Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°40 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au
Maroc, 2/11/2013
Nous sommes à deux semaines de la
soirée du 16 novembre qui sera
entièrement consacrée à la campagne internationale de parrainage que l’ASDHOM a
lancée l’année dernière en faveur des prisonniers politiques et d’opinion se
trouvant derrière les barreaux des prisons marocaines, victimes de violations
des droits.
Nous devons ensemble faire de
cette rencontre un moment fort de la vie de cette action solidaire qui est,
malheureusement, condamnée à se poursuivre tant les exactions et les atteintes
aux droits élémentaires au Maroc sont nombreuses et ne cessent de jeter des
victimes en prison.
Cette soirée sera aussi l’occasion
pour nos parrains et marraines de nous faire part de leurs expériences, de leurs
échanges avec leurs filleuls et de nous dire le soutien et le réconfort
nécessaires que cela procure à quelqu’un qui se trouve privé de sa
liberté.
D’ici à là, nous continuons de
faire le suivi de cette campagne comme nous l’avons toujours fait chaque
semaine. Voici quelques informations que nous avons reçues cette semaine
relatives aux groupes de nos listes publiées sur notre site www.asdhom.org
Groupe
Ifni-Prison d’Aït Melloul : Le prisonnier politique
Mohamed Amzouz observe une
grève de la faim depuis lundi 28 octobre
2013 pour dénoncer les conditions inhumaines de sa détention et ce,
malgré les promesses faites par l’administration pénitentiaire de la prison d’Aït Melloul. Rappelons que Mohamed
Amzouz, militant de l’AMDH, de l’ANDCM, du PSU et membre du secrétariat local
d’ATTAC, a été arrêté en juin dernier (voir
points précédents) à Tiznit pour sa participation active aux mouvements de
protestation qu’a connus la ville d’Ifni. Il
a été condamné à 8 mois de prison ferme par le tribunal de première
instance de Tiznit. Dans une lettre adressée, le 23 octobre 2013, au ministre de
la Justice et des Libertés ainsi qu’à l’Administration des prisons au Maroc et
au Procureur général près du tribunal d’appel à Agadir, Mohamed Amzouz fait porter la
responsabilité de la dégradation de sa santé aux responsables de la prison d’Aït
Melloul.
Groupe Liberté
d’expression-Journalistes-Syndicalistes :
- Le 30 octobre 2013, le juge d’instruction
chargé des affaires de terrorisme près la Cour d’appel à Salé a reporté l’examen de l’affaire du journaliste Ali
Anouzla au 23 décembre 2013. Rappelons qu’Ali Anouzla avait
bénéficié, le vendredi 25 octobre, d’une liberté provisoire à la demande de son
avocat (voir point n°39). Il
continue d’être poursuivi pour les mêmes chefs d’accusation qui tombent sous la
loi antiterroriste de 2003. Les deux sites d’information électronique
Lakome-arabophone et francophone- qu’il codirigeait avec son collègue Aboubakr
Jamaï ont été bloqués aux
internautes marocains et cela, sans aucune décision judiciaire. La volonté de bâillonner la presse indépendante était
manifeste dans cette affaire.
- Le mardi 29 octobre 2013 et dans une autre
affaire que nous suivons, le journaliste d’Assabile Mustapha El-Hasnaoui, a vu sa condamnation passer de 4 ans à 3 ans de prison
ferme par la Cour d’appel de Salé chargée des affaires de terrorisme.
Il est, lui aussi, poursuivi sous le coup de la loi antiterroriste pour
« constitution de bande criminelle et non dénonciation de crimes terroristes ».
Il a été arrêté le 27 mai 2013 après un voyage effectué en Turquie pour un
reportage sur les exilés syriens et condamné le 12 juillet à 4 ans de prison
ferme par le tribunal de première instance (voir points
précédents).
Groupe
Sahraouis :
- La Cour d’appel d’Agadir qui examinait le
28 octobre 2013 l’appel du
prisonnier politique sahraoui Sidi
Bouâmoud a reporté pour la deuxième fois le procès au 11 novembre 2013. Rappelons que Sidi
Bouâmoud purge à la prison locale d’Aït
Melloul (voir
listes) une peine de 4 ans
après son transfert de la prison d’Inzgane. Son frère qui a pu lui rendre visite
dernièrement s’inquiète de la détérioration de sa santé physique et mentale
après l’agression dont il a fait l’objet le 26 octobre de la part de quelques
fonctionnaires de la prison, suivie de sa mise au cachot dépassant les 24
heures.
- Nous nous sommes inquiétés au point n° 39 du sort réservé au
jeune prisonnier politique sahraoui Hamza
Jmiï lorsque ses quatre camarades du même groupe avaient été libérés
provisoirement le 25 octobre 2013. Nous
apprenons qu’il vient à son tour de quitter provisoirement la prison Lakhal de
Laâyoune le 30 octobre 2013. Le procès des cinq (Sidi Mohamed Mallah, Mohamed Sallouh, Mahmoud Hanoun,
Ajouad Farah, Hamza Jmiï) n’a pas encore été
fixé.
- S’agissant d’un autre groupe de
six prisonniers politiques sahraouis (Mohamed
Ali Saâdi, Youssef Bouzid, Mohamed Garnit, Yassine Sidati, Aziz Hramech,
Lhoucine Abah) qui se trouvaient à la même prison de Laâyoune et
libérés provisoirement le 23 octobre, le tribunal qui examinait leur dossier le 30 octobre 2013
a reporté l’affaire au 27 novembre 2013 (voir point
n°39).
Groupe
20-Février de Casablanca : Les trois jeunes militants du
20-Février et de l’AMDH (Rabie Homazin, Hamza
Haddi et Mouad Khalloufi) ont été présentés en état d’arrestation
devant le tribunal d’Ain Sebaâ à Casablanca le vendredi 1er novembre 2013 pour
« violences et agressions sur agents de police » (voir point 39). Fatiha Haloui, la mère de Hamza Haddi et elle-même militante du
20-Février à Casablanca, est poursuivie également mais en liberté provisoire.
Tout le groupe est défendu par Me Mohamed
El-Massaoudi, qui est lui-même poursuivi dans une autre affaire (Voir points précédents). Rappelons que les
trois jeunes prisonniers politiques du groupe, séparés dans des quartiers de
droit commun, observent une grève de la faim
de trois jours à compter du 29 octobre pour réclamer leur
regroupement, la séparation des prisonniers de droit commun et l’amélioration de
leurs conditions, notamment l’accès aux études et aux
soins.
Groupe « Baiser
de Nador » : La plainte contre Ibtissame Lachgar, a été déposée auprès du
Procureur du roi de Rabat non par « l’Organisation Unie pour les droits de
l’Homme et les libertés publiques » de Nador, comme on l’a annoncée au point
n°39, mais par une autre association de Rabat qui s’appelle « Association des
jeunes marocains pour la citoyenneté et le développement durable ». Cette
plainte pour « atteinte à la pudeur publique, etc. » concerne aussi son ami
Soufiane Farès et d’autres
participants au Kiss-in du 12 octobre devant le Parlement marocain en soutien
aux trois jeunes (Mouhsin, Raja et Oussama)
de Nador qui seront présenté-e-s
devant un tribunal le 22 novembre 2013 pour avoir posté sur Facebook
les photos d’un baiser échangé à la sortie d’un lycée (point
n°38).
Groupe UNEM-Fès
et Meknès :
- Les dix prisonniers politiques
de l’UNEM-Fès (Omar Taybi, Oussama Zantar,
Abdennabi Chaoul, Mohamed Réda Derkaoui, Jaber Rouijel, Mohamed Ghalout, Mohamed
Boujnah, Salah Eddine Chafik, Mimoun Benzizi et Moussa Sammouni) ont
arrêté le 12 octobre 2013 leur grève de la
faim de 25 jours qu’ils avaient entamée le 17 septembre pour réclamer
leur libération et l’amélioration des conditions de détention. Mohamed Ghalout a vu pendant ce temps-là
son procès reporté au 12 novembre
2013 ce qui l’a empêché de passer les concours qu’il avait préparés
pour pouvoir poursuivre ses études. Mohamed
Boujnah a été présenté devant le
juge par deux fois, le 9 septembre
et le 8 octobre, qui lui a notifié sa traduction devant un tribunal sans lui
fixer de date. Les huit autres ainsi que Boubker Haddari et Abdelhaq Bouti,
poursuivis en liberté, ont été présentés le 9
octobre 2013 devant le tribunal d’appel de Fès qui a décidé le report de la
séance au 20 novembre 2013 prétextant l’absence des « témoins » qui
ne sont en fait que les membres des forces de l’ordre. Inutile de dire que les
grévistes de la faim ont souffert et trainent des séquelles notamment la perte
du poids.
- Les quatre prisonniers
politiques de l’UNEM, Tarek Jaïbi, Younes
Erroufi, Hicham Boughlad et Khaled Idnasser, qui avaient été libérés sous caution le 30 avril 2013
(voir points précédents) ont été présentés de nouveau le 29 octobre 2013 devant la Cour
d’appel de Fès. Rappelons qu’ils avaient écopé en première instance
d’une peine de 6 mois de prison
ferme.
- L’ancien prisonnier politique
Mohamed Aït Raïs a été enlevé à Fès et il est resté au secret entre les
mains de la police pendant 4 jours avant qu’il soit traduit devant le tribunal
de première instance de Fès qui a décidé de le poursuivre en état d’arrestation
à la prison Ain Kadous.
- Dans un communiqué sorti de la
prison Toulal 2 de Meknès,
Hassan Koukou (n° d’écrou 6815),
l’un des cinq prisonniers politiques de l’UNEM qui y croupissent sans jugement
depuis le 17 décembre 2012, décrit leurs conditions effroyables. Il nous apprend
qu’il a été convoqué le 15 octobre par la
direction de la prison pour le conduire ensuite à la gendarmerie
royale pour une enquête concernant un rapport que le groupe avait
établi sur la prison Toulal 2. Il apprend alors qu’il est accusé d’ « outrage à la justice et d’incitation à la
violence au sein des étudiants » sur la base d’un rapport établi par
le directeur de la prison. Le groupe qui attend toujours d’être jugé craint que
les autorités marocaines ne cherchent par-là à lui coller d’autres chefs
d’accusation pour l’enfoncer encore plus.
Notre détermination à défendre et
à soutenir ces victimes de l’injustice et toutes les autres ne doit pas fléchir.
Nous continuons inlassablement notre campagne de parrainage pour sensibiliser et
faire gagner, jour après jour, des parrains et marraines à leur
cause.
Bureau exécutif de
l’ASDHOM
Paris, le samedi 2 novembre 2013
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