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mardi 14 janvier 2014

Point hebdomadaire n°50 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc


Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point hebdomadaire n°50 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc, 14/1/2014

Les autorités marocaines ne tolèrent, décidemment, pas que les citoyens se prennent en charge eux-mêmes et expriment leur colère ou leur refus des situations, qui leur sont faites, à travers des sit-in ou rassemblements pacifiques. Si, à chaque occasion, les responsables marocains font montre au début d’une volonté de dialogue avec les organisateurs de ces manifestations, ils finissent toujours par recourir à la force pour les disperser. Chassez le naturel, il revient au galop !
Au cours de nos points hebdomadaires, vous l’aurez remarqué, nous avons signalé plusieurs cas où des mouvements de protestation populaire et pacifique finissent par être dispersés violemment et se soldent par plusieurs blessés et surtout par des arrestations et des poursuites judiciaires. C’est ce qui s’est passé par exemple à Ifni, à Assa, à Béni Bouayach, à Imider, à Tiflet, à Ksiba (Béni Mellal), etc. Dans tous ces cas, l’approche sécuritaire a été privilégiée et les forces de l’ordre n’ont pas fait dans le détail, ignorant totalement les règles élémentaires d’une dispersion de manifestants. Nous disons cela et nous avons en tête les derniers événements qui ont secoué Ait Melloul, non loin d’Agadir, à la fin du mois de décembre 2013. Au total, ce sont 159 ouvrier-ère-s de deux sociétés locales, Sotemac (matériel agricole) et Evero (conserverie de poison), qui ont été licencié-e-s pour avoir constitué un bureau syndical (affilié à la CDT). Pour se défendre et réclamer leur intégration, les ouvriers, soutenus par leurs familles et leur syndicat, ont organisé un sit-in tout en entamant un dialogue avec les directions des deux sociétés et les autorités locales. Le 26 décembre 2013 et sans aucun avertissement, les forces de l’ordre ont donné l’assaut faisant 27 blessés (une femme enceinte a eu son bras cassé, une deuxième a perdu son bébé et une troisième a eu une hémorragie en plus d’un coup porté à l’œil qui s’est infecté, etc.) et 24 arrestations dont 15 ont aussitôt été libérés. Les 9 autres sont poursuivis. Une comparution immédiate devant le tribunal d’Inzgane a eu lieu le 26 décembre 2013 et des condamnations lourdes ont été prononcées ce qui a plongé les autres ouvriers, les habitants d’Ait Melloul et leurs soutiens dans un désarroi total.
Nous reviendrons sur ce dossier pour signaler les noms des détenus et leurs condamnations. Mais, sachez d’ores-et-déjà que l’ASDHOM travaille avec d’autres associations amies de l’immigration marocaine à mettre en place une campagne internationale de solidarité avec ces ouvriers licenciés et pour réclamer la libération immédiate des détenus d’Ait Melloul.
Arrêtons-nous maintenant sur quelques informations relatives aux autres groupes de prisonniers politiques et d’opinion que nous suivons depuis novembre 2012, date du lancement de notre campagne de parrainage.

Groupe Imider-Mineurs : Nous restons toujours sans nouvelles des deux militants, Hamid Berka et Ichou Hamdan, enlevés à Imider et retenus dans les locaux de la police à Tinghir (point 49). Les participants au sit-in au mont Alban, organisé par le Mouvement sur la voie 96, ont eu la surprise d’avoir la visite éclair du gouverneur de Tinghir, le mercredi 8 janvier. Celui-ci, du haut de son 4x4, leur a intimé l’ordre de lever le sit-in après leur avoir lancé quelques menaces.

Groupe Ouarzazate-Microcrédit : Après plusieurs reports, Amina Mourad et Bennacer Ismaini, les deux coordinateurs du mouvement des victimes des dérives du microcrédit à Ouarzazate, ont été convoqués de nouveau devant le tribunal le 6 janvier 2014. Un nouveau juge a été nommé pour poursuivre l’affaire qui les oppose à l’organisme du microcrédit INMAA. Le procès a finalement été reporté au 28 janvier 2014. Plusieurs soutiens, notamment des victimes, venues des villages environnants (Agdz, Kalaât Mgouna, etc.) ont assisté au procès. Les représentants d’INMAA n’ont pas hésité à les menacer de prison si elles ne remboursaient pas leurs crédits.

Groupe UNEM : Le groupe de Marrakech, réparti sur les prisons de Tiznit (Aziz El-Bour, Mohamed Mouaden), de Safi (Hicham Meskini), d’Essaouira (Mohamed Ahrik), de Kalaât Sraghna (Boujamaâ Jamou), d’Ouarzazate (Brahim Najmi, Hamid Zadou, Mohamed Ouakkassi, Hamid Baghdadi, Abdelhaq Talhaoui), est à son 63ème jour d’une grève de la faim ouverte. Rappelons que ce groupe purge des peines allant de 2 à 3 ans de prison ferme pour avoir participé aux protestations estudiantines de 2012 au campus universitaire Kadi Ayyad de Marrakech.
S’agissant toujours des militants de l’UNEM, ce sont deux autres étudiants du courant politique la Voie Démocratique Basiste à Fès qui avaient rendez-vous avec la justice. Jilali Kosseiri a été enlevé à Taounate le 6 janvier et présenté devant le juge le 7 janvier. Le tribunal a reporté son procès au 2 février 2014. Quant à Rachid Amlah, poursuivi en liberté, a été convoqué par le tribunal de Fès le 7 janvier. Son procès a également été reporté au 2 mars 2014.

Groupe Sahraouis-Laâyoune-Dakhla : Le prisonnier politique sahraoui Mahjoub Oulad Cheikh, qui purge une peine de 3 ans, a été convoqué et interrogé par la police judiciaire dans les locaux de l’administration pénitentiaire de la prison de Laâyoune après une plainte déposée contre lui par l’un des fonctionnaires de ladite prison. Il s’étonne, et sa famille avec, de cette plainte parce qu’il estime qu’il y a là une inégalité de traitement. Alors qu’il avait déposé plusieurs plaintes contre ce même fonctionnaire pour mauvais traitements, c’est lui qui se retrouve accusé de violences.
Après 3 mois d’attente, un autre prisonnier politique sahraoui de la même prison, Atik Baray, a été transféré, le 7 janvier 2014, vers la prison locale de Dakhla. Rappelons qu’il avait été transféré une première fois, le 29 septembre (voir points précédents) de la prison de Dakhla vers la prison de Laâyoune pour pouvoir bénéficier de son procès en appel (Cour de cassation) de la première condamnation (3 ans) prononcée en 2011. Après deux reports (1er et 22 octobre 2013), la cour d’appel de Laâyoune a, finalement, confirmé le 19 novembre 2013 la première condamnation.

Groupe Liberté d’expression-Avocats-Journalistes : Le procès intenté au défenseur des droits de l’Homme, l’avocat Maître Mohamed El-Messaoudi, tenu le 27 décembre 2013 a, encore une fois, été reporté au vendredi 7 février 2014 (voir points précédents). Le bureau régional de l’AMDH-Casablanca a appelé à un rassemblement de soutien ce jour-là devant le tribunal d’appel.
La prochaine audience du journaliste Ali Anouzla devant le juge est prévue le 18 février 2014. Rappelons qu’il avait été arrêté le 17 septembre 2013 et remis en liberté provisoire le 25 octobre 2013. L’État marocain lui reproche des faits relavant de la loi antiterroriste de 2003. Sa poursuite judiciaire a suscité une large campagne de solidarité internationale à laquelle s’est jointe l’ASDHOM en le proposant au parrainage. Ali Anouzla a déposé le 10 janvier 2014 auprès de l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications au Maroc (ANRT), une demande de levée de la censure qui frappe son site Lakome.com depuis son incarcération.
Le journaliste Mustapha El-Hasnaoui, détenu à la prison centrale de Kénitra pour des faits également en lien avec la loi antiterroriste (point 49) et qui mène une grève de la faim depuis le 1er janvier 2014, a obtenu gain de cause, en tout cas en ce qui concerne ses conditions de détention. L’administration pénitentiaire a promis d’accéder à ses doléances. Reste la revendication principale et qui consiste en la révision de son procès, et ça c’est du ressort du ministère de la Justice ! Son comité de soutien animé par la LMDDH se félicite déjà de cette première victoire.

Pour clore ce point hebdomadaire, l’ASDHOM se félicite que soit mis fin, enfin, à la cavale de l’assassin, l’ex-commissaire de police, Mohamed Kharbouche, qui avait torturé jusqu’à la mort le citoyen Mohamed Ait Si Rahal dans un commissariat à Marrakech. L’ASDHOM avait soutenu sa femme, Zoubida Ait Si Rahal, une citoyenne résidant en France, dans sa quête de justice. L’assassin de son mari avait écopé de 10 ans de prison ferme et il a tout fait pour s’y soustraire.

Le bureau exécutif de l’ASDHOM
Paris, le mardi 14 janvier 2014


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