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vendredi 26 octobre 2012

Ça y est, workshop19, atelier tunisien de création, existe !

éditions workshop19       
ATELIER TUNISIEN DE CRÉATION
 

دار النشر وَرْشة19
الورشة التونسية للابداع

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En vente dans toutes les bonnes librairies en Tunisie, France, Belgique et Suisse !
Disponible aussi sur Amazon.fr et Fnac.com

Diffusion-distribution Tunisie: SOTUPRESSE 
Tél. 71 322 499

Diffusion France Belgique Suisse : L'Oiseau Indigo
Distribution France-Belgique : Pollen littéral
Distribution Suisse : Servidis
Format 15x23   260 pages
ISBN 978-9938-862-00-3      N° éditeur 862
Prix public : 20 DT  20 € 25 CHF

Écrit par W19, 24/10/2012
Fausto Giudice, Tunis, 21 octobre 2012 - Ça y est, workshop19 existe ! Il aura fallu un an pour que ce projet devienne une réalité, avec la publication de notre premier livre. La réalisation de ce projet a coûté beaucoup de sang, de larmes et de sueur, mais nous y sommes arrivés. Paraphrasant Napoléon, on pourrait dire : " المستحيل موش كلمة تونسية " [al mosta7il mouch kilma tounssiya-Impossible n'est pas un mot tunisien].
Le 5 janvier 2011, alors que je vivais encore en France, j'ai su que Ben Ali n'en avait plus pour longtemps, lorsque j'ai appris qu'au lendemain de la mort de Mohamed Bouazizi, date de la rentrée scolaire et universitaire, les élèves et étudiants se mettaient en grève aux quatre coins du pays. Je me suis donc préparé à retourner dans le pays où j'avais grandi, et où je n'avais pu mettre les pieds durant les 23 ans de la dictature.

En revenant à Tunis, j'ai découvert au fil des mois une société en pleine effervescence et atteinte de graves maladies. Parmi ces maladies, la plus sérieuse me paraît être l'ignorance. Une ignorance cultivée et entretenue par le pouvoir pendant des décennies.

Le livre est un des outils permettant de combattre l'ignorance. Le grand poète espagnol Federico García Lorca a exprimé cela mieux que je ne le saurais faire. Voici ce qu'il déclara dans son discours d’inauguration de la bibliothèque publique de sa ville natale, Fuente de Vaqueros (Grenade) en septembre 1931 :

 
Quand quelqu’un va au théâtre, à un concert ou à une fête quelle qu’elle soit, si le spectacle lui plaît il évoque tout de suite ses proches absents et s’en désole : « Comme cela plairait à ma sœur, à mon père ! » pensera-t-il et il ne profitera dès lors du spectacle qu’avec une légère mélancolie. C’est cette mélancolie que je ressens, non pour les membres de ma famille, ce qui serait mesquin, mais pour tous les êtres qui, par manque de moyens et à cause de leur propre malheur ne profitent pas du suprême bien qu’est la beauté, la beauté qui est vie, bonté, sérénité et passion.
C’est pour cela que je n’ai jamais de livres. A peine en ai-je acheté un, que je l’offre. J’en ai donné une infinité. Et c’est pour cela que c’est un honneur pour moi d’être ici, heureux d’inaugurer cette bibliothèque du peuple, la première sûrement de toute la province de Grenade.
L’homme ne vit pas que de pain. Moi, si j’avais faim et me trouvais démuni dans la rue, je ne demanderais pas un pain mais un demi-pain et un livre. Et depuis ce lieu où nous sommes, j’attaque violemment ceux qui ne parlent que revendications économiques sans jamais parler de revendications culturelles : ce sont celles-ci que les peuples réclament à grands cris. Que tous les hommes mangent est une bonne chose, mais il faut que tous les hommes accèdent au savoir, qu’ils profitent de tous les fruits de l’esprit humain car le contraire reviendrait à les transformer en machines au service de l’État, à les transformer en esclaves d’une terrible organisation sociale.
J’ai beaucoup plus de peine pour un homme qui veut accéder au savoir et ne le peut pas que pour un homme qui a faim. Parce qu’un homme qui a faim peut calmer facilement sa faim avec un morceau de pain ou des fruits. Mais un homme qui a soif d’apprendre et n’en a pas les moyens souffre d’une terrible agonie parce que c’est de livres, de livres, de beaucoup de livres dont il a besoin, et où sont ces livres ?
Des livres ! Des livres ! Voilà un mot magique qui équivaut à clamer : « Amour, amour », et que devraient demander les peuples tout comme ils demandent du pain ou désirent la pluie pour leur semis.
Quand le célèbre écrivain russe Fédor Dostoïevski - père de la révolution russe bien davantage que Lénine - était prisonnier en Sibérie, retranché du monde, entre quatre murs, cerné par les plaines désolées, enneigées, il demandait secours par courrier à sa famille éloignée, ne disant que : « Envoyez-moi des livres, des livres, beaucoup de livres pour que mon âme ne meure pas ! ». Il avait froid ; ne demandait pas le feu, il avait une terrible soif, ne demandait pas d’eau, il demandait des livres, c’est-à-dire des horizons, c’est-à-dire des marches pour gravir la cime de l’esprit et du cœur. Parce que l’agonie physique, - biologique, naturelle d’un corps, à cause de la faim, de la soif ou du froid, dure peu, très peu, mais l’agonie de l’âme insatisfaite dure toute la vie.
Le grand Menéndez Pidal - l’un des véritables plus grands sages d’Europe -, l’a déjà dit : « La devise de la République doit être la culture ». la culture, parce que ce n’est qu’à travers elle que peuvent se résoudre les problèmes auxquels se confronte aujourd’hui le peuple plein de foi mais privé de lumière.

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