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samedi 5 avril 2014

Les droits de l’homme au Sahara occidental vus par Malaïnine Lakhal


“Personne ne peut ignorer l’ampleur des violations marocaines”

Par : Hafida Ameyar, 3/4/2014
 
Le secrétaire d'État américain, John Kerry, effectue, aujourd’hui, une visite de deux jours, en Algérie, avant de se rendre au Maroc. Cette tournée précède la prochaine réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, qui doit décider de la prolongation du mandat de la mission onusienne en charge de l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). Ayant travaillé sur la question des droits de l’Homme dans l’ex-colonie espagnole, y compris dans la période 2010-2013, en qualité de représentant de la Fédération internationale de la jeunesse démocratique (WFDY), à Genève, le journaliste sahraoui Malaïnine Lakhal, également membre de l'Observatoire des ressources naturelles au Sahara occidental (SNRW), s’exprime sur la situation au Sahara occidental, en particulier sur celle des droits de l’Homme.

Liberté : La Minurso est l’une des rares missions de l’ONU, sinon l’unique, à ne pas être mandatée pour observer et protéger les droits de l’Homme. Pourquoi ?
 
Malaïnine Lakhal :
Cette défaillance dans le mandat de la Minurso jette la lumière sur un grand problème dans le système international. Celui-ci intervient sans réserve dans des conflits, comme il l’a fait au Koweït face à l’Irak, ou dernièrement en Libye, en Syrie, au Mali, en Côte d’Ivoire, en Afrique centrale, au Darfour, etc.

Mais, il tergiverse dans la résolution politique d’un conflit clairement identifié comme la question de décolonisation du Sahara occidental, et hésite aussi à protéger sa population contre des violations flagrantes des droits politiques, civils, économiques, sociaux et culturels.
Cela est d’autant plus grave lorsque l’on sait que presque toutes les organisations internationales des droits de l’Homme, dont HRW, Amnesty et Front Line, informent et préviennent depuis plus de 20 ans sur ces atteintes.
Autre chose : comme tout le mode sait maintenant que c’est la France, membre permanent du Conseil onusien de sécurité, qui fait obstacle à toute tentative d’introduire le volet protection des droits de l’Homme dans le mandat de la Minurso. Cela est dû au refus marocain et à l’ampleur des violations marocaines dans les territoires occupés sahraouis. Le dernier bras de fer sur la question a eu lieu en avril 2013, quand les USA ont proposé un texte de résolution soutenant l’intégration de cet aspect. À la fin, l’administration Obama a changé le texte, pour ne pas avoir à faire face au veto français.

Avez-vous une explication concernant la difficulté qu’a l’ONU à exposer franchement l'ampleur des violations perpétrées par le Maroc sur la population sahraouie civile ?
Le problème reste un problème politique et d’agenda. C’est aussi un problème d’intérêt et de calculs pour la France, surtout en Afrique du Nord. Aujourd’hui, personne ne peut prétendre ignorer l’ampleur et même les plus petits détails des violations marocaines au Sahara occidental. À titre d’exemple, en janvier et février de cette année, il y a eu plus de 3 rapports sur la situation au Sahara occidental émanant du State département des US, d’Human Rights Watch et du Conseil africain de paix et sécurité ; cela, sans oublier les 3 ou 4 délégations internationales qui ont visité les territoires occupés et qui ont pu assister aux exactions marocaines et à l’oppression contre les Sahraouis. En France, la présidente de la fondation Robert-Kennedy, Mme Kerry Kennedy, avec l’activiste sahraouie, Aminatou Haïdar, et l’acteur international, Javier Bardem, ont fait la Une de plusieurs journaux français et ont parlé de la situation des droits humains… Je peux citer des centaines d’autres actions dans d’autres pays. Alors, dire que les gouvernements du monde ne sont pas au courant de la situation est un grand mensonge !
Au sein de l’ONU, le Conseil des droits de l’Homme, à travers plusieurs de ses rapporteurs spéciaux, est informé sur les violations des droits de l’Homme au Sahara occidental. Celles-ci sont visibles pour tout le monde. Le Conseil aurait même conseillé le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, de pousser vers l’élargissement du mandat de la Minurso pour qu’il inclue la protection des droits de l’Homme. Mais la France bloque et va continuer à le faire.
En gros, je crois que le vrai problème au Sahara occidental réside dans le refus français de laisser tomber son protégé, le royaume du Maroc. Mais aussi dans le besoin de continuer à exploiter les ressources naturelles sahraouies, sans devoir payer les vrais prix aux vrais propriétaires. C’est aussi simple que ça.
J’ajouterai que le Maroc n’a aucun statut légal au Sahara occidental. Il n’a pas de souveraineté sur le territoire ; cela n’a pas besoin d’être discuté, puisque le Sahara occidental est considéré par l’ONU comme territoire non autonome sur la liste de la décolonisation. De plus, le Maroc n’est même pas “une puissance administrante” du territoire et n’apparaît pas dans la liste de la 4e Commission comme tel. Le Maroc est une puissance d’occupation illégale, qui impose un fait colonial.

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