Par J20.MA, 24/6/2014
Des militantes et responsables politiques marocaines ont
exprimé mardi leur indignation, devant le Parlement de Rabat, à la suite
de propos du chef du gouvernement islamiste, Abdelilah Benkirane,
vantant la place de la femme au foyer.
« Benkirane, ça suffit! », « Benkirane dégage, le Maroc n’est pas à
toi! »: à l’appel de la « Coalition civile pour l’application de
l’article 19 de la Constitution », environ 200 personnes, brandissant
pour certaines casseroles et cuillères, ont marqué leur courroux contre
le chef du parti Justice et développement (PJD).
« Sa vision rétrograde, nous ne l’accepterons jamais! Nous refusons
cette humiliation de la part d’une personne qui considère les femmes
comme des lustres de maison », a déclaré à l’AFP l’ancienne ministre de
la Famille, Nouzha Skalli.
La semaine passée, s’exprimant devant le Parlement, Benkirane avait
ouvertement regretté l’évolution de la société marocaine, fustigeant
« le modèle européen » et louant le « rôle sacré » de la femme dans les
foyers.
« Il y a un problème par rapport au rôle de la femme dans la famille
moderne. (…) Lorsque la femme est sortie des foyers, ceux-ci sont
devenus sombres », avait-il jugé.
« Vous qui êtes là, vous avez été éduqués dans des maisons où ils y
avaient des lustres. Ces lustres étaient vos mères », avait notamment
ajouté Benkirane, affirmant: « nous sommes fiers car Dieu nous a honorés
pour défendre cette dimension ». Ces propos ont entraîné une levée de
boucliers, y compris sur les réseaux sociaux sous le hashtag
« #anamachitria » (« je ne suis pas un lustre »).
Il s’agit d’un « appel implicite à confiner la femme à la fonction
biologique reproductive et au travail domestique », a dénoncé un
collectif de dizaines d’ONG locales.
Dans un autre communiqué, les femmes de l’Union socialiste des forces
populaires (USFP, opposition) ont condamné ces propos, exhortant M.
Benkirane « à se concentrer plutôt sur l’application de l’article 19 de
la nouvelle constitution » de 2011, adoptée durant le Printemps arabe.
Cet article exhorte, entre autres, « l’Etat marocain à oeuvrer à la réalisation de la parité homme-femme ».
Cantonné durant des décennies dans l’opposition, le PJD a remporté un
succès historique lors des législatives de fin 2011, suscitant un vent
d’espoir, quelques mois après l’adoption d’une nouvelle constitution
censée accorder une série de droits nouveaux, notamment en matière
d’égalité homme-femme.
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