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samedi 2 novembre 2013

Algérie-Maroc : L'éternel western


Algérie-Maroc : L'éternel western

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Par S. Mesbah, Ad. Meddi et H. Faten , 1/11/2013

La visite de John Kerry, les tensions internes, l’extension des prérogatives de la Minurso... L’Algérie et le Maroc ont toutes les raisons de réactiver une vieille querelle.

L’Algérie gardera ses diplomates au Maroc.Et «forme le ferme espoir que cet épisode malheureux dans le cours des relations algéro-marocaines pourra être contenu dans sa juste dimension et être rapidement dépassé». Après l’escalade verbale de ces dernières semaines et le rappel par Mohammed VI, mercredi, de son ambassadeur à Alger, l’heure semble être à l’apaisement. «L’ambassadeur va bientôt rentrer, assure l’ancien ministre et ambassadeur Abdelaziz Rahabi. 
Sur le dossier du Sahara occidental, les Marocains ont toujours joué la politique de la tension. Le roi a rappelé son ambassadeur juste le temps de gâcher la visite de Kerry dans la région (début novembre, ndlr). Au lieu de se focaliser sur ce qui nous intéresse, nous, Algériens, c’est-à-dire la lutte contre le terrorisme, les discussions vont se recentrer autour du Sahara occidental.»
 L’ancien diplomate, professeur en Sciences politiques, Ahmed Adimi, s’étonne toutefois que le Maroc réagisse «à une position connue de l’Algérie depuis 1976, et que ce regain de tension intervient quelques jours après une intrusion marocaine sur le territoire algérien et après les déclarations des Algériens des derniers jours. Cela me laisse penser à une mise en scène opérée par les deux régimes pour des raisons internes». C’est aussi l’avis du journaliste et opposant marocain Ali M’rabet, directeur de la publication Demain. «Je crois que ça a un rapport avec notre cuisine interne - crise économique avec augmentation prochaine de 20% de la TVA sur les produits de première nécessité, récent remaniement du gouvernement - parce que quand on tape sur l’Algérie, il y a tout de suite un consensus national

Pressions

Les Marocains seraient aussi très nerveux à cause du projet d’extension de la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme. «D’autant que cette question revient de manière de plus en plus insistante et qu’elle leur pend vraiment au nez», précise Ali M’rabet. Othmane Mazouz, chargé de la communication du RCD, estime aussi que si «les relations algéro-marocaines ont tout le temps été marquées par des attitudes irresponsables, les raisons sont d’ordre politique et historique et elles sont intimement liées à la nature des deux régimes. Il est habituel qu’à chaque fois que des enjeux internes minent les équilibres des deux régimes, on verse dans la manipulation et l’instrumentalisation pour détourner les opinions publiques de leur destin.» 
Hasard ou coïncidence, hier, Al Haqiqa (Vérité), un collectif regroupant des associations marocaines des droits de l’homme activant en Europe, a déclaré vouloir rouvrir prochainement au Parlement européen le débat sur les «disparitions forcées» au Maroc. Pour Mohamed Hadibi, député du parti Ennahda, «cette guerre politico-médiatique» serait surtout «provoquée par des étrangers afin de soumettre l’Algérie à des pressions qui leur permettront d’acquérir des positions plus importantes dans la région».  Du député FLN Abdelwahid Bouabdallah au général-major à la retraite Abdelaziz Medjahed, les Algériens sont nombreux à penser, pour des raisons différentes, qu’il ne faut pas entrer dans le jeu marocain. «Il ne faut pas suivre le makhzen sur cette voie de la provocation, estime Medjahed. Car il tente d’entraîner l’Algérie dans une politique qui n’est pas la nôtre.»

Rivalités

Pour Naoufel Brahimi El Mili, enseignant à Sciences-po Paris, cette altercation révèle surtout un nouveau terrain d’affrontement des deux pays : l’Afrique. «Ce n’est pas un hasard si la déclaration du président Bouteflika s’est faite à Abuja, analyse-t-il. Ce qui gêne les Marocains, c’est l’axe Alger-Pretoria. L’Afrique du Sud est un acteur majeur sur le continent, son alliance avec l’Algérie gêne le Maroc.» Un proche du pouvoir confirme que cette rivalité n’est pas un mythe. Et de prendre en exemple l’investiture du président malien Ibrahim Boubacar Keïta en septembre dernier. «Mohammed VI est arrivé en force, il est resté trois jours, a payé le grand dîner. Les Algériens, qui n’avaient envoyé que Sellal, l’ont vécu comme une gifle.» Mais pour un autre analyste algérien, «le Maroc est présent en Afrique depuis si longtemps que les velléités algériennes ne risquent pas d’empêcher le roi de dormir. Le roi Mohammed VI a déjà fait trois visites en Afrique, Bouteflika, aucune. Par ailleurs, la déclaration de Lamamra, qui annonce ‘‘le retour des Algériens sur la scène africaine’’ est extrêmement maladroite, elle donne l’impression qu’ils ne s’y intéressaient plus depuis longtemps.»
Est-ce que cela compromet les réunions de consultations qui se tiennent régulièrement entre les deux pays ? «Non, je ne pense pas, car ces réunions sont tenues par des techniciens, avance l’ancien ministre et ambassadeur Kamel Bouchama, mais tout de même, cela contribue à distiller de la méfiance de part et d’autre.» Pour la politologue Louisa Dris Aït Hamadouche,  on ne peut, de toutes manières, pas parler de coopération économique. «Les deux économies sont très différentes, elles ne sont pas complémentaires.» Les deux pays ont, conclut le sociologue marocain Mehdi Alioua, intérêt à trouver un terrain d’entente. «Car aucun des deux ne s’entendent sur les zones sahariennes alors qu’elles sont extrêmement vulnérables.» Et de garder bon espoir : «Aujourd’hui, on hérite d’un problème, des querelles de vieux généraux, qui se résoudra que lorsqu’ils disparaîtront.»

Vu du Maroc :

Selon Driss Lachgar, «l’attitude hostile de l’Algérie envers le Maroc n’est pas surprenante» car «encore prisonnière d’une conjoncture qui remonte aux années 1970 », a affirmé hier le premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP). «Ce que l’Algérie a exprimé tant à Abuja, à travers sa presse ou au niveau de son comportement populaire ou officiel, ne nous a aucunement surpris au sein de l’USFP, car cette hostilité dure depuis plusieurs années déjà», a-t-il ajouté.
De son côté, le parti du Mouvement populaire (MP) a fait part de son rejet total «des vaines tentatives du régime algérien d’exporter ses problèmes, ses échecs et la défaillance de sa direction vers le Maroc». Le Front des forces démocratiques (FDD), quant à lui, a condamné «l’hostilité manifeste envers le Maroc, clairement exprimée par le président algérien dans son message adressé à une réunion à Abuja, et ce, après avoir passé des années à comploter dans les coulisses. Le contenu provocateur de ce message «confirme la position officielle d’Alger, à travers la plus haute autorité du pays, en tant que partie prenante à ce conflit artificiel autour du Sahara marocain», a estimé le secrétariat général du parti dans un communiqué.
Faten Hayed

Diplomatie : les degrés du désaccord

Cette illustration, qui montre la façon dont évolue un désaccord entre deux pays, ne fait l’objet d’aucun règlement écrit, elle est le résultat d’une pratique internationale.
4e degré
Rupture diplomatique, la guerre est déclarée.

3e degré
L’ambassadeur du pays A est rappelé pour une plus longue durée. Et au lieu de nommer un chargé d’affaires par intérim, un chargé d’affaires «sur pied» est détaché dans le pays B.

2e degré
Le pays A rappelle son ambassadeur en pays B pour une consultation. La durée de cette consultation est un indice de la gravité du mécontentement du pays A. En général, cette étape est suivie de discours d’apaisement des deux côtés et l’ambassadeur revient dans un délai raisonnable, entre un mois et un mois et demi. Pendant ce temps, le pays A envoie au pays B un chargé d’affaires par intérim.

1er degré
Un pays A appelle l’ambassadeur du pays B, qui se trouve sur son territoire, pour des explications.

S. Mesbah, Ad. Meddi et H. Faten 
 http://www.elwatan.com//actualite/algerie-maroc-l-eternel-western-01-11-2013-233382_109.php

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