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mercredi 24 octobre 2012

Le cas Belliraj ou les incohérences de la lutte anti-terroriste du Maroc

Par Salah Elayoubi, demainonline, 24/10/2012

Abdelkader Belliraj
Rachida Belliraj, l’épouse d’AbdelKader Belliraj, ce Belgo-Marocain, condamné, en appel, le 17 juillet 2010, à la prison à perpétuité pour la mise en place d’un « réseau terroriste », lance un appel solennel au monde, afin d’attirer l’attention sur les conditions dramatiques de vie, dans lesquelles se débattent les familles des politiques et des islamistes condamnés à de lourdes peines de prison.

L’affaire Belliraj est au centre d’une série de controverses, qui fait penser que le chef du réseau du même nom aurait, lors des interrogatoires dans les locaux des groupes anti-terroristes, livré, sous la torture, des noms de personnes étrangères à tout acte de terrorisme.

Pour preuve, la justice hollandaise a, en effet, innocenté et libéré fin août 2012, un autre Belgo-Marocain après quatre mois de détention pour « terrorisme ». Les accusations portées par le Maroc, ayant été jugées infondées.

L’homme était accusé par Rabat, qui s’appuyait sur les procès-verbaux des services de sécurité marocains, d’avoir financé, à hauteur de deux millions d’euros, le « réseau terroriste » d’Abdelkader Belliraj.

La Belgique qui avait également interpellé l’intéressé avait, à son tour, refusé de le remettre aux autorités marocaines, devant les incohérences et les approximations apparues dans le dossier. Arrêté en avril dernier pour infraction au code de la route à Venlo, aux Pays-Bas, il avait été placé en prison sous un régime très sévère réservé aux personnes soupçonnées de terrorisme.

On se souvient également que l’Espagne avait innocenté  un certain Mohamed El Bay, sur lequel pesaient les mêmes soupçons. Celui-ci n’avait, alors dû son salut qu’à sa nationalité espagnole, au contraire d’Ali Aarrass que les autorités ibériques n’avaient pas hésité à livrer au Maroc, bien qu’une longue et minutieuse enquête du juge Baltazar Garzon l’ait totalement innocenté de toute activité terroriste et malgré un avis négatif et des mesures provisoires ordonnées par le comité des droits de l’homme de l’ONU siégeant à Genève.

La Belgique, pays dont Ali Aarrass est également citoyen s’était abstenu de toute aide consulaire, ni intervention en sa faveur. Aarrass a été condamné en appel, à douze années d’emprisonnement le 1er octobre 2012, au cours d’un procès où la cause était semble-t-il entendue, tant les juges sont restés sourds aux arguments de la défense.
En octobre 2010 déjà, dans un rapport intituled   »Stop Looking for Your Son : Illegal Detentions Under the Counterterrorism Law in Morocco« , Human Right Watch (HRW) avait dénoncé le traitement réservé par le Maroc aux personnes soupçonnées de terrorisme.

Dans un rapport accablant de cinquante six pages, intitulé  les abus et violations commis dans la lutte anti-terroriste au Maroc, l’ONG s’appuyant sur des témoignages de personnes détenues entre 2007 et 2010, évoquait des lieux de détention secrets pendant des périodes dépassant largement les douze jours de garde à vue prévus par la loi, et des actes de torture ou de mauvais traitement.

Le Maroc, dans une réponse sans précèdent, avait souhaité réagir aux accusations de l’ONG, expliquant : «  le Procureur du roi auprès de la cour d’appel de Rabat a visité le siège de la DST, fouillé dans ses locaux et établi un rapport qui indique qu’il n’y a aucun centre de détention secret et que les accusations de tortures relevées dans le rapport de HRW ne sont pas crédibles puisqu’aucune plainte n’a été déposée dans ce sens« .
La défense d’Abdelkader Belliraj qui continue d’espérer que son client puisse, un jour, bénéficier d’un nouveau procès équitable a essuyé un rejet de son pourvoi en cassation en juin 2012.

Rachida Belliraj
Rachida Belliraj enfourche aujourd’hui, un nouveau cheval de bataille qui concerne les familles des détenus livrées à elles-mêmes et sans soutien financier.
Elle espère par cet appel constituer autour d’elle et des familles des détenus un collectif d’aide et de soutien.

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