Par Badr Soundouss, 9/12/2013
Omar Louzi après une précédente agression (Photo DR) |
Omar Louzi, un militant amazigh de Rabat, a été
agressé et dévalisé par une personne qu’il pense être un membre des
services secrets marocains.
Cette agression dont les auteurs n’ont jamais été retrouvés a eu lieu après sa rencontre
avec un journaliste américain (voir communiqué ci-bas).
Plus que l’atteinte à son intégrité physique, il est certain que
cette agression avait comme finalité de prendre possession de l’appareil
photo et de l’ordinateur de M. Louzi pour savoir ce qui a été dit au
journaliste américain durant l’interview. C’est une méthode pratiquée depuis belle lurette par la DST, la police politique marocaine.
Généralement, les agents de la DST forcent les employés des hôtels
marocains où logent leurs cibles, souvent des journalistes, à ouvrir
leurs chambres durant leur absence. Mais quand ce n’est pas possible,
quand la cible prend ses précautions et ne laisse rien dans sa chambre,
la « brigade des cambriolages » de la DST, formée par
des voyous des bas fonds, procède au vol de l’appareil photo, de
l’ordinateur ou de l’enregistreur vocal en pleine rue. En sachant
qu’elle bénéficie de l’impunité que lui confère sa condition de police
de « Sidna ».
C’est ce qui est arrivé à Omar Louzi. Cambriolé, il a été mis à la
porte d’un commissariat de police après avoir voulu dénoncer le vol et
l’agression. Informé, le ministère de la justice préfère regarder
ailleurs. La DST est une police qui ne dépend d’aucun ministère.
Des dizaines de journalistes étrangers se rappellent avoir eu la
mauvaise expérience de se retrouver nez à nez avec un homme qui s’était
introduit dans leurs chambres et qui manifestement n’était pas un
employé de l’hôtel.
La journaliste française Catherine Graciet, auteur du best-seller « Le roi prédateur », a vécu cette expérience il y a quelques années. Et Plantu, le célèbre caricaturiste du quotidien Le Monde, ne
s’explique toujours pas comment un inconnu a pu lui dérober son
appareil photo à quelques mètres d’un imposant dispositif sécuritaire.
C’était en 2003 à Rabat.
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Rappel :« Le Makhzen et ses sbires m’ont de nouveau agressé »
Ce lundi 2 décembre 2013, après avoir fini une rencontre avec un journaliste américain qui m’avait interviewé sur mon rôle en tant que président du Comité marocain de soutien à Barack Obama, je me suis dirigé vers le restaurant Gusto del sol, situé sur l’avenue Patrice Lumumba, à Rabat. Il était 23h. Arrivé devant la porte du restaurant, les deux gardes de sécurité m’ont demandé de laisser à l’entrée mon sac à dos professionnel. J’ai naturellement refusé en expliquant qu’ils avaient le droit de vérifier le contenu de mon sac mais pas de le garder. Ils ont vérifié le contenu et m’ont m’autorisé à entrer.
Dix minutes plus tard, ces deux gardes accompagnés par une troisième personne, étrangère à l’établissement, et apparemment membre des services, vu la manière dont il était craint par les deux autres, ont fait irruption à l’intérieur du restaurant. Ils m’ont intimé l’ordre de les suivre. J’ai obtempéré sans aucune résistance.
Arrivé au hall du restaurant, ils m’ont collé contre le mur et m’ont copieusement insulté en me reprochant tantôt mon activisme amazigh tantôt mes nombreuses rencontres avec des journalistes étrangers. Ce qui me donne à penser que les agresseurs appartiennent à l’un des services de répression. Et qu’ils étaient là pour m’intimider.
J’ai naturellement refusé de répondre à leurs provocations en leur rappelant qu’ils étaient entrain de commettre un délit.
Ensuite, ils m’ont enlevé mon sac qui contenait une caméra professionnelle, un ordinateur portable de marque Toshiba, mon téléphone portable, une copie du dossier remis au journaliste américain sur mon rôle en tant que président du Comité marocain de soutien à Barack Obama, mon passeport, ma carte d’identité, les clés de ma voiture et celles de ma maison, ainsi que la somme de six mille dirhams que j’avais pris soin de retirer de mon compte afin de les remettre le lendemain à une association caritative active dans le Haut Atlas.
Je me suis alors rendu au commissariat central pour déposer plainte. J’ai trouvé à la permanence de nuit le commissaire Alaoui qui m’a donné l’impression d’être au courant de ce qui m’était arrivé. (…).
J’ai demandé qu’on prenne ma déposition et qu’on procède à l’arrestation de mes agresseurs. La réponse du commissaire Alaoui a été de me faire attendre trois heures. Après, il est venu me voir pour me dire qu’il avait reçu comme instructions de ne pas prendre ma déposition. Je lui ai rappelé que c’était illégal. Sa réponse a été : « Sir tqawwad a Chle7 ». Il ordonna alors aux policiers de me jeter dehors.
Je me suis dirigé vers le siège de la DGSN pour protester contre les agissements du commissaire Alaoui. Arrivé devant le siège de la flicaille, on m’a informé que personne n’était disposé pour me recevoir.
Je suis reparti en direction de la gare du train. Le hasard a fait que je croise une personne que je connaissais et qui devait prendre le train pour Marrakech. Il m’a avancé l’argent nécessaire pour prendre un taxi et rentrer chez moi.
Le lendemain, mardi 3 décembre, je me suis présenté au ministère de la justice pour rencontrer le ministre Ramid, que je connais personnellement pour avoir été avec lui dans de nombreux comités de défense des droits humains avant qu’il ne devienne ministre. C’est son conseiller Ahmed Najib qui m’a reçu. Il a été courtois et m’a assuré qu’il allait transmettre mes doléances au ministre. Il m’a promis que les agresseurs allaient être punis quelque soit leurs rangs. J’attends toujours.
J’ai dû rappeler au conseiller du ministre que les méthodes de mes agresseurs ne m’impressionnent pas et que la famille Louzi a déjà payé un lourd tribut pendant les années de plomb. Mon père Haddou Louzi a été condamné à mort par Hassan II et mon oncle Bassou Louzi est mort sous la torture dans le bagne d’Agdz en 1973. Le régime de Hassan II a confisqué les biens de mon père d’une valeur de deux milliards de centimes. Et Mohammed VI n’est toujours pas disposé à nous rendre nos biens.
C’est la troisième agression que je souffre en l’espace d’une année (…).
Omar Louzi est le président du Festival international du film
sur les droits humains, président de l’Institut Massinissa des études
stratégiques et consultant des Nations unies pour les droits des peuples
autochtones
URL courte: http://www.demainonline.com/?p=28436
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