Par APSO, 24/2/2013
Le ridicule « procès » des 24 sahraouis de
Gdaym Izik s’est enfin tenu, puis enfin terminé le 17 février 2013 après 9 jours
de mascarade.
Sans surprise, ces civils militants pour l’indépendance
de leur pays le Sahara Occidental ont été condamnés par le tribunal militaire
marocain - la puissance colonisatrice - à des peines allant de 20 ans de prison
à la perpétuité.
25 condamnations pour 24 accusés et leurs 24 chefs
d’accusation. Le 25ème condamné avait été arrêté, gardé 3 jours et
relâché. Il est maintenant condamné à perpétuité, alors qu’il n’a pas été
accusé, et à fortiori ni entendu ni défendu. Il est probable qu’il reste en
Espagne jusqu’à la fin de ce « malentendu ».
Pour être plus exact sur le verdict, deux inculpés ont
été libérés, puisque les condamnations ont été de la période effectuée, et un
condamné à 20 ans de prison avec sursis. En priant les ex-prisonniers d’excuser
la formulation, les « petits poissons » et les « trop mal en
point » - sont à l’origine de nouvelles façons marocaines de faire des
verdicts. Peine de « ce qui a été fait » !
24 moins 3, il reste donc de ce groupe de Sahraouis
prisonniers, 21 personnes qui payent en fait les frais de la tentative marocaine
de décapitation de la résistance sahraouie. Parce qu’en définitive, qu’importe
qu’ils aient pu faire - ou non - ce dont on les a accusé, la question n’est pas
là.
Et à part ça ?
Le lendemain de ce verdict, suite à la visite au quai
d’Orsay français du représentant spécial de l’ONU dont l’objectif est de
trouver une solution avec les pays amis du Sahara Occidental, la France
s’affirme comme le meilleur ennemi.
Dans le communiqué du quai d’Orsay, la France de François
Hollande écrit noir sur blanc son soutien à la proposition du Maroc d’une autonomie
du Sahara Occidental, considérant les sahraouis comme les Azawad au Mali.
On peut se demander qui est l’auteur de la question qui
dénote d’une grande méconnaissance de la question sahraouie et de la zone, la
réponse elle, est précise, c’est celle de la période Sarkozy.
Et c’est souffrir encore d’un mépris affligeant du droit
international.
Parce que le droit international est clair sur la
question du Sahara Occidental.
Sont incontestables : la qualification de territoire
occupé, l’interdiction de vendre des armes au Maroc, le crime de guerre que
constitue le déplacement des colons marocains au Sahara Occidental, la
violation du droit international pour chaque recherche, chaque prélèvement
d’une ressource naturelle du territoire, poisson, phosphate, sel , pétrole …
Le droit international est clair mais rien ni personne de
contraint efficacement le Maroc à le respecter.
Alors ? Que reste t il ?
Finalement pour le Sahara Occidental, rien ne bouge, rien
ne change au niveau international. Les petites avancées servent d’écran pour
mieux reculer, pour amuser la galerie.
Il reste les millions de dollars ou d’euros que le Roi du
Maroc tire des ressources naturelles du Sahara Occidental, il reste la violence
arbitraire et la peur pour les sahraouis en territoires occupés, les maladies,
la malnutrition pour les Sahraouis réfugiés, l’exil et l’errance… et de
nouvelles tortures pour les 21 du groupe de Gdaym Izik.
Il ne reste qu’à être pessimiste. L’humanité n’a pas atteint son âge de raison
et reste enfermée dans une vision intéressée et à court terme.
L’inéluctable explosion du peuple marocain harassé par la
dictature, lassé de la mort de ses jeunes, ceux qui veulent construire un autre
avenir, entrainera un changement de la situation des Sahraouis.
L’intérêt de la France à rester au Sahel pour surveiller
ses intérêts et poursuivre son pillage néocolonial ne pourra se faire sans la
bienveillance de l’Algérie. Alors il faudra infléchir les discours sur le
Sahara Occidental, il faudra au minimum adopter une réelle neutralité pour
approcher le même respect du droit
international que les algériens sur la question sahraouie. Il faudra
cesser de soutenir et couvrir les exactions marocaines, de collaborer à mainmise de toute l’économie du Maroc par son dirigeant.
Après tant de douleurs infligées à ce continent, on se
serait bien pris à rêver d’un meilleur sort pour la dernière colonie d’Afrique…
Mais peut-on encore espérer que, comme dans les beaux discours, les valeurs des
droits de l’homme et du droit international dépassent un jour les intérêts
économiques de nos élites ? Ces intérêts jamais avoués, qui s’éloignent
toujours plus des préoccupations du peuple, qu’il soit français, sahraoui,
algérien ou même marocain ?
APSO, 24 février 2013
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