Déplacés de force, en sécurité nulle part
« Mon seul pêché est ma couleur de peau… Les Thuwwar
[miliciens] de Misratah nous ont menacés de ne jamais nous laisser
revenir dans notre ville. »
- [1/17] Mon épouse Mina, nos deux fils Abou et Kaba et moi vivions à Tawargha en Tripolitaine. Tawargha n’est éloignée que de quarante kilomètres à peine de Misratah, la grande ville côtière. A Tawargha, nous étions presque tous des descendants d’esclaves noirs. Depuis toujours les Tawarghas cultivaient la terre que possédaient les Misratis. Et depuis toujours un racisme larvé existait entre les Tawarghas africains et les Misratis arabes. Je suis sûr que les évènements qui sont arrivés ont pris leur source dans cette haine ancestrale que se vouent les deux villes.
- [3/17] Les combattants rebelles remportent la bataille de Misratah en mai. Ils se font appeler Thuwwar - révolutionnaires. Ils sont livrés à eux même, constitués en vagues milices, désœuvrés, surarmés et hors de tout contrôle. Dans les journaux, à la télé, sur les réseaux sociaux, ils montent les gens contre nous. Ils nous accusent d’avoir participé au siège, d’avoir tué des civils et violé des femmes. Aucune enquête n’a établi que des gens de Tawargha se soient livrés à de telles exactions. Et quand bien même cela serait, il est criminel de vouloir faire payer à une population toute entière les agissements de quelques uns.
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