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vendredi 18 janvier 2013

Médina de Fès Les artisans broient du noir

Salma Rais, Aufait Maroc,

Sur la place Semmarine, au cœur de la médina de Fès, les clients se font rares et les artisans se tournent les pouces. Reportage.


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Moulay Taher se creuse les méninges pour résoudre un jeu de mots fléchés. Abderrahmane et Ahmed bavardent, en grands férus du Barça, du 4e Ballon d'or de Lionel Messi. En raison de la baisse de la demande des produits artisanaux, les professionnels voient leurs revenus fondre comme neige au soleil.
Les nombreux chantiers lancés ces dernières années pour relancer un secteur en berne, et améliorer le quotidien des artisans, tardent à se concrétiser alors que la corporation s'impatiente et réclame un accompagnement.

Facteurs de la crise du secteur
Principal foyer d'artisanat du Maroc, la ville de Fès compte près de 53.000 artisans, soit 17% de la population active, répartis sur plus de 200 métiers et 12.691 unités. L'artisanat est aussi la source de revenus pour près de 33% de la population de la ville et pour plus de 75% des habitants de la Médina.
Mais, en dépit de cette position de premier rang sur les plans économique et social, l'artisanat souffre de plusieurs dysfonctionnements qui ont condamné à la disparition plusieurs métiers et jeté dans la précarité des pans entiers de la corporation.
“Les choses ne tournent plus comme avant. C'est un secteur totalement abandonné ”, regrette Ahmed Kechmar, membre de la coopérative des tanneurs de Oued Zhoul.
Pour justifier la crise du secteur, Kechmar critique la flambée des prix des matières premières, la crise économique mondiale et l'absence d'espaces de commercialisation.
Les artisans ne décolèrent pas également contre les produits chinois qui envahissent désormais toutes les ruelles de la Médina.
“Les Marocains sont devenus des accrocs aux produits chinois à bas prix, contrairement à leurs aïeuls qui affectionnaient tant les produits du terroir”, peste Abdelhalim Fizazi, membre de la Chambre d'artisanat de la région de Fès-Boulemane.
Un transfert d'activités contesté
Considéré comme l'un des projets structurants du secteur de l'artisanat à Fès, le transfert des activités artisanales de la Médina vers Ain Nokbi, à la sortie de la ville vers Taounate et Taza, ne connaît pas le succès escompté auprès des artisans.
Nostalgique des années de gloire, très attaché à un métier qu'il exerce depuis trois décennies après l'avoir hérité de son père, Kechmar n'est pas du tout impressionné par le projet de transfert des activités artisanales.
“Déplacer des activités d'un lieu à un autre ne change pas grand-chose à la dure réalité des artisans. Nous attendons surtout de l'aide pour pouvoir survivre et pérenniser notre activité face à la cherté des matières premières.”
Ahmed Kechmar, membre de la coopérative des tanneurs de Oued Zhoul.
Par contre, Fizazi exprime son soutien à ce projet de transfert, à condition qu'il soit opéré en concertation avec les artisans.
“Dans nos discussions avec les autorités sur ce projet, nous avions insisté sur deux choses : les moyens de transport et la sécurité. Ce qui n'a malheureusement pas été fait jusqu'à présent”, déplore-t-il.
Ce grand chantier de transfert, doté d'un financement de la Millenium Challenge Corporation (MCC) à hauteur de 57,8 millions de dollars, vise à générer un ensemble de projets destinés à offrir aux artisans un espace moderne de travail et augmenter leurs revenus.
Ces projets devront permettre la création, à l'horizon 2013, de pas moins de 5.000 nouveaux postes d'emploi dans le secteur de l'artisanat artistique à fort contenu culturel.
Des ambitions de grandeur que ne partagent assurément pas tous les artisans de la place.
Mohamed Ouazzani a passé toute sa vie à la Médina, d'abord en tant que babouchier avant de se convertir dans la tannerie. Selon lui, ce ne sont que de “vaines promesses” et de “bonnes intentions”qui ne changeront rien à la réalité du secteur.
Préserver la richesse régionale
L'artisanat a toujours été intimement lié à l'histoire de Fès où les métiers traditionnels ont largement contribué à façonner le rayonnement civilisationnel international de la cité.
Le classement de cette ville par l'UNESCO comme patrimoine universel est une reconnaissance de la richesse et de la valeur culturelle et artistique inestimable de son artisanat.
Pour préserver cette facette constitutive de l'identité de Fès, les autorités et les professionnels ont conçu un plan de développement régional qui se décline en 37 projets. Ces derniers portent sur l'appui à la production artisanale et à la commercialisation, ainsi que le soutien aux petites et moyennes entreprises et aux activités de promotion et de formation.
En attendant la concrétisation de ce projet, les artisans de Fès tentent de sortir de leurs propres moyens, du marasme du secteur.

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1 commentaire:

  1. Non seulement cet article donne une grande appétit pour visiter Fès.Cette médina patrimoine numéro 1 au Maroc,un monde culturel, un paysage riche.

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