Par Felicity Arbuthnot, 27/11/2012
On a entendu les mêmes mots : "précision extrême", "frappe chirurgicale". Il y a eu les mêmes "inévitables erreurs tragiques", "bévues", "efforts scrupuleux pour éviter", etc... Bla, bla, bla...
Mais comme a dit le colonel anglais Richard Kemp, en parlant de la 1400ième victime du massacre de Noël et Nouvelle année 2008-09 à Gaza : "Les erreurs ne sont pas des crimes de guerre".
Mais comme a dit le colonel anglais Richard Kemp, en parlant de la 1400ième victime du massacre de Noël et Nouvelle année 2008-09 à Gaza : "Les erreurs ne sont pas des crimes de guerre".
Le colonel Kemp qui a des liens impeccables avec les services secrets anglais, a, depuis Jérusalem, prononcé à la BBC
des paroles tout aussi sanguinaires, le 21 novembre, à propos des
dernières 24 heures de bombardement de la minuscule bande Gaza emmurée
où la moitié des habitants sont des enfants. Mais le Colonel Kemp a
assisté à de nombreux carnages au cours de sa vie, depuis Belfast
jusqu’aux Balkans, en passant par l’Irak, l’Afghanistan et ailleurs. Il
semble qu’à force, les morts et les estropiés fassent partie de la
routine.
En huit jours, l’assaut — à coup
d’attaques impitoyables contre des familles qui n’avaient nul part où se
cacher — a fait 163 morts palestiniens. Il y a eu 993 blessés. 865
maisons ont été détruites ou endommagées.
6 centres de santé ont été endommagés
ainsi que 30 écoles, 2 universités, 15 bureaux d’ONG, 27 mosquées, 14
bureaux des médias, 11 usines, 81 magasins et un centre de distribution
de nourriture de l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency).
Et aussi, 7 bureaux de Ministères, 14
postes de police ou des forces de sécurité, 5 banques et deux maisons de
la jeunesse. Le complexe sportif où les athlètes palestiniens des jeux
olympiques et paraolympiques s’étaient entraînés pour les jeux
olympiques de Londres en 2012 est en ruines de même que le beau et
combien nécessaire ministère de l’Intérieur.
Le 20 novembre, Journée Universelle des Enfants, une frappe aérienne a détruit le jardin d’enfants Al Bajan, financé et géré par Oxfam, et endommagé le jardin d’enfants Al Housna. Sara Almer de Oxfam a déclaré que plus de 150 enfants fréquentent ces écoles. "Les enfants sont indemnes mais les bâtiments et les cours de récréation sont en ruines." Ici, "Les enfants sont déjà profondément traumatisés..."
C’est à cause de la dévastation provoquée par l’“Operation Cast Lead”
( 27 décembre 2008-17 janvier 2009) qu’Oxfam a construit cette école et
a aussi remis en état l’arrivée d’eau et les installations sanitaires
qui viennent d’être à nouveau détruites.
Il manque 250 écoles à Gaza, selon cette
organisation —et comme il est interdit d’y importer du matériel de
construction, les 32 écoles supplémentaires et les 2 universités qui
viennent d’être endommagées ne seront pas reconstruites ni d’ailleurs
rien d’autre.
Ironiquement, le jour où les jardins
d’enfants ont été détruits, le Secrétaire Général de l’ONU avait annoncé
que l’ONU lançait un nouveau projet, "L’éducation d’abord"
en l’honneur de la Journée Universelle des Enfants. Cette journée
commémore l’adoption de la Déclaration de l’ONU sur les Droits des
Enfants de 1959 et de la Convention de l’ONU des Droits des Enfants de
1989. La Convention de 1989 est entrée en application le 2 septembre
1990, moins d’un mois après le début de l’embargo de l’ONU contre l’Irak
qui interdisait de vendre à ce pays même le lait pour les bébés.
"Les enfants... ont
besoin de soins attentifs et d’une protection toute particulière et ils
doivent même pouvoir bénéficier de protection légale avant comme après
leur naissance", lit-on dans le préambule de ce beau document.
Les jumeaux de 4 ans, Suhaib et Muhammed Hijazi, ne sauront jamais que, selon l’ONU, ils avaient le droit "d’être protégés."
Ils ont été tués quand leur maison a été bombardée juste avant l’aurore
du Jour Universel des Enfants. Leurs parents, Fouad et Amna sont morts à
l’hôpital.
Saraya, 18 mois, ne pourra pas non plus
lire ces belles paroles. Elle est morte d’une crise cardiaque, de
terreur littéralement, sous les bombardements.
Au moment où les lumières s’éteignaient
dans les hôpitaux de Gaza parce qu’on avait plus de carburant pour les
générateurs, Gilad Sharon — le plus jeune fils de l’ancien premier
ministre Ariel Sharon, 84 ans, qui bénéficie des excellents services de
santé israéliens et est médicalement assisté depuis 2006 — a déclaré :
"Il faut raser des
quartiers entiers de Gaza. Raser Gaza tout entier. Les Américains ne se
sont pas arrêtés après Hiroshima —les Japonais ne se rendaient pas assez
vite, alors ils ont aussi bombardé Nagasaki."
Le ministre l’Intérieur israélien, Eli Yishai, a dit que le but de l’attaque était de "... renvoyer Gaza au Moyen Age."
La Palestine n’a pas d’armée, ni de
Marine, ni d’armement lourd. Israël est une puissance nucléaire non
déclarée qui est considérée comme la 4ième puissance militaire mondiale.
Gaza était, bien sûr, bombardée par des
F-16 et autres armes fournis par les Etasuniens. Mais le 22 novembre,
pendant que les Gazaouis, endeuillés, pleuraient, les Etasuniens se
réjouissaient, mangeaient de la dinde, et priaient pour leurs repas de
fête de Thanksgiving (journée d’action de grâce).
Ce qu’ils devraient plutôt faire ; dans
toutes les villes, c’est brûler la Déclaration et la Convention de l’ONU
sur les Droits des Enfants, la Déclaration de l’ONU sur les Droits
Humains, la Convention de Genève, les Principes de Nuremberg, et faire
un grand feu de tout ces mots qui ne servent à rien puisqu’ils ne
peuvent ni empêcher ni dissimuler la barbarie et l’inhumanité
internationales, oui, faire un énorme feu de joie pour éclairer le
mensonge et l’hypocrisie meurtrière des "États démocratiques" autoproclamés.
Felicity Arbuthnot
The Palestine Chronicle, 24 novembre 2012.
The Palestine Chronicle, 24 novembre 2012.
Felicity Arbuthnot est une journaliste spécialiste de l’Irak. Elle a écrit avec Nikki van der Gaag, "Baghdad" dans
la série des Grande Villes de World Almanac books. Elle a aussi été
responsable de la recherche pour deux documentaires sur l’Irak qui ont
obtenu des prix, Paying the Price : Killing the Children of Iraq de John Pilger et Returns que Denis Halliday a réalisé RTE (Irlande).
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