Christopher Ross est plus que jamais déterminé à faire avancer le
processus de paix, enlisé dans les méandres du système colonial
anachronique.
Il y met tout son talent de fin négociateur qui lui a permis de résister
au chantage marocain, publiquement désavoué par la communauté
internationale y compris ses plus fidèles alliés, et de remporter la
bataille de la crédibilité et de la neutralité. L’émissaire onusien a le
mérite, et il est immense, de refuser de subir le sort de son illustre
prédécesseur, l’ancien secrétaire d’Etat James Baker, contraint à la
démission, et de réfuter la flagrante partialité d’un Peter Van Walsun
prenant fait et cause pour la thèse marocaine.
Ross a tenu bon en tenant de main ferme le gouvernail onusien pour
tenter de dépasser le statu quo »insoutenable » et « dangereux » déjugé à
Madrid, la première station de son périple européen englobant, outre
l’ancienne puissance coloniale, les 4 membres du Conseil de sécurité
(Paris, Londres, Moscou, Washington). Entamée en Afrique du Nord, le 27
octobre, la tournée de Ross se poursuivra en Europe jusqu’au 15 novembre
pour présenter, à la fin du mois, dès son retour à New York, un rapport
sur la question du Sahara Occidental au Conseil de sécurité. La
médiation de Ross, qui envisage de retourner dans la région, profite,
outre la légalité de la démarche réaffirmée par la dernière et énième
résolution de l’Assemblée générale adoptée en octobre en faveur du «
droit de l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental », de la
volonté consensuelle de la communauté internationale d’en finir avec un
conflit qui dure depuis 37 ans, « donc depuis bien longtemps ».
Lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères espagnol,
Jose Manuel Garcia-Margallo, l’émissaire onusien a établi le constat de
l’impasse qui n’est pas sans conséquences néfastes sur la stabilité et
la sécurité régionales. « Je presse les parties à s’engager rapidement
dans des négociations sérieuses, et je demande aux membres clefs de la
communauté internationale d’utiliser leur influence pour encourager les
parties à le faire », a affirmé le diplomate qui entend décréter la
mobilisation générale pour remettre le processus de paix sur de bons
rails et endiguer le péril montant de l’extrémisme. « S’il est tentant
pour certains d’affirmer qu’il est trop risqué de relancer les efforts
de paix et que le statu quo garantit au moins la stabilité, je suis
convaincu que cela serait une erreur grave, particulièrement alors qu’il
est menacé par la montée de l’extrémisme, du terrorisme et des éléments
criminels dans la région du Sahel », a-t-il plaidé.
Cette perception nouvelle et pertinente, en rupture avec le diktat de
l’occupant imposant la solution illégale de l‘autonomie factice et la
recherche des intérêts de puissance, impulse une logique de compromis et
« facilite » les négociations directes entre les parties au conflit
(Maroc et Front Polisario) avec l’aide des pays voisins (Algérie,
Mauritanie) et le soutien de la communauté international « en vue
d’aboutir à un règlement politique, juste et acceptable par les deux
parties à même de garantir le droit du peuple sahraoui à son
autodétermination ». Ross y croit fermement. « Le conflit doit être
résolu et cela est possible s’il existe une volonté réelle d’engager le
dialogue ». Une volonté de paix et de dialogue sahraouie jamais démentie
et reconnue par l’envoyé personnel du SG de l’ONU, relevant, à l’issue
de ses entretiens avec le président Mohamed Abdelaziz et la société
civile, « le grand apport » sahraoui. Serait-ce le cas du Maroc tournant
le dos à la légalité internationale et plombé par un isolement
international de plus en plus massif ?
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