Etude. Près d'un Marocain sur deux souhaite quitter le Maroc
- Publié le mardi 26 février 2013 15:33
- Écrit par Lakome26/2/2013
L'étude « Migration et compétences » de l'Union européenne dévoilée ce
mardi indique que 42% des marocains interrogés envisagent d'émigrer. Mais peu
d'entre eux ont la capacité réelle de le faire.
Cette étude, menée par l'agence européenne ETF (European Training
Foundation) en partenariat avec l'AMERM (Association marocaine d'études et de
recherches sur la migration) et les autorités marocaines, a pour objectif
d'apporter des données fiables sur la migration, les compétences et l'emploi
dans l'UE et les pays voisins concernés.
Au Maroc, ce sont près de 4000 personnes qui ont été interrogées (anciens
migrants de retour au Maroc ou migrants potentiels). 42% d'entre eux font part
de leur désir de quitter le pays, mais selon l'étude, seulement 9% des migrants
potentiels ont les moyens nécessaires (informations, argent, documents) pour le
faire.
Au niveau géographique, ce sont les régions d'Agadir et de Marrakech qui
arrivent en tête. « Ces deux régions, ayant une vocation touristique,
permettent également un contact permanent avec les étrangers ce qui peut
constituer un facteur de facilitation de l'acte d'émigrer qui ne concerne pas
que les nécessiteux », note l'étude.
La pauvreté et le chômage ne sont pas les seuls facteurs du désir
d'émigration : « Le chômage encourage l'émigration dans une certaine mesure,
mais les données de l'enquête démontrent que la migration ne concerne pas
seulement les catégories sociales pauvres ou les sans-emplois. En effet,
paradoxalement, la propension à migrer accroît avec les bonnes conditions
sociales et les conditions économiques n'influencent pas non plus la propension
à migrer d'une manière significative. La migration ne semble pas l'apanage des
pauvres, mais un phénomène sociétal au Maroc ».
La plupart des migrants optent pour une émigration à long terme : 53% des
migrants de retour au Maroc ont passé plus de 7 ans à l'étranger. Là-bas, ils
travaillent principalement dans les secteurs de l'hôtellerie/restauration, le
BTP et l'agriculture. 45% ont travaillé sans contrats.
Question compétences, 62% des migrants marocains disent avoir appris une
langue étrangère ou avoir acquis d'autres compétences techniques ou
professionnelles lors de leur séjour à l'étranger. Mais à peine un tiers ont vu
leurs qualifications marocaines reconnues par le pays d'accueil.
Voici le profil-type du migrant marocain, dressé par l'étude :
« Selon les résultats de l'enquête au Maroc, les migrants de retour sont
mieux qualifiés que la population marocaine au Maroc, surtout parce qu'ils
étaient déjà proportionnellement plus instruits avant la migration. Les plus
instruits sont aussi ceux qui bénéficient le plus de la période de migration en
termes d'acquisition de nouvelles compétences et de l'expérience professionnelle
qui rendent leur réintégration sur le marché du travail marocain à leur retour
plus réussi. Cependant, étant donné que la majorité de la population marocaine a
un faible niveau d'éducation, le profil typique d'un migrant marocain est un
homme célibataire avec un faible niveau d'éducation qui migre une fois pour une
période de dix ans en France ou en Espagne afin d'améliorer ses conditions de
vie. Il n'est pas au courant des programmes (gouvernementaux) qui facilitent la
migration de travail, compte sur ses amis et membres de la famille pour trouver
un emploi à l'étranger, travaille en tant que salarié ou travailleur
occasionnel, passe environ dix mois au chômage, apprend la langue du pays hôte,
mais n'acquiert pratiquement pas d'autres nouvelles compétences et retourne au
Maroc principalement pour des raisons familiales. Il n'est pas au courant des
programmes visant à faciliter le retour au Maroc et il compte encore sur sa
famille et ses amis pour trouver du travail. Son expérience de travail à
l'étranger a amélioré ses opportunités professionnelles en comparaison avec les
non migrants et il travaille en tant que salarié ou - avec une probabilité
accrue après la période migratoire - comme entrepreneur. Au cours de sa
migration il a envoyé des fonds au Maroc mais presque 90% de ceux-ci ont été
utilisé aux dépenses courantes. Il a également fait des épargnes dont un tiers
il utilise pour l'achat de propriété et un tiers peut-être à une activité
commerciale. Il n'envisage pas d'émigrer de nouveau. »
URL Source : http://fr.lakome.com/index.php/societe/439-1-marocain-sur-2-souhaite-quitter-le-maroc-etude
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