Par Marc Viot, 1/6/2013
Près de 300 000 agriculteurs biologiques ont
porté plainte contre le « géant » agricole Monsanto qui a, ces dernières
années, écrasé méthodiquement l’agriculture bio indépendante.
Le
30 mars, l'équivalent de 270.000 plaignants ont intenté un procédure
judiciaire pour tenter de garder une part du marché mondial à
l'alimentation bio indépendante. La plainte provient de près de 60
fermes familiales, d'entreprises semencières et d'organisations
agricoles biologiques.
Ce collectif mené par OSGATA
- Organic Seed Growers et Trade Association - enjoint Monsanto de ne
pas contaminer les exploitations par les OGM de colza Genuity® et
Roundup Ready®. Ces agriculteurs bio disent que leurs cultures de maïs,
coton, betteraves à sucre ainsi que d'autres ont été contaminées par les
OGM Monsanto, et que même si la contamination fut largement naturelle
et involontaire, Monsanto persiste à poursuivre des centaines
d'agriculteurs pour violation de brevet.
Il ne s'agit plus seulement pour ces agriculteurs de préserver le
bio mais aussi la survie de leurs exploitations biologiques
indépendantes contre lesquelles Monsanto mènent un harcèlement juridique
continu.
Ces dernières années, Monsanto a racheté plus de 20 des plus gros producteurs et vendeurs de semences du pays, et The Street rapporte
la mise en place d'une politique forçant leurs clients à utiliser les
semences issues de leur bioingénierie et les obligeant à les racheter
chaque année sous peine d'être mis sur liste noire et exclus à jamais du
marché.
La Commission Securities and Exchange a enquêté l'an passé sur
Monsanto sur "les programmes de motivation client", et le ministère de
la Justice a décelé une violation probable de la loi antitrust suite à
la mise de clients en liste noire depuis 2009.
La politique de rachat de certains de ses concurrents et les
poursuites judiciaires menés sur les autres ont permis a Monsanto, l'an
passé, d'accroître ses bénéfices de 77 % pour atteindre 490 millions
d'euros.
La plainte déposée par les "270.000" sera examinée par le juge fédéral Naomi Buchwald de la cour de Manhattan.
Dan Ravicher, président de la Public Patent Foundation (PUBPAT), Fondation pour les licences libres, a déclaré dans un communiqué que l'affaire se résumerait à “Monsanto
a-t-il le droit de poursuivre les agriculteurs biologiques pour
violation de brevet quand les graines ou pollen OGM Monsanto
atterrissent sur leurs propriétés.”
“Il parait assez "tordu" qu'un fermier bio contaminé par les
semences OGM puisse être attaqué pour violation de brevet, mais le
volume des plaintes déposés par Monsanto et les poursuites engagées
contre des fermiers par centaines pour violation de brevet, que nous
avons du réagir pour protéger l'intérêt de nos membres.”
La PUBAT a ainsi déposé la plainte au nom des 270 000 plaignants.
Cette fondation sans but lucratif, qui propose des services juridiques,
relève de l'École de droit Benjamin N. Cardozo.
NDT : On peut regretter que ce type de plainte regroupant plusieurs
plaignants et appelée "class-action" soit actuellement impossible sous
cette forme en France.
Article initial : RT - Organic farmers sue Monsanto du 28 juillet 2011 et traduction originelle pour libertero par l’auteur.
Crédit Photo : Université de Bosto
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