Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

jeudi 31 octobre 2013

Anfgou, ou quand la mort porte un nom !






enfant-anfgouL’hiver vient encore frapper aux portes de ces maisons qui semblent sortir de la préhistoire. Non, c’est bien en 2013 que cela se passe, un rituel macabre que tout le monde a fini par accepter en se pliant à la volonté du divin…et les autres.
Le village commence à s’endormir comme à son habitude en cette période de l’année. L’été a plié ses bagages amenant avec lui les quelques rayons de soleil qui éclaircissaient cette contré, lui permettant de respirer la vie. Il a déserté avec la même discrétion que son arrivé il y a plusieurs mois de là. Les oiseaux se font de plus en plus rares et leurs chants de plus en plus discrets, marquant le recommencement de cette perpétuelle danse avec la mort. La douleur n’a plus de mots qui puissent la supporter. Ainsi, le village n’a qu’à regarder le silence prendre possession des lieux, préparant les âmes à accueillir cet autre invité qui n’est que le vent portant avec lui les prémices d’un hiver qui ne tardera à venir reconquérir les cœurs et les corps. Renouveler son pacte avec la mort, comme il a toujours fait depuis le premier jour de la création.
Les portes des maisons s’ouvrent de moins en moins. Les enfants qui étaient l’âme du village ont été avalés par la nuit et la froideur des lieux. Le froid commence à caresser le visage de cette montagne marquant ainsi l’extinction de toute aspiration à la vie pour un moment….Seuls les sifflements du vent osent briser ce silence qui emprisonne les âmes. Le ciel s’est vêtu en habille de l’hiver décorant l’horizon avec des nuages grisâtres portant avec eux le poids et la solitude de souvenirs abandonnés sur la route de tant de vies délaissées….
Les rayons du soleil essayent de se faire un chemin vers ces contrées, mais en vain, la nuit les a déjà prises dans ses bras. Les arbres ont vieillie sans avoir réussi à dissuader les cygnes de partir et abandonner leurs nids aux corbeaux venus avec la tempête. La saison des sacrifices ne tardera pas à commencer. L’eau coule dans les ruisseaux creusant des rides sur le visage de cette terre qui saigne dans le silence sans que personne n’y prête attention. Des chemins désertés rappelant le souvenir d’une vie  qui s’était installée ici. Les autres attendent le destin tranché sur les vies qui ont à rejoindre la solitude de ce cimetière qui les guettent du haut de cette colline.
anfgou
Le berger a disparu avec la nuit. On n’entend plus le bruit des bêtes, ni les aboiements des chiens. Les chants de femmes qui remplissaient l’horizon de cette montagne se sont évanouis avec le coucher du soleil. Tout le monde semble faire le deuil de cette été qui a déserté, pour qu’ensuite pleurer ce qui a à pleurer. Ils ne sont pas pressés, ils savent qu’ils ont de longs mois devant eux pour apprécier cette pièce de théâtre écrite par la mort et dont les acteurs sont ces êtres abîmés par la vie. Leurs âmes meurtries, elles, continueront à hanter les obscurités de cette montagne maudite dont personne n’ose même pas prononcer le nom.
Anfgou, cette existence de malentendu. A force que le ciel et les mortels ignorent ton existence, la mort s’est prise de pitié pour toi. Celle-ci ne se prive pas de te rendre visite, te porter secours dans ta douleur en s’occupant de récolter les âmes de tes enfants pour leur épargner l’enfer d’une existence subite dans la violence et le mépris d’un monde qui se satisfait à lui-même. L’hiver frappe encore sur tes portes. Maintenant tu sais à quoi t’attendre, tu as pris l’habitude de ce rituel à ce que je sache. Pour te dire, qu’il ne te sert à rien de pleurer aux yeux du monde. De toute façon personne ne t’écoutera, ni viendra essuyer les larmes de tes enfants. Mais tu peux toujours pleurer tes morts en silence, le cimetière est souvent plus miséricordieux que ceux que tu attends chaque année dans l’espoir qu’ils te prennent en pitié. Tu as oublié que la pitié s’est arrêtée sur la route en venant vers toi. Le chemin était trop long pour elle, et la neige a déjà pris possession des lieux. Seule la mort aura à te tendre encore la main cette année, comme elle a toujours fait. L’étendue de cette montagne saura, elle aussi,  accueillir tous ces corps qui ont envie de se reposer en paix. Le silence est aussi là pour parfaire le décor de cette tragédie qui est la tienne.
Anfgou, toi et tes habitants, tu as encore un long chemin à marcher dans l’ombre de la mort. L’enfer, lui, t’apportera sa clémence en perpétuant la tradition de ton abîme. Il ne te sert à rien de contempler l’horizon dans l’espoir de voir les gens de cette lointaine capitale venir panser tes blessures. Ils ne savent même pas te situer sur la carte. Par contre, on viendra prier sur tes morts, comme à chaque fois, et se dire que c’est la volonté de Dieu tout puissant. Comme toujours, le ciel aura à nous récompenser pour notre patience dans l’au-delà.  De toute façon, il n’y a rien à faire ici-bas. Le paradis te sera ouvert. En attendant, tu peux pleurer tes morts sur la rive de cette vie qui tire sa révérence. La nuit, elle, viendra habiter tes entrailles et te forcer à marchander le peu d’espoir qui te reste de voir tes enfants fleurir avec le printemps qui t’a déserté depuis toujours. La mort aura toujours à te tenir compagnie, alléger tes souffrances en récoltant les âmes épuisées par le temps et les vents de l’hiver….
C’est dire que la mort a une conscience…. !
PS: Je tiens à saluer le travail des associations humanitaires qui font de leur mieux pour venir en aide à ces populations ( Anfgou et autres). Cependant, le travail de ces gens ne doit pas nous faire oublier que les autorités publiques doivent prendre leurs responsabilités en ayant à mettre en place des projets et des infrastructures pouvant permettre à ces populations de sortir de leur isolement….Pour que ce genre de tragédies s’arrête une fois pour toute…. 




Non Hassan, je ne suis pas d accord avec toi, ce n est pas tout le monde qui s’habitue à ses extinctions de vies. Il y a des caravanes qui s’organisent, avec modestie j’en ai organisé une, et actuellement nous sommes présents aussi dans d' autres villages, car voyant la médiatisation beaucoup  se sont organisés pour Anfgou, alors que des Anfgou il y en a dans tout l' Atlas. 
J’adore toujours de la même manière tes écrits et je me joins encore à toi pour dénoncer encore et encore ce qui n’est plus acceptable, tolérable.

Merci chère Rita…J’ai écrit ce texte comme ça pour trancher et interpeller…Je sais que c’est très cru comme façon de faire, mais c’est la pure réalité. Je ne parle pas des associations et des gens qui font de leur mieux pour venir en aide à ces populations. Je me prosterne devant toute personne ayant fait un geste même infime en ce sens. Je parle de l’establishment de la capitale. Cette région ( j’ai pris Anfgou juste comme exemple, mais je parle au passage de toutes les autres contrées perdues au fin fond de ce Maroc à l’agonie), cette région a besoin de vrais projets de développement, d’infrastructures, de médecins, etc…Et quoi que les associations fassent, elles ne seront jamais capable de sortir ces populations de leur dure réalité……Je déplore le fait que l’Atalante se cache derrière les convois humanitaires pour tirer la couverture vers elle et dire à ces gens que c’est grâce aux autorités qu’ils ont pu bénéficier de ces aides….Il faut une politique de développement à long terme pour que ces populations puissent vivre en dignité et puissent se considérer des citoyens à part entière…..C’est pour cela que je souligne bien : TOUT LE MONDE S’HABITUE….car même l’Etat s’est habitué à ce que les associations essayent de faire le travail à sa place…mais sans les moyens qui vont avec ce genre de chantiers….
Merci pour tout chère Rita.
H. Oumada 
---------------------------------------------------------------------------------
Par Salah Elayoubi, fb
 
Depuis quelques jours circulent des photos de "Machin VI", en chemisette bariolée. 

Puis les journaux ont pris le relais pour nous parler de notre ami en voyage à Abou Dhabi en tenue décontractée.
Tout le monde s'en fout royalement si je pouvais m'autoriser ce jeu de mot !
Voyons plutôt comment s'habillent les petits malheureux d'Anfgou, d'Azilal, d'Imider, d'Ifni, de Taza et d'ailleurs, à présent que pointe l'hiver et que de nouvelles catastrophes faites de morts, de misère, d'enclavement et de détresse se préparent, dans l'indifférence totale de celui pour lequel on a cru devoir usurper le titre de "Roi des pauvres".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire