Par Ali Fkir
Mohamed,
l’ainé, Zahra, et Jmia Azghar, ont vu le jour dans une baraque du plus grand
bidonville de l’histoire du Maroc : «les carrières centrales», berceau de la
résistance contre le colonisateur français. La mère était ouvrière dans une
conserverie de poisson, le père ouvrier à la cimenterie Lafarge. Le couple s’est
engagé tôt dans le mouvement national et a connu la répression. Le très jeune
Mohamed va connaître sa première arrestation début des années
cinquante.
Jmia
nous dit qu’ils ont tous les trois « tété la mamelle de la résistance à travers
leur mère Aïcha».
Au
lendemain de «l’indépendance» de 1956 dont les «accords d’Aix-les-Bains » (août
1955), furent le premier acte de « dépendance dans l’indépendance », première
expérience mondiale du néocolonialisme,
dont nous souffrons toujours aujourd’hui. Au lendemain de cette «indépendance»,
Mohamed participa à la création de l’UNFP (58/59), et depuis cette date Mohmed
allait connaître les commissariats et les prisons du nouveau
Maroc., Saïda Mnebhiahkoun,
cheville-ouvrière des réseaux révolutionnaires ittihadis, rejoint la
clandestinité à partir de 1969. Jmia, sa camarde, va jouer le dangereux rôle de
« l’agent de liaison ».
Les
3 enfants (qui ont perdu leurs parents), furent arrêtés au lendemain du
soulèvement armé de mars 1973. Ce fut pour eux la descente aux enfers ; Derb
Moulay Chérif, le complexe « courfis », la prison de Ghbila pour les filles, de
Kénitra pour le garçon, puis un centre clandestin par la suite en compagnie du
martyr Omar Benjelloun.
Jmia,
va connaître l’enfer terrestre. Un jour, complètement déshabillée, ligotée et
suspendue à la « perroquet », on amena son frère, Mohamed, puis Omar Dahkoun,
on lui creva un œil : il fallait qu’elle parle ou on lui creva le deuxième….elle
allait voir des détenus mourir devant elle, elle rencontra Saïda
Mnebhi…
C’est indescriptible. C’est trop horrible !
Une
fois sortis de cet enfer, les trois Azghar vont retrouver la baraque, plus
délabrée que jamais. La solidarité des voisins les sauva d’une mort de famine
certaine. Ils résistent aux provocations policières, aux intimidations et
surtout aux offres alléchantes de collaboration. Désemparée, Jmia va voir la
direction de l’institution ittihadie (dar annachre, presse…). Elle fut recrutée,
elle et sa sœur, par Mohamed El Yazighi : elle va toucher mensuellement 400 dh,
sa sœur Zahra, 300 dh.
Elle
accueille chez elle les correspondants du Journal «ANNAHJ ADDIMOCRATI» Ali
Fkir, et Abdel Malek Oumalek, fin février 2007. Son frère Mohamed, sa sœur
Zahra, étaient là. Ils confirment les dires de leur soeur. Ce qu’ils ont enduré
était affreux, révoltant. J’avais la gorge serrée, les larmes aux yeux, la
colère me suffoquait…
Nous
avons évité de publier des détails. Jmia a lu et relu l’entretien, entretien
enregistré sur un magnétophone…
Dignement,
Jmia nous a quittés dernièrement, tête haute. Elle n’a rien regretté. Ses
prolétaires parents ne peuvent qu’être fiers d’elle.
L’Histoire
officielle ignorera ces martyrEs du peuple, comme elle ignore Abdel Karim Al
Khattabi, la république du Rif, les soulèvements de mars 1965…Nos « historiens »
tiennent à ménager les « institutions » (hhhhhh)
Nos
féministes des palaces ignorent celles qui ne font pas partie de leur gent , nos
partis politiques (y compris les démocratiques) ne font pas mieux. Seul ANNAHJ
ADDIMOCRAT commémore chaque année les martyrEs, Même dans ce cas là, il faut
reconnaître que nous sommes loin de faire notre devoir comme l’exige
l’Histoire.
Ci-joint
l’entretien (en arabe) tel qu’il a été publié par le journal « ANNAHJ
ADDIMOCRAT ». Témoignage poignant, ça coupe le souffle, mais ça recharge les
batteries des révolutionnaires.
POUR
NE JAMAIS OUBLIER LA VÉRITABLE NATURE DU RÉGIME MAROCAIN
Ali
Fkir, le 1er mars 2013
Texte en français et
l'entretien en arabe ,
VOIR
http://www.annahjaddimocrati.org/index.php/fr/
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