Le cri d'alarme du journaliste Ali Anouzla contre la censure
Six
mois après avoir été incarcéré durant 39 jours sous prétexte d'apologie
et d'incitation au terrorisme, le journaliste Ali Anouzla sort de son
silence : il accuse le pouvoir marocain de vouloir abattre la presse
libre. Les versions arabophone et francophone du site d'information
Lakome, qu'il dirige, sont toujours censurées.
Rabat, correspondance
En septembre dernier, Ali Anouzla, directeur de la version arabophone du site marocain Lakome, était arrêté pour avoir publié un simple lien vers un article sur le blog d'un journaliste espagnol d’El País, Ignacio Cembrero, qui renvoyait à une vidéo d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) menaçant le Maroc. Après une garde à vue de huit jours, il sera poursuivi pour « aide matérielle », « apologie du terrorisme » et « incitation à l’exécution d’actes terroristes ». Il risque, selon la loi anti-terroriste marocaine, jusqu’à 20 ans de prison.
Dès le départ, ses soutiens se sont mobilisés au Maroc et à l’étranger. Reporters sans frontières, Amnesty International, Human Rights Watch ainsi que le Committee to Protect Journalists ont dénoncé ces accusations. Anouzla a été placé en liberté provisoire après 39 jours de détention.Aujourd'hui, l’instruction est toujours en cours et les versions arabophone et francophone du site Lakome sont encore censurées.
Ali Anouzla fait figure d’exception au Maroc. Il fait partie d'un groupe restreint de journalistes qui abordent les sujets jugés sensibles, qui bousculent les lignes. Il s’interroge sur les absences du roi à l’étranger, écrit sur la question du Sahara occidental. En août dernier, il lance le scandale du Danielgate, la grâce royale d’un pédophile espagnol condamné à 30 ans de prison. Mais pour ses détracteurs, Anouzla est un « journaliste militant » qui va beaucoup trop loin. Il a d’ailleurs été victime de plusieurs campagnes de diffamation.
Le 8 mai, il va recevoir à Washington avec Aboubakr Jamaï, directeur de la version francophone de Lakome, le prix POMED des « leaders pour la démocratie ». Depuis sa libération, ses interventions se font rares. Anouzla revient aujourd’hui sur son arrestation, son incarcération à la prison de Salé, mais aussi sur les zones d’ombre concernant le blocage de Lakome par les autorités.
Vous avez passé 39 jours en détention pour avoir publié un lien vers une vidéo d’AQMI. Vous êtes actuellement en liberté provisoire. Où en est l’affaire aujourd’hui ?
On est toujours en instruction. C’est au juge de trancher. Soit nous allons au procès, soit il décide que cela ne relève pas de sa compétence, soit il ferme le dossier. La prochaine audience, la sixième, aura lieu le 20 mai. Les audiences, ce sont des interrogatoires. On les reporte mais je ne sais pas pour quelles raisons et pour combien de temps. Le pire, c’est que le site est toujours bloqué.
D’après la version officielle, je suis poursuivi pour apologie, incitation au terrorisme et aide matérielle. Pour moi, ce n’est qu’un alibi. Je pense que c’est la ligne éditoriale de Lakome qui a été ciblée, sa critique du pouvoir et de la chose politique au Maroc.
En 2009, lorsque j’étais directeur du journal Al Jarida Al Oula, j’ai publié un éditorial. J’y écrivais que dans les pays du Maghreb, il n’y avait pas de démocratie. Je parlais de la Libye, où il y avait un tyran arrivé au pouvoir sur un char, qui régnait depuis 40 ans. L’ambassade de Libye a envoyé une mise au point, où ils disaient que je ne connaissais pas l’histoire de la Libye. Ils m’ont envoyé des documents, dont le Livre Vert de Khadafi. Nous avons publié cette mise au point.
Mais deux semaines plus tard, il y a eu un procès sur une plainte du parquet marocain. Au tribunal, un avocat, représentant du leader de la révolution libyenne, a demandé des indemnisations : un milliard de centimes. Le juge lui a accordé un million de dirhams (environ 90 000 euros) et trois mois avec sursis. Vu la lenteur de la machine judiciaire, l’appel a eu lieu en 2011. Je n’ai même pas assisté à mon acquittement. J’ai été acquitté parce que Kadhafi a été renversé par son peuple révolté. Ce qui montre à quel point la justice au Maroc est indépendante !
J’ai commencé le journalisme il y a 25 ans et j’ai lancé mon premier journal indépendant en 2004. Depuis, on a toujours eu des problèmes avec le pouvoir : des procès, des interrogatoires de police, parfois juste pour nous demander quelles sont nos sources. Mais on n’a jamais voulu donner nos sources. Nous avons subi des campagnes de diffamation orchestrées par la presse officielle, des journaux et des sites privés, dont on ne sait qui est derrière.
En 2005, nous avions réalisé un sondage pour choisir l’homme de l’année. Comme nous n’avions pas les moyens de réaliser un sondage professionnel, nous avons contacté 100 personnalités marocaines et nous leur avons posé une question : qui est l’homme de l’année ? Nous leur avons demandé de donner trois noms. Nous avons recueilli les réponses et il s’est avéré que le roi était deuxième après Driss Benzekri de l’IER (président de l’instance Équité et réconciliation, décédé en 2007 – ndlr). Nous avons publié cela et nous avons été attaqués par la presse officielle. Les ministres et un conseiller du roi, qui avaient participé à ce sondage, nous ont aussi attaqués. Nous avons même été attaqués par Driss Benzekri. « Pourquoi avez-vous mis le roi en compétition ? » nous a-t-on dit.
En 2009, nous avons publié un article au sujet de la santé du roi. J’ai été condamné à un an de prison avec sursis et à une amende. Par la suite, nous avons vu tarir nos ressources publicitaires. Ils nous ont étouffés et on a été obligés de fermer le journal en 2010.
Avez-vous été surpris par votre arrestation en septembre dernier ?
Je m’y attendais un peu. Depuis l’année 2011, le début du printemps arabe, nous étions surveillés. Je savais que j’étais sur écoute, que les flics me suivaient. Il y avait aussi les voitures stationnées devant le journal, parce qu’au bureau, il y avait des militants, des journalistes étrangers, qui venaient pour travailler. Il y avait des va-et-vient. Mais je ne m’attendais pas à une arrestation aussi… hollywoodienne. Dix-huit policiers chez moi. Deux fourgonnettes et la voiture de leur chef. Tout cela à 7 h 15 du matin. J’ai ouvert la porte, je pensais que c’était des proches ou le concierge. J’ai vu une forêt d’hommes, j’ai compris que c’était eux. Un officier de police a poussé la porte : « Tu viens avec nous. » Je suis allé prendre ma douche froide, comme tous les matins. Les policiers m'ont dit qu'ils allaient faire une perquisition. J’ai répondu avec un proverbe : « Une fois qu’une chèvre est égorgée, ça ne lui fait pas mal qu’on lui enlève la peau. »
Quand je suis arrivé aux locaux de la police judiciaire à Casablanca, j’ai demandé à voir l’ordre du parquet. Une fois qu’ils me l’ont montré et que j’ai su pourquoi j’avais été arrêté, j’ai commencé à être plus à l’aise. J’ai commencé à répondre. J’étais sûr de mon innocence, je n’avais rien fait. J’avais juste publié un lien hyper-texte et nous avions précisé que c’était de la propagande. Ça a duré huit jours… Je n’ai jamais été insulté, ni maltraité.
Considérez-vous que vous étiez un détenu d’opinion ?
Ce n’est pas à moi de juger. Ce sont les ONG de défense des droits de l’homme qui m’ont qualifié ainsi. Ils ont vu que j’ai été arrêté pour mes opinions et mes articles critiques envers le pouvoir. Je pense que j’ai été arrêté pour la ligne éditoriale que nous adoptions à Lakome : professionnelle, indépendante, critique. Le rôle d’un journaliste indépendant, c’est d’être critique vis-à-vis du pouvoir et du gouvernement. C’est un contre-pouvoir, un quatrième pouvoir.
Quelles ont été vos conditions de détention ? Vous étiez incarcéré à la prison Salé 2, une prison réputée difficile.
Pendant les 39 jours de ma détention, j’ai été isolé. J’étais dans une cellule individuelle lorsque j’étais détenu dans les locaux de la police, et aussi à la prison. Salé 2 est une prison qui a été inaugurée en 2011. À Salé 1, une mutinerie avait éclaté chez les détenus islamistes, qui avaient occupé le toit et kidnappé des gardiens. Ils ont ensuite ouvert cette prison spéciale, où il y a des cas spéciaux : les gradés militaires, les islamistes, les Sahraouis de Gdeim Izik. Il n’y a que des cas spéciaux, et comme j’étais un cas spécial, j’étais bien entretenu (sourire). J’étais au cachot. C’était propre.
Ils ont repeint ma cellule après mon arrivée. Avant, il y avait des graffitis qui m'ont laissé deviner que des détenus islamistes étaient passés par cette cellule, et même un détenu de Guantanamo. Ma cellule faisait trois mètres sur trois. Je n’avais ni livre, ni journaux, ni radio. Il n’y avait rien ; je contemplais le vide. Pourtant, je ne suis pas une bête féroce.
Les charges qui pèsent contre vous sont lourdes. Pensiez-vous que vous alliez rester longtemps en prison ?
Ce dont j’étais sûr, c’est que j’étais innocent. Mais je ne pensais pas qu’ils allaient me libérer aussi vite.
Qu’est-ce qui, selon vous, a précipité votre libération ?
Je ne sais pas. Je pense que c’est dû à la mobilisation nationale et internationale, à la médiatisation de l’affaire, aux écrits dans des journaux respectés. J’ai toujours pensé que le pouvoir marocain était sensible à son image à l’extérieur. Lorsque cette image est atteinte, il réagit vite. La première fois que j'ai déposé une demande de liberté provisoire, le juge l'a rejetée. Ils ne voulaient pas me relâcher et céder à la pression. Ils s’attendaient à avoir une issue, en gardant une image intacte. L’issue, c’était peut-être mon communiqué.
Beaucoup de rumeurs ont circulé au sujet de ce communiqué. Avez-vous subi des pressions pour l’écrire ?
Non. Jamais ! Ils me connaissent bien : personne n’oserait exercer des pressions. J’étais constamment en contact avec mes avocats, qui m’apportaient ce qui était écrit à mon sujet, et lorsque j’ai lu les communiqués des partis, j'ai vu qui était contre moi. Il y avait une mobilisation en ma faveur, mais il y avait aussi un discours, qui consistait à me traiter de traître, d’espion, de tous les maux de la terre. Je devais par conséquent préciser ma position.
Dans ce communiqué, je dis deux choses. D’abord, que je ne soutiendrai jamais un acte ou un groupe terroriste. Ensuite, que je suis un journaliste professionnel et que je dois être traité comme un journaliste, pas comme un politicien ou un leader. Je ne fais que mon boulot et j’ai toujours été contre le terrorisme. Je pense que dans cette déclaration, ils ont trouvé une issue. Je n’avais pas pensé que ça serait le cas. Mon communiqué s’adressait à l’opinion publique.
Enfin, je disais aussi que comme j’étais en détention, je décidais de cesser la parution de Lakome dans sa version arabe, que je dirigeais, puisque je ne pouvais pas en assumer les responsabilités juridiques et morales. Je n’ai jamais parlé de sa version française, que dirigeait Aboubakr Jamaï. D’ailleurs, j’aimerais dire qu'Aboubakr a joué un grand rôle dans la mobilisation internationale (voir la vidéo ci-dessous, son intervention lors d'une soirée Mediapart sur la liberté de la presse organisée en septembre 2013 – ndlr). Nous sommes plus que des partenaires, nous partageons les mêmes idéaux, les mêmes valeurs : la défense de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté de la presse. Notre partenariat n’a jamais été matériel et commercial.
Votre libération a-t-elle été le résultat d’une négociation avec le pouvoir ?
Jamais ma libération provisoire n’a été l’objet d’une quelconque négociation. Je ne suis pas un journaliste qui met ses principes et ses convictions en marchandage, même lorsqu’il s’agit de la valeur suprême : la liberté. Ma libération est due à la grande mobilisation et au soutien des démocrates, des médias indépendants, des ONG crédibles au Maroc et dans plusieurs pays. Je tiens à leur dire un grand merci.
Pourquoi, d’après vous, la version francophone de Lakome a-t-elle été bloquée ?
On est hébergé sur le même serveur. La version française est un sous-domaine de Lakome arabe. Il y a aussi Lakome sport qui a été bloqué mais personne n’en a parlé !
Peut-on réellement parler de censure, puisque c’est vous qui avez demandé la suspension provisoire de Lakome ?
Le site a été fermé arbitrairement par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). Je ne leur ai pas demandé de bloquer le site. Je considère que c’est de la censure. J’ai demandé par deux fois la levée du blocage et j’ai reçu une réponse de l’ANRT, qui me disait d’aller en justice pour obtenir des « instructions » (sic) pour la levée du blocage. Mais comme il n'y a pas de décision de justice interdisant le site, comment puis-je voir avec la justice ? J'ai déjà écrit deux lettres à l'ANRT (en janvier et le 19 mars). La réponse a été défavorable. J'ai donc envoyé un courrier à la Primature (le chef du gouvernement est le président du conseil d'administration de l'ANRT – ndlr). Si la réponse du chef de gouvernement est négative, mon dernier recours sera la grève de la faim.
Vous avez récemment évoqué le lancement d’un nouveau site : Lakome 2.
Je continue de vouloir sortir Lakome. J’ai lancé Lakome 2 comme un défi, si j’arrive au bout des procédures contre les autorités qui ont bloqué Lakome et que je n’obtiens rien. Avec Lakome 2, nous gardons le même nom, qui est un label, une idée surtout, un symbole. Nous garderons la même ligne éditoriale. Il y a des journalistes qui ne peuvent pas travailler dans un autre organe, alors même que nous sommes des mauvais payeurs… J’ai moi-même passé un an et trois mois sans salaire. C’est du journalisme militant, au sens professionnel. On militait pour une ligne éditoriale professionnelle et indépendante. Je suis toujours convaincu par ce modèle de presse indépendante. Une presse qui n’est pas une presse officielle, de propagande ou de relations publiques. C’est un choix difficile à assumer et on l’assume.
Qu’en est-il des journalistes qui travaillaient pour Lakome ?
La plupart sont toujours au chômage. Ils étaient, comme moi, convaincus de leur choix. Je pense qu’aujourd’hui, on veut passer à un autre stade, c’est d’affamer les gens. On ne vous laisse plus de quoi vivre pour que vous abdiquiez. On ne va pas abdiquer, on va continuer. Après mon incarcération, on m’a fait des propositions. Certaines ONG respectées à l’étranger, notamment. J’ai refusé. J’ai toujours refusé toutes sortes d’aides, internes comme externes. À Lakome, on vivait de petits revenus de Google ads et, parfois, des pubs échappaient à la censure et on pouvait les avoir. Nous étions le troisième site le plus visité au Maroc.
Vos démêlés avec la justice ne se limitent pas à cette plainte pour apologie du terrorisme. Vous étiez, jusqu’à la semaine dernière, poursuivi dans trois affaires.
Aujourd’hui, je n’en ai plus que deux. C’est la première fois que je gagne, et contre le ministère de l’intérieur ! C’était une plainte pour diffamation pour des déclarations qui m’ont été attribuées au sujet de certains sites d’information. Je soupçonnais ces sites d’orchestrer une campagne de dénigrement contre moi. Et je soupçonnais les services d’être derrière. Pourquoi m’ont-ils attaqué ? Parce que j’ai écrit sur la monarchie, la question du Sahara, sur les droits de l’homme. J’ai donc pensé qu’il y avait une manipulation.
Il y a aussi le procès de Fès, le 26 avril prochain. Il s’agit d’une information publiée dans Lakome, qui s’est révélée être fausse. Nous avons publié des excuses et expliqué que ces informations, c’était un coup monté. Nous parlions d’une fusillade entre deux tribus qui aurait fait des morts. Un site local avait publié l’information. Le responsable du site a dit devant le procureur : « J’ai fabriqué cette information pour montrer que le site Lakome n’est pas professionnel. »
Ces difficultés ont-elles un impact sur votre façon d’exercer votre métier ?
Ça me prend du temps. À chaque fois, il faut passer la journée au tribunal. Ça pèse sur le moral, sur ma famille. Je ne me suis jamais autocensuré et j’ai toujours eu un franc-parler, un langage direct. J’ai un style à moi, je ne vais pas le changer. Je ne vais changer ni mes principes, ni ma ligne éditoriale.
Quand vous écrivez, pensez-vous aux lignes rouges ?
Pour moi, ça n’existe pas, les lignes rouges. Il n’y a pas une loi écrite, adoptée au parlement, ou dans la Constitution, qui instaure des lignes rouges.
Avec le recul, regrettez-vous d’avoir publié ce lien ?
Je l’ai dit, je n’ai fait que mon travail. J’avais une information au sujet d’une menace terroriste contre le Maroc. Je devais la publier. Je n’ai pas fait l’apologie du terrorisme. Ce que j’ai fait, cela relève du droit d’informer. Lorsque l’on dit qu’un tsunami arrive, on ne fait pas l’apologie du tsunami, mais c’est notre devoir d’avertir. Et si des malfaiteurs en profitent pour commettre des crimes, le gars qui l’a annoncé à la météo n’est pas complice, il n’est pas responsable.
Ignacio Cembrero a été sanctionné par sa rédaction pour avoir publié un lien vers la vidéo, suite à une plainte du gouvernement marocain. Quelle est votre réaction à cette décision d’El País ?
Tout d’abord, j’exprime toute ma solidarité à Ignacio Cembrero. C’est un grand ami et un journaliste professionnel. C’est aussi un grand spécialiste du Maghreb. Il aime le Maroc et les Marocains. Quelle que soit la décision de sa direction, c’est une grande perte pour son journal, pour ses lecteurs et pour le journalisme indépendant au Maroc. Je regrette néanmoins que l’administration d’un grand journal comme El País, qui était l’emblème de la transition démocratique dans son pays, abdique face aux menaces du gouvernement d’un pays qui vit toujours sous le joug de l’autoritarisme.
Il y a eu une affaire similaire à la vôtre, l'affaire Hasnaoui (le journaliste d’une publication salafiste condamné à trois ans de prison). Comment expliquez-vous cette recrudescence de procès où des journalistes sont poursuivis pour apologie du terrorisme ?
Avant l’affaire du journaliste blogueur Hasnaoui, à qui j’exprime toute ma solidarité et dont je demande la libération sans condition, il y a eu l’affaire d’un autre journaliste, Abdelhafid Sriti, qui a passé trois ans en prison, en vertu de cette fameuse loi de lutte contre le terrorisme, qui s’est transformée en alibi pour mater toute voix qui ne rentre pas dans la symphonie officielle. Il est grand temps de demander l’abolition de cette loi qui porte atteinte à l’État de droit.
En septembre dernier, Ali Anouzla, directeur de la version arabophone du site marocain Lakome, était arrêté pour avoir publié un simple lien vers un article sur le blog d'un journaliste espagnol d’El País, Ignacio Cembrero, qui renvoyait à une vidéo d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) menaçant le Maroc. Après une garde à vue de huit jours, il sera poursuivi pour « aide matérielle », « apologie du terrorisme » et « incitation à l’exécution d’actes terroristes ». Il risque, selon la loi anti-terroriste marocaine, jusqu’à 20 ans de prison.
Dès le départ, ses soutiens se sont mobilisés au Maroc et à l’étranger. Reporters sans frontières, Amnesty International, Human Rights Watch ainsi que le Committee to Protect Journalists ont dénoncé ces accusations. Anouzla a été placé en liberté provisoire après 39 jours de détention.Aujourd'hui, l’instruction est toujours en cours et les versions arabophone et francophone du site Lakome sont encore censurées.
Ali Anouzla fait figure d’exception au Maroc. Il fait partie d'un groupe restreint de journalistes qui abordent les sujets jugés sensibles, qui bousculent les lignes. Il s’interroge sur les absences du roi à l’étranger, écrit sur la question du Sahara occidental. En août dernier, il lance le scandale du Danielgate, la grâce royale d’un pédophile espagnol condamné à 30 ans de prison. Mais pour ses détracteurs, Anouzla est un « journaliste militant » qui va beaucoup trop loin. Il a d’ailleurs été victime de plusieurs campagnes de diffamation.
Le 8 mai, il va recevoir à Washington avec Aboubakr Jamaï, directeur de la version francophone de Lakome, le prix POMED des « leaders pour la démocratie ». Depuis sa libération, ses interventions se font rares. Anouzla revient aujourd’hui sur son arrestation, son incarcération à la prison de Salé, mais aussi sur les zones d’ombre concernant le blocage de Lakome par les autorités.
Vous avez passé 39 jours en détention pour avoir publié un lien vers une vidéo d’AQMI. Vous êtes actuellement en liberté provisoire. Où en est l’affaire aujourd’hui ?
On est toujours en instruction. C’est au juge de trancher. Soit nous allons au procès, soit il décide que cela ne relève pas de sa compétence, soit il ferme le dossier. La prochaine audience, la sixième, aura lieu le 20 mai. Les audiences, ce sont des interrogatoires. On les reporte mais je ne sais pas pour quelles raisons et pour combien de temps. Le pire, c’est que le site est toujours bloqué.
Ali Anouzla le 10 décembre dernier, lors d'une chaîne humaine devant le parlement marocain. © IR
Vous avez reçu de nombreux soutiens au Maroc et à l’étranger. Ils
s’accordent à dire que vous avez été emprisonné pour vos écrits
critiques envers le pouvoir. Pourquoi êtes-vous poursuivi, d’après
vous ? D’après la version officielle, je suis poursuivi pour apologie, incitation au terrorisme et aide matérielle. Pour moi, ce n’est qu’un alibi. Je pense que c’est la ligne éditoriale de Lakome qui a été ciblée, sa critique du pouvoir et de la chose politique au Maroc.
En 2009, lorsque j’étais directeur du journal Al Jarida Al Oula, j’ai publié un éditorial. J’y écrivais que dans les pays du Maghreb, il n’y avait pas de démocratie. Je parlais de la Libye, où il y avait un tyran arrivé au pouvoir sur un char, qui régnait depuis 40 ans. L’ambassade de Libye a envoyé une mise au point, où ils disaient que je ne connaissais pas l’histoire de la Libye. Ils m’ont envoyé des documents, dont le Livre Vert de Khadafi. Nous avons publié cette mise au point.
Mais deux semaines plus tard, il y a eu un procès sur une plainte du parquet marocain. Au tribunal, un avocat, représentant du leader de la révolution libyenne, a demandé des indemnisations : un milliard de centimes. Le juge lui a accordé un million de dirhams (environ 90 000 euros) et trois mois avec sursis. Vu la lenteur de la machine judiciaire, l’appel a eu lieu en 2011. Je n’ai même pas assisté à mon acquittement. J’ai été acquitté parce que Kadhafi a été renversé par son peuple révolté. Ce qui montre à quel point la justice au Maroc est indépendante !
J’ai commencé le journalisme il y a 25 ans et j’ai lancé mon premier journal indépendant en 2004. Depuis, on a toujours eu des problèmes avec le pouvoir : des procès, des interrogatoires de police, parfois juste pour nous demander quelles sont nos sources. Mais on n’a jamais voulu donner nos sources. Nous avons subi des campagnes de diffamation orchestrées par la presse officielle, des journaux et des sites privés, dont on ne sait qui est derrière.
En 2005, nous avions réalisé un sondage pour choisir l’homme de l’année. Comme nous n’avions pas les moyens de réaliser un sondage professionnel, nous avons contacté 100 personnalités marocaines et nous leur avons posé une question : qui est l’homme de l’année ? Nous leur avons demandé de donner trois noms. Nous avons recueilli les réponses et il s’est avéré que le roi était deuxième après Driss Benzekri de l’IER (président de l’instance Équité et réconciliation, décédé en 2007 – ndlr). Nous avons publié cela et nous avons été attaqués par la presse officielle. Les ministres et un conseiller du roi, qui avaient participé à ce sondage, nous ont aussi attaqués. Nous avons même été attaqués par Driss Benzekri. « Pourquoi avez-vous mis le roi en compétition ? » nous a-t-on dit.
En 2009, nous avons publié un article au sujet de la santé du roi. J’ai été condamné à un an de prison avec sursis et à une amende. Par la suite, nous avons vu tarir nos ressources publicitaires. Ils nous ont étouffés et on a été obligés de fermer le journal en 2010.
Avez-vous été surpris par votre arrestation en septembre dernier ?
Je m’y attendais un peu. Depuis l’année 2011, le début du printemps arabe, nous étions surveillés. Je savais que j’étais sur écoute, que les flics me suivaient. Il y avait aussi les voitures stationnées devant le journal, parce qu’au bureau, il y avait des militants, des journalistes étrangers, qui venaient pour travailler. Il y avait des va-et-vient. Mais je ne m’attendais pas à une arrestation aussi… hollywoodienne. Dix-huit policiers chez moi. Deux fourgonnettes et la voiture de leur chef. Tout cela à 7 h 15 du matin. J’ai ouvert la porte, je pensais que c’était des proches ou le concierge. J’ai vu une forêt d’hommes, j’ai compris que c’était eux. Un officier de police a poussé la porte : « Tu viens avec nous. » Je suis allé prendre ma douche froide, comme tous les matins. Les policiers m'ont dit qu'ils allaient faire une perquisition. J’ai répondu avec un proverbe : « Une fois qu’une chèvre est égorgée, ça ne lui fait pas mal qu’on lui enlève la peau. »
Quand je suis arrivé aux locaux de la police judiciaire à Casablanca, j’ai demandé à voir l’ordre du parquet. Une fois qu’ils me l’ont montré et que j’ai su pourquoi j’avais été arrêté, j’ai commencé à être plus à l’aise. J’ai commencé à répondre. J’étais sûr de mon innocence, je n’avais rien fait. J’avais juste publié un lien hyper-texte et nous avions précisé que c’était de la propagande. Ça a duré huit jours… Je n’ai jamais été insulté, ni maltraité.
Considérez-vous que vous étiez un détenu d’opinion ?
Ce n’est pas à moi de juger. Ce sont les ONG de défense des droits de l’homme qui m’ont qualifié ainsi. Ils ont vu que j’ai été arrêté pour mes opinions et mes articles critiques envers le pouvoir. Je pense que j’ai été arrêté pour la ligne éditoriale que nous adoptions à Lakome : professionnelle, indépendante, critique. Le rôle d’un journaliste indépendant, c’est d’être critique vis-à-vis du pouvoir et du gouvernement. C’est un contre-pouvoir, un quatrième pouvoir.
Quelles ont été vos conditions de détention ? Vous étiez incarcéré à la prison Salé 2, une prison réputée difficile.
Pendant les 39 jours de ma détention, j’ai été isolé. J’étais dans une cellule individuelle lorsque j’étais détenu dans les locaux de la police, et aussi à la prison. Salé 2 est une prison qui a été inaugurée en 2011. À Salé 1, une mutinerie avait éclaté chez les détenus islamistes, qui avaient occupé le toit et kidnappé des gardiens. Ils ont ensuite ouvert cette prison spéciale, où il y a des cas spéciaux : les gradés militaires, les islamistes, les Sahraouis de Gdeim Izik. Il n’y a que des cas spéciaux, et comme j’étais un cas spécial, j’étais bien entretenu (sourire). J’étais au cachot. C’était propre.
Ils ont repeint ma cellule après mon arrivée. Avant, il y avait des graffitis qui m'ont laissé deviner que des détenus islamistes étaient passés par cette cellule, et même un détenu de Guantanamo. Ma cellule faisait trois mètres sur trois. Je n’avais ni livre, ni journaux, ni radio. Il n’y avait rien ; je contemplais le vide. Pourtant, je ne suis pas une bête féroce.
Les charges qui pèsent contre vous sont lourdes. Pensiez-vous que vous alliez rester longtemps en prison ?
Ce dont j’étais sûr, c’est que j’étais innocent. Mais je ne pensais pas qu’ils allaient me libérer aussi vite.
Manifestation devant le parlement en septembre pour appeler à la libération d'Ali Anouzla. © IR
Je ne sais pas. Je pense que c’est dû à la mobilisation nationale et internationale, à la médiatisation de l’affaire, aux écrits dans des journaux respectés. J’ai toujours pensé que le pouvoir marocain était sensible à son image à l’extérieur. Lorsque cette image est atteinte, il réagit vite. La première fois que j'ai déposé une demande de liberté provisoire, le juge l'a rejetée. Ils ne voulaient pas me relâcher et céder à la pression. Ils s’attendaient à avoir une issue, en gardant une image intacte. L’issue, c’était peut-être mon communiqué.
Beaucoup de rumeurs ont circulé au sujet de ce communiqué. Avez-vous subi des pressions pour l’écrire ?
Non. Jamais ! Ils me connaissent bien : personne n’oserait exercer des pressions. J’étais constamment en contact avec mes avocats, qui m’apportaient ce qui était écrit à mon sujet, et lorsque j’ai lu les communiqués des partis, j'ai vu qui était contre moi. Il y avait une mobilisation en ma faveur, mais il y avait aussi un discours, qui consistait à me traiter de traître, d’espion, de tous les maux de la terre. Je devais par conséquent préciser ma position.
Dans ce communiqué, je dis deux choses. D’abord, que je ne soutiendrai jamais un acte ou un groupe terroriste. Ensuite, que je suis un journaliste professionnel et que je dois être traité comme un journaliste, pas comme un politicien ou un leader. Je ne fais que mon boulot et j’ai toujours été contre le terrorisme. Je pense que dans cette déclaration, ils ont trouvé une issue. Je n’avais pas pensé que ça serait le cas. Mon communiqué s’adressait à l’opinion publique.
Enfin, je disais aussi que comme j’étais en détention, je décidais de cesser la parution de Lakome dans sa version arabe, que je dirigeais, puisque je ne pouvais pas en assumer les responsabilités juridiques et morales. Je n’ai jamais parlé de sa version française, que dirigeait Aboubakr Jamaï. D’ailleurs, j’aimerais dire qu'Aboubakr a joué un grand rôle dans la mobilisation internationale (voir la vidéo ci-dessous, son intervention lors d'une soirée Mediapart sur la liberté de la presse organisée en septembre 2013 – ndlr). Nous sommes plus que des partenaires, nous partageons les mêmes idéaux, les mêmes valeurs : la défense de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté de la presse. Notre partenariat n’a jamais été matériel et commercial.
Votre libération a-t-elle été le résultat d’une négociation avec le pouvoir ?
Jamais ma libération provisoire n’a été l’objet d’une quelconque négociation. Je ne suis pas un journaliste qui met ses principes et ses convictions en marchandage, même lorsqu’il s’agit de la valeur suprême : la liberté. Ma libération est due à la grande mobilisation et au soutien des démocrates, des médias indépendants, des ONG crédibles au Maroc et dans plusieurs pays. Je tiens à leur dire un grand merci.
Pourquoi, d’après vous, la version francophone de Lakome a-t-elle été bloquée ?
On est hébergé sur le même serveur. La version française est un sous-domaine de Lakome arabe. Il y a aussi Lakome sport qui a été bloqué mais personne n’en a parlé !
Peut-on réellement parler de censure, puisque c’est vous qui avez demandé la suspension provisoire de Lakome ?
Le site a été fermé arbitrairement par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). Je ne leur ai pas demandé de bloquer le site. Je considère que c’est de la censure. J’ai demandé par deux fois la levée du blocage et j’ai reçu une réponse de l’ANRT, qui me disait d’aller en justice pour obtenir des « instructions » (sic) pour la levée du blocage. Mais comme il n'y a pas de décision de justice interdisant le site, comment puis-je voir avec la justice ? J'ai déjà écrit deux lettres à l'ANRT (en janvier et le 19 mars). La réponse a été défavorable. J'ai donc envoyé un courrier à la Primature (le chef du gouvernement est le président du conseil d'administration de l'ANRT – ndlr). Si la réponse du chef de gouvernement est négative, mon dernier recours sera la grève de la faim.
Vous avez récemment évoqué le lancement d’un nouveau site : Lakome 2.
Je continue de vouloir sortir Lakome. J’ai lancé Lakome 2 comme un défi, si j’arrive au bout des procédures contre les autorités qui ont bloqué Lakome et que je n’obtiens rien. Avec Lakome 2, nous gardons le même nom, qui est un label, une idée surtout, un symbole. Nous garderons la même ligne éditoriale. Il y a des journalistes qui ne peuvent pas travailler dans un autre organe, alors même que nous sommes des mauvais payeurs… J’ai moi-même passé un an et trois mois sans salaire. C’est du journalisme militant, au sens professionnel. On militait pour une ligne éditoriale professionnelle et indépendante. Je suis toujours convaincu par ce modèle de presse indépendante. Une presse qui n’est pas une presse officielle, de propagande ou de relations publiques. C’est un choix difficile à assumer et on l’assume.
Qu’en est-il des journalistes qui travaillaient pour Lakome ?
La plupart sont toujours au chômage. Ils étaient, comme moi, convaincus de leur choix. Je pense qu’aujourd’hui, on veut passer à un autre stade, c’est d’affamer les gens. On ne vous laisse plus de quoi vivre pour que vous abdiquiez. On ne va pas abdiquer, on va continuer. Après mon incarcération, on m’a fait des propositions. Certaines ONG respectées à l’étranger, notamment. J’ai refusé. J’ai toujours refusé toutes sortes d’aides, internes comme externes. À Lakome, on vivait de petits revenus de Google ads et, parfois, des pubs échappaient à la censure et on pouvait les avoir. Nous étions le troisième site le plus visité au Maroc.
Vos démêlés avec la justice ne se limitent pas à cette plainte pour apologie du terrorisme. Vous étiez, jusqu’à la semaine dernière, poursuivi dans trois affaires.
Aujourd’hui, je n’en ai plus que deux. C’est la première fois que je gagne, et contre le ministère de l’intérieur ! C’était une plainte pour diffamation pour des déclarations qui m’ont été attribuées au sujet de certains sites d’information. Je soupçonnais ces sites d’orchestrer une campagne de dénigrement contre moi. Et je soupçonnais les services d’être derrière. Pourquoi m’ont-ils attaqué ? Parce que j’ai écrit sur la monarchie, la question du Sahara, sur les droits de l’homme. J’ai donc pensé qu’il y avait une manipulation.
Il y a aussi le procès de Fès, le 26 avril prochain. Il s’agit d’une information publiée dans Lakome, qui s’est révélée être fausse. Nous avons publié des excuses et expliqué que ces informations, c’était un coup monté. Nous parlions d’une fusillade entre deux tribus qui aurait fait des morts. Un site local avait publié l’information. Le responsable du site a dit devant le procureur : « J’ai fabriqué cette information pour montrer que le site Lakome n’est pas professionnel. »
Ces difficultés ont-elles un impact sur votre façon d’exercer votre métier ?
Ça me prend du temps. À chaque fois, il faut passer la journée au tribunal. Ça pèse sur le moral, sur ma famille. Je ne me suis jamais autocensuré et j’ai toujours eu un franc-parler, un langage direct. J’ai un style à moi, je ne vais pas le changer. Je ne vais changer ni mes principes, ni ma ligne éditoriale.
Manifestation devant le parlement en septembre pour appeler à la libération d'Ali Anouzla. © IR
Pour moi, ça n’existe pas, les lignes rouges. Il n’y a pas une loi écrite, adoptée au parlement, ou dans la Constitution, qui instaure des lignes rouges.
Avec le recul, regrettez-vous d’avoir publié ce lien ?
Je l’ai dit, je n’ai fait que mon travail. J’avais une information au sujet d’une menace terroriste contre le Maroc. Je devais la publier. Je n’ai pas fait l’apologie du terrorisme. Ce que j’ai fait, cela relève du droit d’informer. Lorsque l’on dit qu’un tsunami arrive, on ne fait pas l’apologie du tsunami, mais c’est notre devoir d’avertir. Et si des malfaiteurs en profitent pour commettre des crimes, le gars qui l’a annoncé à la météo n’est pas complice, il n’est pas responsable.
Ignacio Cembrero a été sanctionné par sa rédaction pour avoir publié un lien vers la vidéo, suite à une plainte du gouvernement marocain. Quelle est votre réaction à cette décision d’El País ?
Tout d’abord, j’exprime toute ma solidarité à Ignacio Cembrero. C’est un grand ami et un journaliste professionnel. C’est aussi un grand spécialiste du Maghreb. Il aime le Maroc et les Marocains. Quelle que soit la décision de sa direction, c’est une grande perte pour son journal, pour ses lecteurs et pour le journalisme indépendant au Maroc. Je regrette néanmoins que l’administration d’un grand journal comme El País, qui était l’emblème de la transition démocratique dans son pays, abdique face aux menaces du gouvernement d’un pays qui vit toujours sous le joug de l’autoritarisme.
Il y a eu une affaire similaire à la vôtre, l'affaire Hasnaoui (le journaliste d’une publication salafiste condamné à trois ans de prison). Comment expliquez-vous cette recrudescence de procès où des journalistes sont poursuivis pour apologie du terrorisme ?
Avant l’affaire du journaliste blogueur Hasnaoui, à qui j’exprime toute ma solidarité et dont je demande la libération sans condition, il y a eu l’affaire d’un autre journaliste, Abdelhafid Sriti, qui a passé trois ans en prison, en vertu de cette fameuse loi de lutte contre le terrorisme, qui s’est transformée en alibi pour mater toute voix qui ne rentre pas dans la symphonie officielle. Il est grand temps de demander l’abolition de cette loi qui porte atteinte à l’État de droit.
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