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samedi 28 juin 2014

Après sa convocation par les services secrets marocains, l’ambassadeur de France Charles Fries s’exécute

Par Ali Lmrabet, Demain, 24/6/2014

Charles FriesAprès sa convocation par Mohamed Yassine Mansouri, le patron de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), l’ambassadeur de France a Rabat, Charles Fries, a été obligé de s’exécuter et de commettre comme un vulgaire journaliste aux ordres un article dans L’Economiste.
Gageons que cet « article » a été sûrement visé, et peut-être même remanié par Mansouri avant publication.
Parce que personne ne comprend que l’ambassadeur d’une grande puissance comme la France, ou d’un quelconque Etat qui se considère souverain, puisse accepter d’être convoqué comme un chaouch par le chef des services secrets d’une autocratie « orientale » et non pas par le ministre des Affaires étrangères qui est son interlocuteur direct et obligé.
Dans son papier paru chez les bourgeois francophones de L’Economiste, l’ambassadeur Fries taxe de « grave incident » la visite inopinée de Mustapha Adib au général Bennani, alors que la vidéo publiée par Demain nous montre plutôt une tranquille conversation entre l’ex-capitaine et la famille du général.
Le fonctionnaire français évoque également des « injures, propos diffamatoires et menaces proférées à l’encontre du Général Bennani ». Or, encore une fois, la vidéo écarte toute hypothèse d’altercation ou d’injures proférées contre le général. Ce qui n’est pas, il est vrai, le cas du texte remis par Adib avec l’orchidée.
Et encore, ce texte comporte certes des propos manifestement diffamatoires, mais il n’y a aucune « menace ». Et puis, Adib pensait que son texte était dirigé à un moribond et non pas à quelqu’un qui n’est pas dans une salle de réanimation comme des informations savamment distillées nous ont fait croire.
Charles Fries s’extasie que les autorités françaises aient placé Adib en garde à vue et menace ces « quelques individus qui veulent porter atteinte à la relation franco-marocaine ». On voit bien là que ce qui s’est passé en Tunisie a été vite oublié et que la Françafrique dénoncée par les socialistes est de retour. 
Depuis quand on place quelqu’un en garde à vue, en le privant de sa liberté, pour un petit mot manuscrit qui ne devrait pas être rendu public ? Et de qui parle M. Fries quand il évoque ces « quelques individus qui veulent porter atteinte à la relation franco-marocaine » ? Adib était seul à l’hôpital. 
Charles Fries parle-t-il des victimes de la torture qui ont porté plainte contre le patron de la DST, Abdellatif Hammouchi, et qui se trouvent être tous des citoyens français ?
On aimerait bien que l’ambassadeur français nous écrive, mais cette fois-ci tout seul, un article où il expliciterait ses propos.
Heureusement que la vidéo où on voit Adib converser aimablement avec la belle-fille du général est là, qu’il existe encore des juges indépendants en France et que les militants, les vrais, ne se laissent pas facilement intimider et qu’ils ne craignent pas les menaces du représentant d’un Etat dirigé par un gouvernement et un président, qui sont eux véritablement moribonds. Politiquement parlant. 
C’est un illustre compatriote de l’ambassadeur Fries qui a déclaré un jour : « J’ai fait le sacrifice de ma vie à la vérité, à la liberté, à la patrie (…) je recevrai presque comme un bienfait, une mort ». Ce monsieur s’appelait Robespierre.
Mais peut-être que l’ambassadeur Fries, qui a fait sa carrière sous les lambris dorés de la République en servant François Hollande, ne comprend pas le sens de cette proclame.
Ali Lmrabet
URL courte: http://www.demainonline.com/?p=32511

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