Le
Front Polisario a appelé mardi le Parlement européen à revenir sur son
accord de pêche avec le Maroc, qu'il considère «en porte-à-faux» avec
ses principes fondés sur la justice, la liberté et le respect des droits
de l'homme.
«Nous lançons un appel solennel à l'adresse de l'UE, lui demandant de
revenir sur cet accord, approuvé mardi par le Parlement européen», a
indiqué à l'APS le représentant de la République arabe sahraouie
démocratique (RASD) auprès de l'Union européenne (UE), Mohamed Sidati.
Selon
lui, ce protocole «donnera également une forme de légitimation à
l'occupation marocaine du territoire, contribuant ainsi à prolonger les
souffrances du peuple sahraoui».
«Au contraire, l'UE doit
joindre ses efforts à ceux des Nations unies pour que soit parachevé le
processus de décolonisation au Sahara occidental, processus en butte à
la politique d'occupation, d'oppression et de répression des autorités
marocaines», a-t-il par ailleurs souligné.
Il appartient à l'UE
de «contribuer à la fin de la politique du fait accompli, politique
dangereuse pour la paix et la sécurité dans la région, et totalement
préjudiciable aux relations euromaghrébines», expliquera-t-il.
M.
Sidati a affirmé que le gouvernement sahraoui et le Front Polisario
«useront de tous les recours possibles pour obtenir l'invalidation d'un
tel accord pour que réparation soit donnée à notre peuple spolié de
ses richesses», alors que, selon l'avis consultatif de la Cour
internationale de justice de 1975 et l'avis juridique donné en 2002 par
le sous-secrétaire général aux affaires juridiques de l'ONU, le Maroc
n'exerce ni souveraineté, ni administration légale au Sahara
occidental. Il s'agit d'une puissance occupante qui a envahi les
territoires sahraouis militairement il y a 38 ans.
Des positions européennes à saluer...
Le
représentant de la RASD auprès de l'UE a tenu, toutefois, à saluer les
eurodéputés qui ont voté contre cet accord et pour le respect de la
légalité internationale et du droit du peuple sahraoui de disposer de
ses richesses.
«Il y a lieu ici d'exprimer une reconnaissance
particulière aux eurodéputés qui ont fait connaître par leur vote le
rejet de cet accord inacceptable», a-t-il dit, saluant, dans ce
contexte, «les positions des gouvernements de Suède, du Danemark, du
Royaume-Uni, des Pays-Bas et de Finlande, qui tous ont refusé de
cautionner un tel accord, par respect des règles du droit
international».
Concernant les violations des droits de l'Homme
dans les territoires sahraouis occupés, M. Sidati a rappelé que «le
récent rapport de Charles Tannock, relatif à la région du Sahel et au
Sahara occidental, approuvé par le Parlement européen le 22 octobre
2013, reconnaît que les autorités marocaines ont arrêté des personnes
sur des bases politiques qu'elles ont soumis des prisonniers sahraouis à
la torture et au viol».
Le même rapport révèle également que
les autorités marocaines «ont kidnappé des manifestants puis les ont
abandonnés dans le désert pour les intimider, qu'elles ont délibérément
et fréquemment ciblé des militants pro indépendance, les poursuivant
jusque dans leur maison».
Ce rapport exprime, en outre, le
souhait que l'UE ne reconduise pas l'accord de pêche avec le Maroc
«tant que la question du Sahara occidental ne sera pas résolue».
Alors que ce mardi, coïncidant avec la Journée internationale des
droits de l'Homme, et au terme d'un débat âpre entre partisans de la
légalité et du droit international et tenants de l'exploitation des
ressources naturelles du Sahara occidental sans le consentement de son
peuple, le Parlement européen réuni en séance plénière a voté le
nouveau protocole d'accord de partenariat de pêche UE-Maroc.
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