Mohammed Jaabouk, 23/10/2015
En juillet, un juge français a sollicité une commission
rogatoire au Maroc pour effectuer des fouilles au centre de détention
PF3 près de Rabat à la recherche des restes de Mehdi Ben Barka. Une
demande restée lettre morte. En l’absence de comparution des derniers
suspects encore en vie, la requête est la seule voie qui se présente au
magistrat chargé de ce dossier.
Mehdi Ben Barka / DR |
L’AFP souligne que l’audition en 2009 d’un « truand affirmant avoir recueilli les confidences de Georges Boucheseiche (impliqué dans l’affaire), pourrait éclairer l'enquête ». Selon ce témoignage, Ben Barka aurait succombé à un coup aux vértèbres cervicales que lui aurait asséné Boucheseiche. Sauf qu’il est très difficile de s’assurer de la véracité de ces déclarations, l'auteur du coup mortel étant décédé, dans des circonstances mystérieuses, à Tanger en 1972.
Un autre juge français adresse une demande embarrassante à Rabat
Si la piste de l’ « accident mortel » est impossible à vérifier, à moins qu'une force majeure ne contraigne les derniers suspects encore en vie à parler, il reste l’option des fouilles au PF3. La dépouille, ou ce qui en restait, aurait été rapatriée au Maroc et serait enterrée au centre PF3 de Bir Errami à Rabat, un haut lieu de la torture durant les années 60 et le début des années 70, connu pour ses orangers.
Justement l’AFP assure que Cyril Paquaux, le nouveau juge en charge du dossier, a « demandé à entendre certaines personnes au Maroc et à entreprendre des fouilles dans le PF3. Des demandes qui sont toujours restées lettre morte ».
Si par le passé les autorités marocaines avaient autorisé des sit-in et des caravanes près des autres centres de détentions tels Tazmamart, Agdz ou Derb Moulay Cherif, elles se sont toujours montrées très fermes face aux initiatives similaires devant le PF3. En témoigne l’interdiction du sit-in de juillet 2006.
L’assassinat de Ben Barka n’est pas uniquement une affaire franco-marocaine, puisque Israël y avait joué un rôle. C’est ce qu’avait révélé en décembre 2014 Rafi Eitan, un ancien agent du Mossad. Le juge français chargé de l’enquête avait sollicité l’audition de l’espion mais sans succès.
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