Pillages, tirs, affrontements meurtriers: Bangui n’a pas retrouvé la
paix samedi, après la « démission » la veille du président Michel
Djotodia qui laisse la Centrafrique sans exécutif jusqu’à l’élection
d’un nouveau chef de l’Etat par le Parlement provisoire.
En fait, selon le quotidien français Le Monde, c’est la France qui a précipité le départ de Michel Djotodia.
Depuis, c’est la chasse aux musulmans à Bangui. Fuyant les violences
et le climat de haine, les étrangers établis en Centrafrique – Tchadiens
musulmans surtout mais aussi ouest-africains – continuent de quitter le
pays en masse. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM)
organise de nouveaux vols à partir de samedi pour évacuer dans un
premier temps 800 Tchadiens.
Au total, 60.000 immigrés africains ont demandé de l’aide à leurs ambassades respectives, selon l’OIM.
Samedi matin, au carrefour de la Réconciliation, au centre-ville, des
pillards vidaient des commerces après avoir défoncé les portes, ont
constaté des journalistes de l’AFP. Au moins deux personnes ont été
blessées par balle pendant ces pillages.
« Il y a des pillages depuis hier (vendredi). Ce sont les magasins musulmans qui ont été pillés dans le secteur », a expliqué Berson, étudiant à l’AFP.: « il
y a beaucoup de Séléka (ex-rébellion, soutien de Djotodia) dans le
coin. Il faut qu’on les désarme vite, sinon c’est un carnage », redoutait-il.
Mosquée démembrée
Des scènes similaires se déroulaient dans d’autres secteurs de la
capitale, quadrillée par les blindés français de l’opération Sangaris et
des détachements de la force africaine (Misca), ont constaté des
journalistes de l’AFP.
Au quartier Bimbo, dans le sud, un groupe majoritairement composé de
jeunes hommes vidait et démembrait une mosquée, emportant toiture et
briques. « C’est impossible de vivre avec des musulmans. On ne veut pas des Arabes en Afrique centrale », lançait un des pillards, Béranger.
Selon le président de la Croix-rouge centrafricaine, le pasteur Antoine Mbaobogolui, il y a eu « énormément de pillages » pendant la nuit. « Ceux
qui ont été pillés à l’arrivée des Séléka (en mars, à la prise du
pouvoir par M. Djotodia) pillent à leur tour. Pour eux, c’est le 14
juillet », a expliqué à l’AFP le pasteur.
Des tirs, entendus durant la nuit, ont fait au moins trois morts par
balle: un civil, un « anti-balaka » (milicien hostile à l’ancien
président) et un ex-séléka (combattant issu du mouvement de M.
Djotodia), selon la Croix-rouge.
Le président Djotodia, accusé par la communauté internationale de
passivité face aux violences inter-religieuses qui ont tourné en tueries
de masse, a démissionné vendredi à N’Djamena sous la pression des
dirigeants d’Afrique centrale qui l’y avaient convoqué pour un sommet
extraordinaire.
Trouver au plus vite un nouveau président
Désormais sans exécutif, puisque le Premier ministre de transition
Nicolas Tiangaye a lui aussi démissionné, la Centrafrique doit se
trouver – au plus vite a demandé la France qui souhaitait le départ de Djotodia – un nouveau président de transition. Comme à la bonne époque, qui n’est pas finie, de la Françafrique.
La tâche revient au Conseil national de transition (CNT, parlement
provisoire), composé de 135 membres nommés après la prise de pouvoir en
mars de M. Djotodia, issus des différents partis politique, du mouvement
Séléka, de la société civile et d’institutions publiques.
Le CNT doit ouvrir une session spéciale en début de semaine pour
élire le nouveau chef de l’Etat, une fois que la Cour constitutionnelle
provisoire aura constaté la vacance du pouvoir.
L’intérim, 15 jours au maximum, sera assuré par le président du CNT, Alexandre-Ferdinand Nguendet. « Nous
attendons que la Cour Constitutionnelle nous notifie la démission du
chef de l’Etat de transition. C’est à partir de cet instant que je vais
assumer la vacance (du pouvoir) » en vertu de la Constitution de transition, a-t-il expliqué vendredi à l’AFP.
Le nouvel élu aura la lourde tâche de pacifier le pays, de remettre
une administration totalement paralysée en état de marche et de
permettre aux centaines de milliers de déplacés de rentrer chez eux afin
de pouvoir organiser des élections générales, que la France souhaite
voir se tenir « avant la fin 2014″.
Demain avec AFP
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