Une centaine d'associations au total fêteront Yennayer au Maroc.©DR
Plus de deux ans et demi après la
consécration du berbère comme langue officielle au côté de l'arabe, de
plus en plus de voix au Maroc réclament ouvertement l'instauration d'un
jour férié à l'occasion du Nouvel an amazigh, célébré chaque 13 janvier.
Pour
fêter ce premier jour de l'année 2964, des rassemblements sont prévus
dans plusieurs villes du royaume, notamment à Rabat dès dimanche, selon
Mounir Kjji, un militant. Les autres manifestations se dérouleront
essentiellement dans des régions à forte composante berbère, comme
Agadir et Tiznit (sud-ouest), et seront l'occasion de cérémonies
festives. Mais elles constitueront également une opportunité de réclamer
la reconnaissance officielle de ce jour dans le calendrier,
remarque-t-il.
Le Maroc célèbre déjà le Nouvel An des calendriers lunaire (musulman) et grégorien, qui sont considérés comme des jours chômés.
En 2011, la nouvelle Constitution, adoptée dans le contexte du Printemps arabe, a permis de reconnaître pour la première fois le berbère, ou amazigh, comme langue officielle. Cette démarche doit encore être concrétisée par l'adoption d'une loi organique, qui tarde à voir le jour. Dix ans plus tôt, le roi Mohammed VI avait déjà marqué une première reconnaissance dans un discours historique prononcé à Ajdir (nord).
Si aucun chiffre officiel n'existe à ce jour, les associations affirment que la majorité de la population est d'origine amazighe. D'après un recensement de 2004, 8,4 millions de Marocains (sur plus de 30 millions) utilisent l'un des trois principaux dialectes berbères du pays (le tarifit, le tamazight et le tachelit). Ailleurs au Maghreb, les principaux foyers amazighs, dont la présence remonte à la période pré-islamique, sont en Algérie ainsi qu'en Libye.
Au Maroc, "nous voulons que le jour de l'an amazigh soit considéré officiellement comme jour férié, à l'instar des autres calendriers", confirme à l'AFP Meriem Demnati, une autre militante. "Avec la constitutionnalisation de l'amazigh, cette demande est légitime", ajoute Ahmed Boukous, recteur de l'Institut royal de la culture amazighe (Ircam), un organisme officiel créé après le discours d'Ajdir.
Mémoire collective
Pour les anthropologues, les sources historiques du Nouvel an amazigh, nommé "Yennayer", sont multiples et difficiles à établir avec exactitude. "Certains historiens le font remonter à l'accession du roi amazigh Chichong au trône pharaonique après sa victoire contre Ramsès III", avance Mostafa Ouachi, un archéologue expert du Maroc antique.
"Pour d'autres, il correspond à ce qu'on appelle au Maroc le calendrier agricole, fêté aux alentours du 13 janvier", poursuit cet enseignant de l'université de Rabat. "Cette fête marque la réappropriation de certains fondamentaux de la civilisation agraire, le retour à la terre nourricière", acquiesce Ahmed Boukous, tout en notant qu'il s'agit aussi d'une "réappropriation par les amazighs de leur mémoire collective".
"La dimension anthropologique et historique du Nouvel an amazigh a évolué vers la revendication politique", juge pour sa part le chercheur Ahmed Assid, plaidant également pour qu'il devienne "une fête nationale". La revendication reste toutefois "à formaliser", fait valoir le recteur de l'Ircam. En l'absence d'une telle démarche, il n'existe pour l'heure "aucune position officielle arrêtée sur le sujet", dit-il.
Au début du mois, le quotidien Libération a de son côté affirmé qu'une pétition avait été lancé par la jeunesse du Réseau amazigh pour la citoyenneté (Azetta). D'après le journal, une centaine d'associations au total fêteront Yennayer au Maroc.
En 2011, la nouvelle Constitution, adoptée dans le contexte du Printemps arabe, a permis de reconnaître pour la première fois le berbère, ou amazigh, comme langue officielle. Cette démarche doit encore être concrétisée par l'adoption d'une loi organique, qui tarde à voir le jour. Dix ans plus tôt, le roi Mohammed VI avait déjà marqué une première reconnaissance dans un discours historique prononcé à Ajdir (nord).
Si aucun chiffre officiel n'existe à ce jour, les associations affirment que la majorité de la population est d'origine amazighe. D'après un recensement de 2004, 8,4 millions de Marocains (sur plus de 30 millions) utilisent l'un des trois principaux dialectes berbères du pays (le tarifit, le tamazight et le tachelit). Ailleurs au Maghreb, les principaux foyers amazighs, dont la présence remonte à la période pré-islamique, sont en Algérie ainsi qu'en Libye.
Au Maroc, "nous voulons que le jour de l'an amazigh soit considéré officiellement comme jour férié, à l'instar des autres calendriers", confirme à l'AFP Meriem Demnati, une autre militante. "Avec la constitutionnalisation de l'amazigh, cette demande est légitime", ajoute Ahmed Boukous, recteur de l'Institut royal de la culture amazighe (Ircam), un organisme officiel créé après le discours d'Ajdir.
Mémoire collective
Pour les anthropologues, les sources historiques du Nouvel an amazigh, nommé "Yennayer", sont multiples et difficiles à établir avec exactitude. "Certains historiens le font remonter à l'accession du roi amazigh Chichong au trône pharaonique après sa victoire contre Ramsès III", avance Mostafa Ouachi, un archéologue expert du Maroc antique.
"Pour d'autres, il correspond à ce qu'on appelle au Maroc le calendrier agricole, fêté aux alentours du 13 janvier", poursuit cet enseignant de l'université de Rabat. "Cette fête marque la réappropriation de certains fondamentaux de la civilisation agraire, le retour à la terre nourricière", acquiesce Ahmed Boukous, tout en notant qu'il s'agit aussi d'une "réappropriation par les amazighs de leur mémoire collective".
"La dimension anthropologique et historique du Nouvel an amazigh a évolué vers la revendication politique", juge pour sa part le chercheur Ahmed Assid, plaidant également pour qu'il devienne "une fête nationale". La revendication reste toutefois "à formaliser", fait valoir le recteur de l'Ircam. En l'absence d'une telle démarche, il n'existe pour l'heure "aucune position officielle arrêtée sur le sujet", dit-il.
Au début du mois, le quotidien Libération a de son côté affirmé qu'une pétition avait été lancé par la jeunesse du Réseau amazigh pour la citoyenneté (Azetta). D'après le journal, une centaine d'associations au total fêteront Yennayer au Maroc.
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