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jeudi 31 octobre 2013

Ali Anouzla ou la victoire du Makhzen

Par Jacob Cohen, demainonline, 27/10/2013

Jacob Cohen (Photo DR)
Jacob Cohen (Photo DR)
Opinion. Après les satisfecit d’usage – qui n’éprouverait pas un soulagement extraordinaire de voir un homme intègre, un journaliste engagé, un novateur médiatique, sortir des geôles infâmes d’un régime autoritairement ubuesque ? – vient le temps des questions.
Il serait indécent de critiquer l’homme pour avoir éventuellement cherché un arrangement avec ses persécuteurs. La prison, et en particulier celle où il a été enfermé, doit être une expérience terrifiante surtout lorsqu’on se sait innocent. Et nul doute que ses geôliers ont dû recevoir des instructions pour la lui faire goûter. Et rien que la perspective d’y passer plusieurs années aurait donné des cauchemars à plus d’un.
Ayant fait un geste magnanime – comme seule la monarchie alaouite en a le secret – en libérant le journaliste, le Makhzen a atteint ses objectifs.
Il n’est pas inopportun d’apparaître comme l’autorité suprême qui, en dernier recours, et suite aux sollicitations venant de toutes parts, fait un geste d’apaisement alors qu’il en a été l’instigateur. Il y a là un renversement de situation qui frise le machiavélisme. L’autocrate se mue en bon père du peuple au-dessus de tous. Applaudissez bonnes gens ! On lui donnerait presque la médaille du juste. Faisons confiance aux médias serviles (un quasi-pléonasme au Maroc) pour nous servir cette belle fable.
L’autre objectif atteint par le Makhzen, qui n’a eu de cesse depuis 1956 de concentrer entre ses mains la réalité du pouvoir, de tous les pouvoirs, est de contrôler toute forme d’opposition, par tous les moyens. Seules les méthodes se sont « adoucies » vu le contexte international. Avec l’arrestation et la mise en examen de Ali Anouzla, il a réussi à museler l’un des rares sites d’informations qui se croyait en état de droit véritable et non en démocratie illusoire et dévoyée. Qu’adviendra-t-il de ce site ? Il se sait sous surveillance et ses journalistes sont à la merci d’une convocation de justice initiée par le Palais. Drôle d’ambiance pour faire son métier d’informer.
Le dernier objectif recherché par le Makhzen est de caractère dissuasif. Terroriser à l’avance tous ceux qui auraient la prétention de critiquer le régime et ses dérives autoritaires. Avis aux « têtes brûlées » du 20 février et autres groupuscules contestataires. Seule une « opposition » médiatique soft, respectueuse, limitée, encadrée, sera tolérée. Et encore ! Une petite saisie de temps en temps, ou une amende, rappellent à bon escient qui est le Maître. C’est la politique de la carotte et du bâton dont Hassan 2 avait déjà montré toutes les subtilités, nous laissant une classe politique dans l’ensemble servile, timorée, corrompue, avec comme seul idéal de se faire sa place au soleil à n’importe quel prix.
Au-delà du destin personnel de Ali Anouzla, pour qui j’ai un profond respect et à qui je souhaite un avenir digne de ses qualités, les perspectives d’une démocratie réelle au Maroc paraissent bien dérisoires. La faute aussi et surtout à une élite, prise au sens large, qui a sombré dans le conformisme et la lâcheté.


 Hypocrisie sans frontières

responsables PJD

Après le communiqué du SNPM (Syndicat national de la presse makhzenienne) se félicitant de la libération du journaliste Ali Anouzla, alors qu’il l’avait enfoncé lors de son arrestation, voici venu le tour du ministre de l’injustice et du peu de libertés, El Mostafa Ramid, pour tenter de s’amender.
Ramid, qui avait également enfoncé Anouzla en défendant la décision du parquet de le poursuivre sur la base de la loi antiterroriste (une loi que le PJD avait combattu quand il était dans l’opposition…), a tenu, en catimini, à féliciter le directeur de Lakome après sa mise en liberté.
Un journaliste, qui s’était présenté à la porte de la prison de Salé pour accueillir Anouzla, a été utilisé par le ministre de l’injustice pour faire passer ses « félicitations ». Hors des caméras et des regards indiscrets, ce journaliste, dont certains pensent qu’il s’agit de Taoufik Bouachrine, le directeur du quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum, a reçu, tout à fait par hasard bien entendu, sur son portable un coup de fil de Ramid. Entreprenant, il a passé le portable à Anouzla qui, selon le site Goud, « a été piégé » puisqu’il ne s’y attendait pas.
Le bon Ramid a alors félicité Anouzla pour sa mise en liberté. B’la hchouma !
URL courte: http://www.demainonline.com/?p=27590
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 Par Ali Lmrabet : Ali Anouzla a été libéré 
 Un journaliste est libre mais la liberté d’expression est toujours emprisonnée. 
 URL courte: http://www.demainonline.com/?p=27502http://www.demainonline.com/?p=27502

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