"Sa santé s'est vraiment dégradée, il n'a plus rien avalé depuis le 25 août." Engagée dans la défense des droits d'Ali Aarrass, la députée bruxelloise Zoé Genot (Ecolo) tire la sonnette d'alarme.
Ce ressortissant belgo-marocain est détenu au Maroc depuis sa
condamnation à 12 ans de prison en 2012.
Ses avocats, dont les arguments
ont été suivis par plusieurs associations (la Ligue des Droits de
l'Homme, MRAX, Amnesty), dénoncent des aveux extorqués sous la torture
au Maroc; aveux qui ont mené à sa condamnation pour complicité d'actes
terroristes. Des images interpellantes de son état en prison ont récemment été publiées par ces associations, et des mobilisations pour le soutenir se font jour.
Une condamnation à partir d'aveux extorqués sous la torture
S'il est en grève de la faim, c'est pour deux raisons, explique Zoé Genot. "Il a été jugé au Maroc à deux reprises, et il voudrait pouvoir aller en cassation pour faire appel."
Ce qui justifie cette démarche? La députée explique: ses avocats belges
ont constaté que les bases sur lesquelles il a été condamné sont les
aveux qui ont été faits sous la torture. "Il a disparu 12 jours dans
ces fameux centres de torture, et il en est ressorti en ayant signé des
aveux qui sont les éléments sur lesquels se base sa condamnation."
"Ce n'est pas seulement lui, mais le rapporteur de l’ONU qui a établi qu'il y a eu torture", ajoute-t-elle.
Mais ce n'est pas son unique demande. "Il souhaite que la Belgique s’occupe de lui", explique Zoé Genot. Une
demande tout à fait légitime, estime la députée écologiste. Mais il y a
un hic: le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR), ne
serait pas très actif pour défendre ce concitoyen. "Reynders trouve toutes sortes d’excuses pour ne pas le faire."
"Ali Aarrass a besoin de son pays, mais celui-ci est aux abonnés absents"
Ali Aarrass ferait-il les frais d'une politique de "deux poids deux
mesures", à cause de sa binationalité? Zoé Genot en est convaincue. Elle
avance ses arguments. "Les réponses de monsieur Reynders sont
vagues et flottantes. Tout d'abord, il nous dit que nous n'intervenons
jamais dans des dossiers de binationaux. Or, un travail réalisé à l'ULB
montre le contraire."
"Ensuite, il dit que la Convention de La Haye prévoit que on ne
s’occupe pas de la personne quand elle est dans son deuxième pays. Mais
le Maroc n’est pas signataire de la Convention de La Haye!" Zoé Genot rappelle surtout les deux condamnations dont la Belgique a déjà fait l'objet, dans ce dossier: "Des
tribunaux belges disent que la Belgique doit intervenir pour assister
monsieur Aarrass. Et que fait monsieur Reynders ? Il envoie une lettre
aux autorités marocaines, qui répondent que monsieur Aarrass va très
bien!"
Ce que les soutiens d'Ali Aarrass demandent, c'est une visite consulaire sur place. "C'est
comme cela que ça se passe normalement: on envoie un ambassadeur ou un
consul... Ne pas le faire est un mauvais signal pour les binationaux. Et
c'est un mauvais signal, si on veut que tout le monde se dise
pleinement citoyen."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire