La bousculade tragique de lundi soir
dans la cour d’une école de Marrakech, lors des traditionnels tarawih, a
profondément ému l’opinion publique nationale. Intervenue lors d’une
pratique religieuse particulièrement courue par les fidèles lors du mois
sacré, ce drame interpelle à la fois les autorités, mais aussi nos
consciences, dans la mesure où la sécurité des personnes ne paraît pas
être le souci majeur des responsables, tandis que nombre de nos
concitoyens ne se préoccupent pas d’autrui dans leur vécu quotidien.
Une enquête va être diligentée sur les
causes et les circonstances de cette panique meurtrière, alors que le
déclenchement d’un début d’incendie serait à l’origine de ce mouvement
de foule qui a entraîné le piétinement de dizaines de personnes avec
comme bilan, deux décès et de nombreux blessés.
Mais, avant même la publication des résultats d’une enquête absolument nécessaire, des questions pressantes se posent.
Quelle est l’autorité qui a donné
l’autorisation d’organiser les prières surérogatoires dans cette cour
d’école du quartier de Sidi Youssef Ben Ali ?
Qui s’est assuré au préalable que les
lieux étaient conformes aux normes minimales de sécurité, notamment en
termes de passages de secours et voies d’évacuation, d’espace et de
capacité d’accueil des fidèles ?
A-t-on au moins pris la peine de
considérer que l’affluence prévisible des citoyens et des citoyennes
méritait la présence de forces de l’ordre, d’éléments de la Protection
civile, d’ambulances, pour une intervention rapide en cas d’accident ?
La piété qui s’exprime encore plus
fortement lors du mois de Ramadan est connue et devrait être appréhendée
comme telle par les responsables du maintien de l’ordre et de la
préservation de la sécurité publique. Mais Ramadan et les tarawihs ne
sont pas des festivals !
Et une rapide tournée dans les environs
de la grande majorité des mosquées, dans toutes les grandes villes du
Royaume nous montrerait que ces séances nocturnes très fréquentées ne
sont absolument pas encadrées par les autorités et les différents corps
de la sécurité publique.
Aux abords des mosquées, où les
Marocains prient en masse chaque soir du Ramadan, seuls officient, dans
la plus belle des pagailles, les gardiens autoproclamés de voitures !
Pas l’ombre d’une voiture de police, d’une ambulance ou d’une estafette
des pompiers !
Cette réalité, connue de tous, a sans
douté été encore plus prégnante à Marrakech dans la préfecture de Sidi
Youssef Ben Ali, connue pour la forte implantation de courants religieux
rigoristes.
Ce quartier, de façon très visible, est
le lieu de prédilection des fondamentalistes et autres salafistes. Les
longues barbes, la burqua ou le niqab y prolifèrent, ce qui conduit à
s’interroger sur la responsabilité de ceux qui ont organisé et conduit
les tarawih dans cette cour d’école.
Le directeur de cet établissement
avait-il donné son accord ? Sa hiérarchie était-elle au courant ? Quelle
sera l’institution qui prendra en charge l’éventuelle indemnisation des
victimes et les suites ou séquelles de cette bousculade pour les
blessés ?
Voilà les légitimes interrogations qui
devraient constituer des axes pour l’enquête des autorités, mais aussi
permettre la prise de conscience que les rassemblements humains,
notamment pour les pratiques religieuses, répondent aux mêmes
contraintes et obligations organisationnelles que les événements
sportifs, les festivals et autres meetings politiques.
Ramadan fait partie du vécu de tous les Marocains, de notre quotidien durant un mois entier chaque année.
Il n’est pas concevable que les pouvoirs
publics n’en réglementent et ni n’en contrôlent le bon déroulement,
dans tous les aspects et lieux qui méritent leur indispensable présence,
leur intervention éventuelle, leur anticipation indispensable.
*Tarawih — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Tarawih
Les tarawih (arabe : تراويح) sont les prières quotidiennes du soir, exécutées après celle de la Isha, pendant le mois de jeûne du Ramadan
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