est sorti de prison après un mois de détention et une campagne de mobilisation au Maroc et à l'étranger, mais est toujours poursuivi.
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Le Département d'Etat américain, entre autres, avait exprimé son "inquiétude". Le journaliste avait sollicité la "fermeture provisoire" du site jusqu'à sa sortie de prison. Il a affirmé samedi avoir déjà effectué deux demandes de réouverture de Lakome, qui compte deux versions, arabophone et francophone.
Anouzla risque toujours 20 ans de prison
"L'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) a répondu en me disant de m'adresser à l'autorité judiciaire compétente", a-t-il déclaré à l'AFP, dénonçant une "contradiction". "Le site n'a pas été arrêté sur décision de justice mais par le biais d'une demande directe (à l'ANRT), alors pourquoi devrais-je aller au tribunal?", s'est-il interrogé.
Dans son courrier au chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, Ali Anouzla, connu pour ses prises de position critiques envers le pouvoir, affirme que "la poursuite du blocage du site (...) reflète une décision arbitraire affectant mes droits". "En votre qualité de président du Conseil d'administration de l'ANRT, je vous demande d'intervenir en urgence", ajoute-t-il.
Une source ministérielle, sous couvert d'anonymat, a rejeté toute responsabilité gouvernementale. "Le site a été fermé suite à une demande de la personne concernée, et cette affaire se trouve entre les mains de la justice", a-t-elle jugé. Ali Anouzla doit à nouveau comparaître devant un juge d'instruction le 20 mai. Aux termes de la loi antiterroriste votée en 2003 après une vague d'attentats à Casablanca, il risque jusqu'à 20 ans de prison, selon Amnesty International. Le Maroc a par ailleurs porté plainte en Espagne contre la société éditrice du journal El Pais pour avoir diffusé cette vidéo d'Aqmi.
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