Sahraouis, la double peine
En ces temps de vagues de migrants venant de la terrible marmite
moyen-orientale, l’Europe, et la France en particulier, ignore ce qui se
passe au Sahara Occidental. « Un conflit oublié » comme disent, ou
pensent seulement, la plupart des journalistes.
C’est vrai que le désert est propice au silence. Sous le ciel
nocturne où brillent tant d’étoiles, en temps normal, on n’a envie que
de siroter quelques verres de thé, de s’allonger en se tenant la tête
dans la main, le coude appuyé sur un tapis, rêvant d’hier ou de demain.
Mais le peuple sahraoui n’a pas fait le choix de ce silence : c’est l’effet d’un engrenage mortifère.
Double actualité
Aujourd’hui, il y a pourtant une double actualité, totalement ignorée ici :
1) Dans les camps de réfugiés sahraouis installés depuis 1976 en
Algérie, au sud de Tindouf (quelque 150 000 personnes y vivent grâce à
l’aide humanitaire internationale), depuis une dizaine de jours (depuis
le 16 octobre exactement), des pluies diluviennes ravagent les
habitations de terre (adobe), les toiles de tente, et, de manière
générale, tout ce qui se trouve à l’intérieur (nourriture, articles
ménagers, matelas, vêtements…). Les agences de l’ONU et les ONG
présentes sur place estiment à 25 000 le nombre de personnes qui n’ont
plus d’abri. Les maisons qui ne sont pas encore écroulées risquent de le
faire dans les heures ou les jours qui viennent. Les vivres ont été
trempés ; il n’y a plus de réserve d’eau potable.
inondation dans les camps de réfugiés © DR
Les appels à la solidarité fusent de toutes parts. Les réponses
généreuses et rapides n’émanent pas de n’importe quels acteurs : le
gouvernement italien, qui annonce un don d’urgence de 200 000 euros à
l’UNHCR pour lutter contre les conséquences de ces inondations ; la
Commission de l’Union Africaine, qui offre 200 000 dollars pour soutenir
les réfugiés sahraouis ; la Principauté des Asturies, qui prépare une
aide d’urgence de 50 000 euros. Mais rien* du gouvernement central
espagnol – qui s’est débarrassé du Sahara Occidental en novembre 1975,
alors qu’il avait la charge de sa décolonisation, en le donnant au Maroc
contre quelques revenus du phosphate (et accessoirement à la Mauritanie
qui laissera tomber l’affaire dès 1979). Rien du gouvernement français –
qui a beaucoup soutenu le Maroc dans sa politique d’annexion du
Sahara : avec des armes du temps de Valéry Giscard d’Estaing, avec des
pressions au Conseil de sécurité du temps de Jacques Chirac et de
Nicolas Sarkozy ; du temps de François Hollande, on n’est pas bien sûr…
En tous cas le représentant de la France à l’ONU, en avril 2015 encore,
soutenait la proposition marocaine d’autonomie que le royaume veut
imposer à la place du droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même.
2) L’autre actualité, c’est ce qui se passe dans la partie du Sahara Occidental occupée par le Maroc.
Répression Dakhla octobre 2015 © DR
Toutes les manifestations, pacifiques, en faveur de
l’autodétermination y sont systématiquement et souvent violemment
réprimées. Les jeunes en particulier sont arrêtés, mis en prison, et ils
peuvent y rester des mois sans être jugés. La période actuelle –
derniers jours d’octobre et premiers jours de novembre 2015 – est
particulièrement tendue ; les sources locales, par les réseaux sociaux,
signalent que les villes du Sahara occupé – El Aïoun, Smara, Boujdour,
Dakhla – sont soumises à un véritable état de siège militaire, assorti
de descentes dans les maisons et autres traitements brutaux. Une
patrouille de police est déployée dans chaque rue, où déambulent
également de nombreux membres des forces auxiliaires et des services
secrets habillés en civil. En effet, la visite du roi du Maroc est
imminente. Il doit venir à El Aïoun pour prononcer un discours marquant
le 40e anniversaire de la « Marche Verte ». On voit comme
tout cela se passe dans un climat apaisé ! Il n’y a pourtant jamais eu
d’attentat terroriste au Sahara. Les activistes sahraouis luttent
uniquement de manière pacifique.
Cette actualité décrit la double peine à laquelle sont soumis les
Sahraouis : la précarité, la dépendance vis-à-vis de l’aide
internationale, l’absence de ressources et de possibilités de
développement économique dans les camps de réfugiés en Algérie, d’une
part ; d’autre part, dans la partie du Sahara occupée par le Maroc, une
répression qui peut aller très loin – des jeunes sont morts en prison
tel Hassanna Louali à Dakhla en septembre 2014, et les allégations de
torture sont très nombreuses –, une répression qui traduit l’état de
soumission dans lequel le royaume prétend tenir ce pays et ce peuple.
Car, dans l’un et l’autre cas, il s’agit bien d’un même peuple.
La situation actuelle
Construit par le Maroc pendant la guerre qui l’a opposé au Front
Polisario (1976-1991), un « mur » de remblais de sable – long de 2700
km, parsemé de miradors, cerné de barbelés et de champs de mines
anti-personnel qui font toujours des victimes, surveillé par plusieurs
dizaines de milliers de soldats marocains – s’étire en oblique du
nord-est au sud-ouest, séparant le Sahara Occidental en deux morceaux
inégaux. À l’ouest, la partie annexée par le Maroc, qui longe
l’Atlantique très poissonneux à cette latitude, représente plus des 2/3
du territoire ; à l’est, le tiers restant correspond aux territoires
libérés par le Front Polisario, qui y a installé le siège de la
république sahraouie (République Arabe Sahraouie Démocratique, RASD).
Le mur vu d'avion © DR
Côté occupé par le Maroc, c’est le Sahara utile, avec la pêche, le
gisement de phosphates de Bou Craâ, les productives cultures sous serre
de la région de Dakhla, et les possibles gisements de pétrole offshore
que plusieurs multinationale explorent ou se promettent d’explorer, tel
Total. La population, de quelque 500 000 personnes, y est désormais à 80
% d’origine marocaine, le royaume ayant incité les gens du nord, avec
des salaires attractifs (et pour les entreprises des exonérations de
taxes et d’impôts), à venir s’installer au Sahara. Les 20 % restant sont
des Sahraouis, seuls habitants légitimes selon les Conventions de
Genève auxquelles le Maroc est Partie depuis plusieurs années, mais
aussi le Front Polisario depuis juin 2015… Aux termes de ces
Conventions, « les transferts de ressortissants civils de la puissance
occupante dans le territoire occupé, qu’ils soient forcés ou
volontaires, sont interdits » !
De l’autre côté du mur, à l’Est, se trouvent les territoires de la
République Sahraouie, quadrillés par l’armée de libération, parcourus
par des troupeaux de chèvres et de chameaux, selon le mode de vie nomade
traditionnel, avec pour centre administratif Tifariti.
Université d'été_Tifariti © DR
Mais, en raison de l’état de guerre suspendue – le cessez-le-feu de
1991 dure depuis 25 ans, et la paix n’est toujours pas signée –et de la
grande difficulté d’approvisionnement – le « mur » empêche tout accès
aux ressources et aux lieux de vie qui se trouvent à l’ouest –, en
raison de tout cela, les populations civiles qui ont fui sous les
bombardements marocains en 1976 restent très majoritairement dans les
camps de réfugiés établis en Algérie, dans la région de Tindouf.
Deux mondes donc. Des populations coupées de leurs richesses
naturelles, alors que de l’autre côté vivent de ces richesses le Maroc,
son monarque, des potentats locaux, mais aussi des multinationales, des
entreprises franco-marocaines comme celles qui commercialisent en France
les tomates cerises des marques « Azura », « Idyl » ou « Etoile du
sud », l’Union européenne elle-même avec des dizaines de bateaux de
pêche qui sont autorisés, sans le dire, à jeter leurs filets dans les
eaux du Sahara Occidental au titre d’un accord difficilement passé au
Parlement européen.
Désormais pourtant, le Front Polisario, Partie aux Conventions de
Genève depuis juin 2015, est reconnu dans ce cadre comme seul
représentant légitime du peuple sahraoui : cela implique qu’aucune
exploitation des ressources naturelles existant sur le territoire et
dans les zones côtières du Sahara Occidental ne peut se faire en droit
sans son accord. Quelques entreprises étrangères vont devoir revoir
leurs contrats…
Éternel statu quo ?
Un peu d’histoire. À la fin de 1975, Hassan II, très mal en
point sur le plan intérieur après deux tentatives de coup d’État,
reprend habilement à son compte les revendications nationalistes du
parti de l’Istiqlal. Celui-ci rêvait d’un « Grand Maroc » qui, à défaut
d’aller jusqu’au fleuve Sénégal – de mauvaise grâce, le Royaume avait dû
reconnaître l’indépendance de la Mauritanie en 1969 –, engloberait donc
le Sahara Occidental jusqu’alors colonisé par l’Espagne. Hassan II
organise une grosse opération de « com », la dite « Marche verte », où
350 000 Marocains amenés en train, en car, payés et nourris, marchent
« pacifiquement » dans le désert pour réclamer le Sahara, alors que les
régiments de l’armée royale sont massés à la frontière et pénètrent déjà
sur le territoire. Après ce sera l’invasion, la fuite des populations
civiles : plusieurs dizaines de milliers de femmes, d’enfants, de
vieillards cherchant refuge à l’Est, poursuivis et bombardés pour
certains au napalm et au phosphore blanc, comme les Américains le font à
l’époque au Vietnam… Les hommes rejoignent alors massivement les rangs
du Front Polisario, le mouvement de libération sahraoui qui avait pris
les armes contre le colonisateur espagnol depuis 1973, et qui combat
désormais les armées marocaines. La guerre, meurtrière, durera 16 ans,
jusqu’à ce que, sous l’égide de l’ONU et de l’OUA (aujourd’hui Union
Africaine), un cessez-le-feu soit signé en 1991 entre le Maroc et le
Front Polisario, assorti d’un Plan de Paix qui prévoit la mise en œuvre
sous quelques mois d’un référendum d’autodétermination (avec au choix
l’indépendance ou le rattachement au Maroc).
Le cessez-le-feu tient toujours aujourd’hui. Mais le référendum n’a
pas eu lieu : le Maroc a dressé tous les obstacles possibles pour
l’empêcher, multipliant les recours devant la commission
d’identification des votants, et finissant, au tournant des années 2000,
par refuser de continuer à l’envisager. L’envoyé personnel du
Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, James Baker,
après 7 ans de bons et loyaux services, a fini par rendre son tablier en
2004.
Depuis, bien que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui soit toujours à l’agenda de l’ONU, le statu quo
règne. La mission onusienne sur place, la MINURSO, laisse le Maroc
faire ce que bon lui semble, allant jusqu’à accepter des plaques
d’immatriculation marocaines sur ses propres véhicules...
Et le régime marocain montre patte blanche de tous côtés. Il signe
les Conventions internationales contre la torture et contre les
disparitions forcées, mais leur mise en application concrète se fait
toujours attendre. Il crée un Conseil National des Droits de l’Homme
(CNDH), mais celui-ci, entièrement nommé par le Palais royal, ne peut
agir en organe indépendant.
Les issues possibles
Un sursaut de la communauté internationale ? L’ONU a l’entière
responsabilité de la décolonisation du territoire du Sahara Occidental,
qu’elle reconnaît comme non autonome, ce qui signe le droit de son
peuple à disposer de lui-même. Le Maroc n’est même pas reconnu par elle
comme puissance « administrante », ce qui lui imposerait de rendre des
comptes régulièrement sur sa gestion du territoire. En fait, c’est une
puissance occupante, mais l’ONU l’a dit il y a longtemps et ne le répète
plus. Le Maroc n’est donc rien. En tous cas pas, comme il le prétend
haut et fort, un pays souverain au Sahara Occidental. Aucun pays au
monde, même parmi ses plus proches amis, n’a reconnu sa souveraineté sur
le territoire. Peut-on avoir situation plus confuse ?
Qu’est-ce qui pourrait faire bouger les choses aujourd’hui, alors que l’immobilisme règne depuis plus de 10 ans ?
Sans doute l’Union africaine (UA), dont la République sahraouie, la
RASD, est membre de plein droit depuis 1984 (alors que le Maroc s’en est
retiré à cette occasion). Déjà, l’Organisation de l’Unité africaine
avait été à l’initiative, aux côtés d l’ONU, du Plan de paix de 1991. Et
surtout, depuis 2014, l’UA fait entendre sa voix sur le Sahara : elle a
nommé un envoyé spécial pour ce territoire, Joachim Chissano, ancien
président mozambicain, elle a édicté un avis juridique sur le pillage de
ses ressources naturelles, et elle mène dernièrement au sein de
l’Assemblée générale de l’ONU une forte campagne pour que la date du
référendum d’autodétermination soit fixée …
Aura-t-elle la force suffisante pour faire bouger les poids lourds du
Conseil de sécurité que sont les États-Unis, mais surtout la France,
qui parraine le Maroc depuis fort longtemps ? Il y a bien la crainte
d’une explosion du djihadisme dans la jeunesse sahraouie des camps. Mais
jusqu’à maintenant, ce danger n’est pas avéré. Les jeunes pensent à
autre chose, comme nous le verrons plus loin.
Et, il faut bien le dire, le Front Polisario avec l’appui de
l’Algérie constitue un véritable glacis qui protège d’AQMI et d’autres
djihadistes le Sahara Occidental occupé et le Maroc lui-même.
Il n’empêche, à ne rien faire avancer, le risque de dérapage incontrôlé existe.
Ce qui serait sensé à cette étape, ce serait de vraiment négocier –
pas de faire semblant en déniant le droit à l’autodétermination du
peuple sahraoui, qui est de toute façon inaliénable** selon la charte
des Nations Unies. L’autonomie sous souveraineté marocaine n’est pas ce
droit, c’est un faux nez. Sauf si ce sont les Sahraouis qui choisissent
cette option au cours d’un vote…
Le F. Polisario, pour sa part, a ouvert depuis longtemps les
perspectives d’une vraie collaboration avec le Maroc en cas
d’indépendance. Il a tout misé depuis 25 ans sur la voie diplomatique.
Pas une arme n’a claqué depuis 1991. Et les activistes des territoires
occupés – telle Aminatou Haidar, et quoique cela ne la laisse pas
tranquille car les jeunes générations manquent de raisons d’espérer –
sont résolument pacifistes.
Reprise de la lutte armée ? Les jeunes n’ont plus de patience
en effet. Ceux qui sont nés dans les campements, qui ne connaissent pas
d’autre réalité que celle-ci, ou la vie en diaspora, ne croient plus à
la résolution du problème par la diplomatie. Ils n’ont plus foi en la
communauté internationale, malgré ses déclarations de principe. Mais
leur désir fondamental reste le même que celui de leurs aînés : pouvoir
rentrer au pays, quitter l’inhospitalière hamada pour voir les plages et
l’océan.
Ce n’est pas le djihad qui les tente, en tous cas pas ceux que j’ai entendus, ni ceux interviewés par le journaliste de Público dans Necesitamos un líder que nos lleve a la guerra frente a Marruecos
(« Nous avons besoin d’un leader qui nous emmène à la guerre contre le
Maroc »), paru en avril 2015. C’est la lutte armée. Et la lutte armée,
pour eux et pour l’instant, ce n’est pas aller se faire exploser contre
un bâtiment ou dans un lieu symbolisant le Maroc, c’est pousser pour que
l’armée de libération sahraouie reprenne la guerre, avec l’accord du
Front Polisario donc, et s’y joindre. Car ils veulent l’unité, pas les
actions individuelles qui ne mènent à rien…
Mais en même temps, la pression dans la cocotte-minute est forte. Elle pourrait exploser. À la remarque du journaliste de Público qui souligne quelle folie ce serait que des jeunes des camps de réfugiés cherchent à s’affronter avec la 5e
armée la plus puissante du monde arabe, l’un d’eux répond : « Tu dois
comprendre que cela m’est égal de perdre cette vie. Je ne l’aime pas.
Elle ne sert à rien. »
Le même ajoute: « Je fais partie de ceux qui ne croient pas à la
paix. En fait, ce que nous vivons actuellement, ce n’est pas la paix.
C’est la guerre. Il n’y a pas de morts, mais survivre ici, c’est déjà
démontrer que nous ne nous rendons pas. »
Ne pas se rendre, ne pas s’installer
Sans l’utopie de ne plus être un jour des réfugiés, comment
pourraient-ils-elles –surtout elles –se lever le matin, prendre le
petit-déjeuner de pain et de thé, ranger la tente, et s’asseoir pour
attendre, chaque jour ?? C’est pour cela qu’ils ne sont pas vraiment
« installés », que leurs maisons sont en adobe, pas en béton armé.
Les inondations d’aujourd’hui dessinent d’ailleurs un paradoxe :
alors qu’il s’agit d’un très grand désastre matériel, avec des milliers
de familles touchées, d’innombrables destructions, des pénuries, des
risques de dénutrition et d’épidémies, elles ne suscitent pas tant
l’effroi qu’un énorme élan de solidarité entre réfugiés. Les familles
habitant plus en hauteur recueillent celles du bas, là où le flot a tout
emporté. On se serre à vingt ou plus sous une tente faite pour dix. On
partage les vivres. On retrousse ses manches pour aider à déblayer. Une
réfugiée d’un certain âge déclare : « Ça nous est égal si tout est
inondé. Nous voulons seulement l’indépendance et notre terre. »
C’est même le règne de la bonne humeur, comme le montre la photo
ci-dessous d’une femme qui apporte du pain dans un coin du camp. Un
poète improvisé le clame : « La vie n’est pas attendre que la tempête
passe, c’est apprendre à danser sous la pluie ! »
Jeune femme apportant du pain © dr
Un souvenir personnel me revient : il y a trois ans, des activistes des territoires occupés du Sahara Occidental étaient venus témoigner ici, en France. L’un d’eux, qui avait été abondamment torturé par des policiers marocains, venait d’en terminer le récit devant des représentants du Secours populaire français. Nous avions tous été bouleversés, les larmes aux yeux. En sortant, il bavardait en riant avec une autre jeune activiste sahraouie. Surprise, je leur demandai comment ils faisaient pour rire aussitôt après l’évocation de telles horreurs. Elle me répondit : « Mais c’est la lutte qui nous donne l’espoir !! » Et la bonne humeur donc…
Un souvenir personnel me revient : il y a trois ans, des activistes des territoires occupés du Sahara Occidental étaient venus témoigner ici, en France. L’un d’eux, qui avait été abondamment torturé par des policiers marocains, venait d’en terminer le récit devant des représentants du Secours populaire français. Nous avions tous été bouleversés, les larmes aux yeux. En sortant, il bavardait en riant avec une autre jeune activiste sahraouie. Surprise, je leur demandai comment ils faisaient pour rire aussitôt après l’évocation de telles horreurs. Elle me répondit : « Mais c’est la lutte qui nous donne l’espoir !! » Et la bonne humeur donc…
Conclusion provisoire
Il y a quelque chose à tirer de cela. On ne peut pas laisser tant de
dignité, tant de « vertu »*** (j’ose le mot) sans y répondre. On n’est
pas dans un conflit inextricable comme au Moyen Orient. Il ne s’agit pas
de casser le Maroc, mais seulement de l’amener, dans l’intérêt bien
compris de son peuple et de son régime, à respecter le droit inaliénable
du peuple sahraoui à s’autodéterminer, et de négocier ses intérêts
économiques et stratégiques avec les représentants du F. Polisario (qui
sont prêts à cela).
* : Rectification : hier 31 octobre, le gouvernement espagnol a fait
savoir, lors de la visite du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon en
Espagne, qu’il verserait 200 000 euros pour les réfugiés sahraouis en
passant par le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR).
** : Coïncidence, Ban Ki-Moon vient juste de rappeler à Barcelone que
seuls les peuples des territoires non autonomes ont le droit de
disposer d’eux-mêmes aux yeux de l’ONU ; les territoires faisant partie
d’un État comme la Catalogne font ce qu’ils veulent, mais cela ne relève
pas des Nations Unies.
*** : Il y a bien sûr des défauts au F. POLISARIO. D’ailleurs
certains les critiquent vertement sur les réseaux sociaux :
autoritarisme passé ou actuel, tribalisme, corruption… Cela existe sans
aucun doute. Mais les principes et la volonté politique générale –
libération, émancipation, égalité des hommes et des femmes – restent
valides, respectables, et surtout ne représentent aucune menace pour les
pays et les peuples de la région…
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