Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

samedi 5 juillet 2014

Drame du tarawih de Marrakech, à qui la faute ?



tarawih marra


La bousculade tragique de lundi soir dans la cour d’une école de Marrakech, lors des traditionnels tarawih, a profondément ému l’opinion publique nationale. Intervenue lors d’une pratique religieuse particulièrement courue par les fidèles lors du mois sacré, ce drame interpelle à la fois les autorités, mais aussi nos consciences, dans la mesure où la sécurité des personnes ne paraît pas être le souci majeur des responsables, tandis que nombre de nos concitoyens ne se préoccupent pas d’autrui dans leur vécu quotidien.

Une enquête va être diligentée sur les causes et les circonstances de cette panique meurtrière, alors que le déclenchement d’un début d’incendie serait à l’origine de ce mouvement de foule qui a entraîné le piétinement de dizaines de personnes avec comme bilan, deux décès et de nombreux blessés.

Mais, avant même la publication des résultats d’une enquête absolument nécessaire, des questions pressantes se posent.

Quelle est l’autorité qui a donné l’autorisation d’organiser les prières surérogatoires dans cette cour d’école du quartier de Sidi Youssef Ben Ali ?

Qui s’est assuré au préalable que les lieux étaient conformes aux normes minimales de sécurité, notamment en termes de passages de secours et voies d’évacuation, d’espace et de capacité d’accueil des fidèles ?

A-t-on au moins pris la peine de considérer que l’affluence prévisible des citoyens et des citoyennes méritait la présence de forces de l’ordre, d’éléments de la Protection civile, d’ambulances, pour une intervention rapide en cas d’accident ?

La piété qui s’exprime encore plus fortement lors du mois de Ramadan est connue et devrait être appréhendée comme telle par les responsables du maintien de l’ordre et de la préservation de la sécurité publique. Mais Ramadan et les tarawihs ne sont pas des festivals !

Et une rapide tournée dans les environs de la grande majorité des mosquées, dans toutes les grandes villes du Royaume nous montrerait que ces séances nocturnes très fréquentées ne sont absolument pas encadrées par les autorités et les différents corps de la sécurité publique.

Aux abords des mosquées, où les Marocains prient en masse chaque soir du Ramadan, seuls officient, dans la plus belle des pagailles, les gardiens autoproclamés de voitures ! Pas l’ombre d’une voiture de police, d’une ambulance ou d’une estafette des pompiers !

Cette réalité, connue de tous, a sans douté été encore plus prégnante à Marrakech dans la préfecture de Sidi Youssef Ben Ali, connue pour la forte implantation de courants religieux rigoristes.

Ce quartier, de façon très visible, est le lieu de prédilection des fondamentalistes et autres salafistes. Les longues barbes, la burqua ou le niqab y prolifèrent, ce qui conduit à s’interroger sur la responsabilité de ceux qui ont organisé et conduit les tarawih dans cette cour d’école.

Le directeur de cet établissement avait-il donné son accord ? Sa hiérarchie était-elle au courant ? Quelle sera l’institution qui prendra en charge l’éventuelle indemnisation des victimes et les suites ou séquelles de cette bousculade pour les blessés ?

Voilà les légitimes interrogations qui devraient constituer des axes pour l’enquête des autorités, mais aussi permettre la prise de conscience que les rassemblements humains, notamment pour les pratiques religieuses, répondent aux mêmes contraintes et obligations organisationnelles que les événements sportifs, les festivals et autres meetings politiques.

Ramadan fait partie du vécu de tous les Marocains, de notre quotidien durant un mois entier chaque année.

Il n’est pas concevable que les pouvoirs publics n’en réglementent et ni n’en contrôlent le bon déroulement, dans tous les aspects et lieux qui méritent leur indispensable présence, leur intervention éventuelle, leur anticipation indispensable.


  *Tarawih — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Tarawih
Les tarawih (arabe : تراويح) sont les prières quotidiennes du soir, exécutées après celle de la Isha, pendant le mois de jeûne du Ramadan

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire