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samedi 21 décembre 2013

MONDE ARABE : Le palmarès des prisons de l’horreur

De l’Irak au Maroc, le site libanais Raseef22 dresse un portrait des geôles arabes les plus atroces
Les pays arabes ont en com­mun leurs prisons, où se retrouvent indistinctement criminels et opposants politiques. Voici un passage en revue des pires d’entre elles.

La prison de Kadhimiya, Irak. La prison d’Abou Ghraib avait attiré l’attention du monde entier [après la publication de photos montrant des soldats américains en train de torturer des prisonniers irakiens en 2004]. Pourtant, la prison de Kadhimiya, dans la banlieue de Bagdad, est pire. The New York Times disait que c’était “l’endroit où disparaissent les Irakiens”, et selon Navi Pillay, chargée des droits de l’homme pour l’ONU, les prison­niers y sont traités comme des animaux dans un abattoir. Quelque 1 400 condamnés à mort y attendent en effet leur exécution. L’Irak est un des pays au monde qui prononcent le plus de condamnations à mort.

La prison de Tora, Egypte
“Si vous voulez un interrogatoire discret, envoyez le prisonnier en Jordanie. Si vous voulez qu’il soit torturé, envoyez-le en Syrie. Si vous voulez qu’il disparaisse, envoyez-le en Egypte”, disait Robert Baer, ancien agent des services du renseignement américain. Il pensait à la prison de Tora, dans la banlieue du Caire. Depuis son ouverture, en 1928, elle a accueilli les opposants de tous les régimes. L’ancien président Hosni Moubarak [renversé par la révolution du 25 janvier 2011], ses deux fils Gamal et Alaa ainsi que de hauts responsables de son régime y sont également passés, avant qu’elle n’accueille aujourd’hui son successeur, Mohamed Morsi [destitué par l’armée le 3 juillet]. Moubarak se plaignait des conditions sinistres qu’il avait à y endurer. Pourtant, il ne pouvait pas faire semblant de les découvrir.

La prison de Jaw, Bahreïn
Bahreïn détient le record mondial de prisonniers par tête d’habitant. Et, selon le Centre bahreïni pour les droits de l’homme, c’est aussi le pays qui comprend la plus grande proportion de prisonniers politiques. La plupart d’entre eux croupissent à Jaw, dans la capitale, Manama, y compris des enfants de moins de 15 ans, en violation des chartes internationales.

La prison de Roumieh, Liban
Le ministre de l’Intérieur libanais Marwan Charbel lui-même estime qu’on ne devrait pas “retenir des gens dans un endroit pareil”. “Si nous ne disposons pas d’endroit approprié, alors il faut les libérer.” A défaut, a-t-il ajouté, “il vaut mieux les condamner à mort”. Roumieh abrite environ 3 000 prisonniers, le double de sa capacité d’accueil. La plupart sont des islamistes. Il y a eu des révoltes à répétition contre les conditions effroyables. En 2012, 4 pri­­sonniers sont morts quand les forces de l’ordre ont réprimé un soulèvement. La même année, 3 prisonniers islamistes se sont enfuis, et il a fallu un mois entier avant que les gardiens se rendent compte de leur disparition.

La prison de Kenitra, Maroc
La prison de Kenitra, à 25 kilomètres de la capitale, Rabat, est la plus grande du pays et celle qui abrite le plus grand nombre de condamnés à mort. L’ONG américaine The Avocats for Human Rights estime que la situation y est, “au mieux, catastrophique”. L’ONG y a également observé l’angoisse extrême qui est le syndrome des condamnés à mort souffrant de l’incertitude quant au moment et aux circonstances de leur mort.

La prison de Palmyre, Syrie
A partir de 1979, le régime syrien y envoie les prisonniers politiques “de première catégorie”. Selon Amnesty International, elle est synonyme “de sauvagerie, de désespoir et d’inhumanité”. Même le bâtiment “semble avoir été dessiné afin d’infliger un maximum de souffrances, d’humiliations et de peur”. Le pire épisode eut lieu en 1980, après la tentative d’assassinat de l’ancien président Hafez El-Assad. Les forces armées avaient alors reçu l’ordre d’exécuter tous les occupants. Le nombre exact de victimes n’est pas connu.—

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