L’Algérie enterre le Maroc
Riad, 4 Décembre 2013 |
Le rapport du département d’Etat américain sur la situation des droits de l’Homme au Maroc, tombe au mauvais moment pour l’émir du Makhzen. Dans l’embarras, le monarque du Maroc perd sa bataille devant l’Algérie et reconnaît que le dossier du Sahara traverse un moment pénible. Privé de son amie, l’ex- secrétaire d’Etat américain, Hillary Clinton, le roi Mohamed 6, est accusé de torture par le nouveau maitre de la diplomatie américaine, John Kerry.
La décision des Etats Unis de soutenir l’élargissement du mandat
des casques bleus au Sahara continue de retentir au Maroc. Le choc a été
brutal. Tout le monde, les autorités marocaines, les premières,
semblent avoir été pris de court, pourtant un faisceau d’éléments permet
d’expliquer logiquement le revirement américain. « Les négociations [à
propos de l'opération militaire African Lion 2013, ndlr] entre les
gouvernements des Etats-Unis et du Maroc continuent au niveau des
missions de l’ONU », indique, laconique, Rodney Ford, information
officer, au département des affaires publiques de l’ambassade des Etats
Unis à Rabat. L’onde de choc provoquée par la décision des Etats Unis,
le 9 avril, de présenter un projet de résolution élargissant le mandat
de la Minurso à la surveillance du respect des droits de l’homme n’a
toujours pas été absorbée.
Au Maroc, la nouvelle a créé la stupeur,
comme si personne ne s’y attendait. Quelques voix s’élèvent, pourtant,
pour assurer que non seulement le revirement américain est rationnel,
logique, voire que le Maroc aurait pu l’anticiper. La première clé de
compréhension c’est John Kerry. L’ancien candidat démocrate à la
présidentielle américaine de 2004 a remplacé Hillary Clinton au poste de
secrétaire d’Etat, le 1er février dernier. « On parle souvent de «
pouvoir institutionnel » dans les décisions internationales, mais il y a
aussi l’influence des personnes et les différents lobbying. Hillary
Clinton, la précédente secrétaire d’Etat américaine avait tenu à
préserver la relation des Etats Unis avec le Maroc, comme elle
reconnaissait aussi la présence administrative marocaine. Par contre
John Kerry, s’est toujours opposé à la position marocaine, il a toujours
prôné l’élargissement du mandat de la Minurso », explique Mohamed
Darif, spécialiste de la question du Sahara.
Un rééquilibrage de la politique américaine au Maghreb au profit de l’Algérie.
Il « avait préconisé, en tant que Président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, dès l’arrivée au pouvoir de l’Administration Obama en 2008, un rééquilibrage de la politique américaine au Maghreb au profit de l’Algérie. Il jugeait que les années Bush et Clinton ont largement favorisé le Maroc, sans apporter d’impact réel sur la situation politique au Sahara », rappelle Brahim Fassi Fihri, actuellement conseiller royal. Dès l’accession au poste de secrétaire d’Etat américain de John Kerry, nous avions ainsi indiqué que le Maroc perdait, avec Hillary Clinton, un allié sérieux aux Etats Unis, sur la question du Sahara. Du 24 au 31 août dernier, la fondation américaine a réalisé une mission d’observation au Sahara dont les résultats accablaient l’administration marocaine. « En s’intéressant au cas d’Aminatou Haïdar, la Fondation Robert Kennedy, a su sensibiliser une partie de la classe politique démocrate à la question de supposées atteintes généralisées des Droits de l’Homme au Sahara », estime Brahim Fassi Fihri.
Selon le site marocain Lakome.com, Christopher Ross, l’envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahara, aurait aussi convaincu John Kerry. Mi-mai 2012. Le Maroc avait, dès lors annoncé qu’il retirait sa confiance à Christopher Ross, mais devant le désaveu général (les Etats Unis et Ban Ki-Moon renouvellent leur confiance à Christopher Ross) le Maroc fait marche arrière, six mois plus tard. « Le cafouillage ayant conduit au retrait de la confiance par le Maroc de Christopher Ross lors de l’été 2012, a été considéré par l’administration américaine comme un affront pour leur diplomatie, estime Brahim Fassi Fihri.
John Kerry accuse le Maroc de violations des droits de l’Homme
Au-delà de l’offense personnelle qui lui a été faite par le Maroc, Christopher Ross, comme John Kerry et le reste de l’administration américaine, a assisté à la montée de la problématique des droits de l’homme au Sahara qui est intervenue plusieurs fois dans l’actualité récente du Maroc. Le procès du groupe de Gdeim Izik, des civils, s’est déroulé devant un tribunal militaire. Plusieurs associations des droits de l’homme ont dénoncé le déroulement du procès et les condamnations. L’envoyé spécial de l’ONU sur la torture au Maroc, Juan Mendez, a également recensé des actes de tortures dans les prisons marocaines, dans son rapport final rendu public au début du mois de mars. Dans son rapport, il note avoir « reçu des témoignages crédibles au sujet de pressions physiques et mentales exercées sur des détenus pendant les interrogatoires dans des affaires de droit commun et, plus particulièrement, dans des affaires touchant la sûreté de l’État. Ces témoignages sont largement corroborés par des rapports médico-légaux ». Ce n’est pas seulement une question liée au droit de l’homme, c’est aussi le résultat d’une défaillance généralisée de l’Etat marocain.
L’Algérie intéresse les USA plus que le Maroc
Dans ce contexte, les arguments de l’Algérie et du Polisario appelant à l’extension du mandat de la Minurso sont devenus plus palpables que jamais. Pour autant, la question des droits de l’Homme est régulièrement instrumentalisée et la véritable raison du revirement américain pourrait aussi se trouver dans leurs intérêts au Maghreb. Les intérêts américains au Maroc, sont largement inférieurs à ceux que les Etats Unis ont en Algérie. Il y a le gaz et le pétrole, bien sûr, des échanges commerciaux largement supérieurs avec l’Algérie. Depuis 2011, l’Algérie est une source d’information sur le dossier terroriste au Sahel car elle accumule des connaissances avec sa propre expérience nationale.
On rigole bien en haut lieu... |
Un rééquilibrage de la politique américaine au Maghreb au profit de l’Algérie.
Il « avait préconisé, en tant que Président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, dès l’arrivée au pouvoir de l’Administration Obama en 2008, un rééquilibrage de la politique américaine au Maghreb au profit de l’Algérie. Il jugeait que les années Bush et Clinton ont largement favorisé le Maroc, sans apporter d’impact réel sur la situation politique au Sahara », rappelle Brahim Fassi Fihri, actuellement conseiller royal. Dès l’accession au poste de secrétaire d’Etat américain de John Kerry, nous avions ainsi indiqué que le Maroc perdait, avec Hillary Clinton, un allié sérieux aux Etats Unis, sur la question du Sahara. Du 24 au 31 août dernier, la fondation américaine a réalisé une mission d’observation au Sahara dont les résultats accablaient l’administration marocaine. « En s’intéressant au cas d’Aminatou Haïdar, la Fondation Robert Kennedy, a su sensibiliser une partie de la classe politique démocrate à la question de supposées atteintes généralisées des Droits de l’Homme au Sahara », estime Brahim Fassi Fihri.
Selon le site marocain Lakome.com, Christopher Ross, l’envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahara, aurait aussi convaincu John Kerry. Mi-mai 2012. Le Maroc avait, dès lors annoncé qu’il retirait sa confiance à Christopher Ross, mais devant le désaveu général (les Etats Unis et Ban Ki-Moon renouvellent leur confiance à Christopher Ross) le Maroc fait marche arrière, six mois plus tard. « Le cafouillage ayant conduit au retrait de la confiance par le Maroc de Christopher Ross lors de l’été 2012, a été considéré par l’administration américaine comme un affront pour leur diplomatie, estime Brahim Fassi Fihri.
John Kerry accuse le Maroc de violations des droits de l’Homme
Au-delà de l’offense personnelle qui lui a été faite par le Maroc, Christopher Ross, comme John Kerry et le reste de l’administration américaine, a assisté à la montée de la problématique des droits de l’homme au Sahara qui est intervenue plusieurs fois dans l’actualité récente du Maroc. Le procès du groupe de Gdeim Izik, des civils, s’est déroulé devant un tribunal militaire. Plusieurs associations des droits de l’homme ont dénoncé le déroulement du procès et les condamnations. L’envoyé spécial de l’ONU sur la torture au Maroc, Juan Mendez, a également recensé des actes de tortures dans les prisons marocaines, dans son rapport final rendu public au début du mois de mars. Dans son rapport, il note avoir « reçu des témoignages crédibles au sujet de pressions physiques et mentales exercées sur des détenus pendant les interrogatoires dans des affaires de droit commun et, plus particulièrement, dans des affaires touchant la sûreté de l’État. Ces témoignages sont largement corroborés par des rapports médico-légaux ». Ce n’est pas seulement une question liée au droit de l’homme, c’est aussi le résultat d’une défaillance généralisée de l’Etat marocain.
L’Algérie intéresse les USA plus que le Maroc
Dans ce contexte, les arguments de l’Algérie et du Polisario appelant à l’extension du mandat de la Minurso sont devenus plus palpables que jamais. Pour autant, la question des droits de l’Homme est régulièrement instrumentalisée et la véritable raison du revirement américain pourrait aussi se trouver dans leurs intérêts au Maghreb. Les intérêts américains au Maroc, sont largement inférieurs à ceux que les Etats Unis ont en Algérie. Il y a le gaz et le pétrole, bien sûr, des échanges commerciaux largement supérieurs avec l’Algérie. Depuis 2011, l’Algérie est une source d’information sur le dossier terroriste au Sahel car elle accumule des connaissances avec sa propre expérience nationale.
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