Le Bureau de
l’AMDH-Paris/Ile-de-France, Paris, le 3 juillet
2014
L’Etat
marocain s’acharne contre un artiste critique. Condamnation pour la troisième
fois en l’espace de trois ans du rappeur Mouad Belghouat, alias Elhaked,
militant du mouvement du 20 février.
Le verdict est
tombé. Mouad
Belghouat, artiste du mouvement du 20 février, est condamné à quatre mois de
prison ferme avec des dédommagements et une amende allant jusqu’à 15500 dirhams
(environ 1380 euros), le mardi 1er juillet 2014, par le tribunal de
première instance d’Aïn Sbae de Casablanca. C’est la troisième fois qu’il est
condamné dans des conditions loin des exigences minimales d’un procès
équitable.
La première fois, il a été arrêté le 9
septembre 2011 suite à une plainte déposée par un membre de « l’alliance
royale » accusant Mouad de l’avoir agressé. Le juge du tribunal d’Aïn Sbae à
Casablanca l’a condamné à 4 mois de prison et 500 DH d’amende. Il est libéré le
12 janvier 2012. Son procès a connu plusieurs incohérences et contradictions
entre procès-verbal de police et les déclarations du plaignant. Son cas a connu
une large mobilisation citoyenne et a été soutenu par plusieurs organisations
telles que l’Association Marocaine des Droits Humains, Amnesty International et
Human Rights Watch.
La deuxième fois, il est arrêté le 29
mars 2012 et est accusé d’« «outrage envers un corps constitué» (article 265 du
code pénal). Le tribunal s’est appuyé sur une chanson diffusée sur internet sous
l’intitulé de « Chiens de l’Etat ». Il a été condamné à 1 an de prison ferme et
a été libéré le 28 mars 2013.
Aujourd’hui, avec la nouvelle
condamnation, il va de soi que l’Etat s’acharne
contre Mouad en particulier et les militant(e)s du mouvement du 20 février en
général. Il a été interpellé au départ pour « trafic illicite de billets d’un
match de foot », « ivresse sur voie publique » et « violence envers un agent de
la force publique dans l’exercice de ses fonctions » (article 267 du code pénal
marocain). Ce nouveau procès a connu plusieurs irrégularités : non-respect du
caractère public de l’audience, procès-verbal falsifié, refus d’entendre les
témoins à charge et à décharge, refus de convoquer les plaignants, refus de
convoquer le médecin ayant délivré des attestations médicales aux deux
plaignants. Mouad ainsi que sa défense ont quitté le tribunal en dénonçant un
procès fabriqué, loin des critères minimalistes de procès équitable (violation
des articles 291-323 du code de procédure pénal, violation de l’article 23 de la
constitution, violation des engagements de l’Etat marocain, notamment l’article
14 du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques).
Connu pour ses chansons virulentes
envers les pouvoirs en place comme « Klab Edawla » (Les chiens de l’Etat) ou
encore « baraka » (Assez !), il est considéré comme le chanteur du mouvement du
20 février.
Par ce communiqué,
l'AMDH-Paris/Ile-de-France :
- Dénonce l’acharnement de l’État marocain contre un rappeur engagé. Les opinions de Mouad Belghouat ne sauraient justifier un tel acharnement. L’État doit garantir le respect de la liberté d’expression et tenir ses engagements.
- Demande l’arrêt des poursuites de l’État marocain contre Mouad Belghouat, sa libération immédiate et l’abandon de toutes les charges contre ce jeune rappeur.
- Alerte l’opinion publique, nationale et internationale, sur l’accélération de la répression au Maroc malgré la recrudescence du discours sur le respect des droits humains et les opérations de communications autour de cela. Le Maroc avance à deux vitesses. Il adopte un double discours. Signature de conventions des droits humains, déclarations de bonne foi, multiplication de textes, etc. et en même temps : la torture, la détention politique, la répression des manifestant(e)s, les intimidations, les harcèlements, les condamnations, etc. persistent.
- Appelle toutes les personnes et organisations militantes au Maroc, en France et ailleurs à faire pression pour obtenir la libération immédiate de Mouad Belghouat et tou(te)s les prisonniers politiques et d’opinion.
Le Bureau de
l’AMDH-Paris/Ile-de-France, Paris, le 3 juillet
2014
Contact :
- Tél : 06 18 66 15 58
- Email : amdh.paris@gmail.com
- Facebook: AMDHParis
- Site web: www.amdhparis.org
- Twitter : @AMDHParis
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Une image,un drapeau noir triptyque de dignite, justice ,liberte, portrait d'un detenu politique parmi des centaines et une enfant qui porte fougueusement les maux des grands . On ne nait pas militant(e), on le devient.
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