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samedi 28 juin 2014

Pourquoi la France est devenue la complice du Makhzen




M6 à l'Elysée avec le président Hollande (Photo AFP)
                          M6 à l’Elysée avec le président Hollande (Photo AFP)
Plusieurs incidents diplomatiques survenus en France ont empoisonné le « partenariat d’exception » entre les deux pays, forçant Paris à faire du zèle.
Rien ne va plus entre Rabat et Paris. Déjà ternie par la convocation en février dernier du chef de la DST marocaine par la justice française, l’idylle entre le Maroc et la France a subi la semaine dernière un nouvel accroc. De passage à Paris mercredi pour être hospitalisé au Val-de-Grâce, le général marocain Abdelaziz Bennani aurait reçu une lettre de menace. « Une lâche agression morale », affirme le royaume dans un communiqué.
Son auteur, Mustapha Adib, ancien capitaine de l’armée, a été emprisonné par le passé au Maroc après avoir porté des accusations de corruption au sein de l’institution, notamment de détournement de carburant par des officiers. Contacté par l’Agence France-Presse, l’homme confirme qu’il a voulu rendre une visite au général hospitalisé. « Mais elle n’a pas été autorisée et j’ai remis des fleurs et un mot », précise-t-il. Placé en garde à vue par la police, il a annoncé vendredi, par le biais de son avocat, qu’il avait porté plainte contre le roi du Maroc, Mohammed VI, et le général Abdelaziz Bennani pour « traitements cruels et dégradants ».

Fureur du Maroc

L’incident a en tout cas provoqué la fureur de Rabat. Dans un communiqué publié par l’agence de presse marocaine MAP, le Premier ministre Abdelilah Benkirane dénonce un « acte de provocation », soulignant que le général Bennani et sa famille ont été « outrageusement provoqués et agressés moralement dans l’enceinte de l’hôpital ». Mais loin de se cantonner à l’ancien capitaine, qualifié de « repris de justice notoire et connu des autorités françaises », le chef du gouvernement marocain incrimine également la France, dont l’ambassadeur au Maroc a été convoqué jeudi pour se voir signifier « le vif mécontentement du royaume ».
Le Premier ministre marocain en est convaincu : l’affaire n’est « pas isolée et survient à la suite d’actes de provocation ayant visé, à Paris, de hauts responsables sécuritaires et diplomatiques marocains ». « Cette succession d’actes graves, qui traduisent un réel acharnement, interpelle le gouvernement marocain sur les intentions et la volonté des autorités françaises », conclut son communiqué. Pointée du doigt par Rabat, la France préfère obtempérer et annonce qu’elle a ouvert une enquête et pris les « mesures de protection nécessaires » pour les officiels marocains.

« Complicité de torture »

« Il est totalement anormal qu’une haute personnalité marocaine, qui vient en France pour des traitements médicaux, se voie délivrer des lettres menaçantes », souligne le Quai d’Orsay, tout en expliquant que « ce qui s’est passé au Val-de-Grâce est un incident isolé ». Ce n’est sûrement pas l’avis de l’avocat de Mustapha Adib, maître Moutet, pour qui « la garde à vue de Mustapha Adib, orchestrée en urgence absolue par la diplomatie française à la demande de Rabat, est une réponse totalement démesurée, qui prend évidemment sa source dans d’autres dossiers, dont M. Adib est aujourd’hui la victime collatérale ».
En d’autres termes, son client serait otage de la crise diplomatique qui oppose Paris et Rabat depuis quatre mois. Le 20 février dernier, Abdellatif Hammouchi, chef de la DST marocaine, de passage à Paris avec son ministre de l’Intérieur, est interpellé par la police à la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France. Le patron du contre-espionnage marocain se voit remettre une convocation devant la justice française pour « complicité de torture » après une plainte déposée en 2013 par l’ONG Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat).

« Partenariat d’exception »

Pour apaiser la colère de Rabat, Paris va jusqu’à empiéter sur le terrain de la justice, en demandant que « toute la lumière soit faite » sur cet « incident regrettable ». Une remise en cause du principe de séparation des pouvoirs, juge à l’époque l’Acat. Et une action inutile. François Hollande a beau appeler en personne le roi du Maroc pour apporter des « clarifications », rien n’y fait. Une semaine plus tard, le royaume suspend sa coopération judiciaire avec la France.
Premières victimes, le million de Marocains habitant en France, ainsi que les 80 000 ressortissants français du royaume, dont les procédures judiciaires (litiges parentaux, versements de pensions, demandes d’extradition, transferts de prisonniers, auditions de témoins) demeurent désormais bloquées. Soulignant le « partenariat d’exception » qui lie les deux pays (la France est le premier partenaire commercial du Maroc), le Quai d’Orsay dit aujourd’hui « travailler activement pour que la coopération judiciaire puisse reprendre rapidement ».
Or, faute d’avancée concrète sur les pourparlers, aucune rencontre politique à haut niveau entre les deux États n’est à l’ordre du jour. Au contraire, de nouveaux incidents sont venus ternir encore plus la relation bilatérale. Fin février, l’acteur espagnol Javier Bardem a attribué à l’ambassadeur de France à l’ONU des propos selon lesquels le Maroc serait la « maîtresse » de la France. Nouveau couac un mois plus tard, à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle : contrairement aux usages diplomatiques, le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, subit une fouille approfondie lors d’un contrôle policier, amenant Laurent Fabius à présenter publiquement ses excuses au Maroc.
Source : Le Point avec AFP
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