Crédit Photo: DR
|
La
politique étrangère du gouvernement Hollande poursuit celle de l’ancien
locataire de l’Élysée. Politique néocoloniale de la canonnière, refus
de reconnaître les crimes de l’État colonial, les exactions
gouvernementales d’amis douteux et de faire la lumière sur les
assassinats de dizaines d’opposants étrangers sur le sol de la France…
On n’efface rien et on garde le cap.
Au Maroc, le makhzen
étend toujours ses filets de surveillance et de répression sur les
militants du Mouvement du 20 février, de La Voie démocratique, les
syndicalistes et les défenseurs des droits de l’homme de l’AMDH. Les
jeunes rappeurs qui revendiquent une vie décente, dénoncent la
corruption, se retrouvent en prison où la torture perdure tout comme
dans les commissariats.
Le droit d’expression est une formule qui
tend à disparaître.
La presse indépendante, née à la mort du dictateur,
est peu à peu bâillonnée par des amendes, peines de prison et
l’étranglement économique. Depuis l’été 2014, l’AMDH est officiellement
interdite de salles publiques pour ses formations, et de locaux
scolaires où elle organisait des animations pour enfants et adolescents
durant les vacances. Si elle loue une salle privée, le propriétaire est
contacté et dissuadé de donner suite. Les militants de La Voie
démocratique qui tractaient sur la voie publique pour appeler à
l’abstention aux dernières élections, se sont vu confisquer leur
matériel, parfois molestés ou arrêtés.
"Dortoir " à la Prison Noire |
Double peine au Sahara
occidental colonisé !
Depuis avril 2014, c’est territoire interdit à
tout ce qui ne ressort pas du « vrai » tourisme : plus de 70 étrangers
de 11 nationalités ont été empêchés d’entrer, dont 8 enlevés et remis
dans les mains de sbires inconnus pour être ramenés à Agadir. Ils et
elles étaient venus en tant que militants, élues, journalistes,
photographes, réalisateurs. Cet été, une délégation syndicale
internationale a été empêchée de venir y rencontrer des travailleurs
sahraouis. Des procès inéquitables s’y déroulent, désormais sans
observateur, comme en septembre 2015 pour le jeune militant Salah
Lebsir, 23 ans, condamné à quatre ans de prison pour ses activités en
faveur de l’indépendance de son pays. Il les purge dans la sinistre
« prison noire » d’El Ayoun1.
Coopération et déni de justice
Des
militants invités à l’étranger sont interdits de voyager sous divers
prétextes. Les prisonniers politiques sont harcelés à chaque cession du
Conseil des droits de l’homme à Genève. Le Maroc vient de s’y faire
épingler par le Conseil des droits économiques sociaux et culturels en
septembre dernier. C’est ce qui a valu une descente de gardiens dans les
cellules des 22 militants condamnés par le Tribunal militaire en
février 2013 à des peines de prison de vingt et trente ans et même à
perpétuité pour certains. Quant à leur pourvoi en cassation, il est aux
oubliettes de ce que l’on appelle la Justice.
La dernière
compromission de la France avec le Maroc est l’amendement à l’accord
bilatéral de coopération judiciaire. Désormais un juge français doit
informer le Maroc de l’ouverture de toute procédure relative à un crime
commis au Maroc qui pourrait mettre en cause la responsabilité d’un
Marocain. Ainsi, un juge français saisi par une victime de torture
(quelle que soit sa nationalité) devrait céder le dossier au juge
marocain. Un véritable déni de justice pour les victimes qui
n’obtiennent ni justice ni réparation au Maroc et sont condamnés pour
allégation mensongère, comme ce fut le cas pour la jeune militante Wafae
Charaf.
Plus que jamais, l’avenir de ces deux peuples est lié à
l’avènement d’un Maroc démocratique et au respect de la Charte des
Nations unies quant au droit inaliénable et imprescriptible des peuples à
s’autodéterminer.
Michèle Decaster (militante de l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique - AFASPA)
- 1. Rapport sur « la prison noire », écrit par Ahmed Naciri pendant son incarcération et adressé à l’AFASPA : http ://www.afaspa.com/article.php3 ?id_articl...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire