Nicolas César, La Croix, 23/6/2014
Les demandes
d’asile de ressortissants sahraouis : nouveau phénomène migratoire
qui prend de l’ampleur et embarrasse la préfecture de Gironde. Le Sahara
occidental est le théâtre d’un conflit entre le Maroc et l’Algérie.
Ils
sont près d’une quarantaine de Sahraouis à vivre dans d’anciens wagons à
animaux entièrement rouillés, sur une voie désaffectée, à moins d’un
kilomètre de la gare de Bordeaux.
« Au Sahara occidental, c’est bien pire », souffle Chejamed, 41 ans, père de deux enfants, arrivé en France le 9 octobre, via l’Espagne. « Là-bas, nous sommes dans des camps de réfugiés, où il n’y a ni travail, ni eau potable, ni électricité, ni soins médicaux. »
Depuis le retrait des colons espagnols en 1975, son peuple est pris en étau entre le Maroc qui a conquis la majeure partie du Sahara occidental, et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, qui en réclame l’indépendance. Et l’ONU ne reconnaît la souveraineté à aucun des deux…
Lire notre Dossier : La France, terre de promesses pour les réfugiés
Pour l’heure, ces Sahraouis sont en situation régulière. Mais depuis désormais plus de cinq mois, ils attendent que leur demande d’asile politique soit traitée par l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Or, leurs chances d’obtenir gain de cause semblent minces.
Seuls quelques-uns, à l’image de Chejamed, sont membres d’un mouvement politique, tel que Chabab Al Islah, qui refuse l’ingérence de l’Algérie dans les affaires intérieures du pays. Ce qui lui a valu plusieurs mois de prison. Problème, « il leur est difficile de fournir les preuves attestant de menaces en raison de leur engagement politique », regrette Me Pierre Landete, l’avocat de Chejamed et fondateur de l’Institut de défense des étrangers à Bordeaux.
En cas de refus de l’Ofpra, ils se retrouvent en situation irrégulière et donc expulsables… Car tout éventuel recours n’est pas suspensif. « On peut aussi demander une régularisation à titre “humanitaire” auprès du préfet », suggère Me Pierre Landete. Mais, à ce jour, un seul d’entre eux a un avocat.
Depuis le début de l’année, la préfecture de Gironde a enregistré 58 demandes d’asile de ressortissants sahraouis. « C’est un phénomène migratoire nouveau et complexe. Sahraoui n’est pas une nationalité. Ils peuvent être marocains, algériens, mauritaniens, espagnols… », rappelle le préfet Michel Delpuech. Une enquête est en cours. « Je veux m’assurer que nous ne sommes pas dans un détournement de l’asile politique pour accéder à notre territoire ». D’autant plus que ces cinq dernières années, le nombre de demandeurs d’asile a doublé en France.
« Au Sahara occidental, c’est bien pire », souffle Chejamed, 41 ans, père de deux enfants, arrivé en France le 9 octobre, via l’Espagne. « Là-bas, nous sommes dans des camps de réfugiés, où il n’y a ni travail, ni eau potable, ni électricité, ni soins médicaux. »
Depuis le retrait des colons espagnols en 1975, son peuple est pris en étau entre le Maroc qui a conquis la majeure partie du Sahara occidental, et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, qui en réclame l’indépendance. Et l’ONU ne reconnaît la souveraineté à aucun des deux…
Ils ont tout quitté pour « le pays des droits de l’homme »
Désabusés de cette vie sans espoir dans les camps de la « honte » de Tindouf, contrôlés par le Front Polisario, dans le sud-ouest du désert algérien, ces jeunes hommes, ayant pour la plupart la vingtaine, voire la trentaine, ont tout quitté : leur pays, leur femme et leurs enfants pour « améliorer leur futur ». « La France, c’est le pays des droits de l’homme », clame, avec ferveur, Chejamed.Lire notre Dossier : La France, terre de promesses pour les réfugiés
Pour l’heure, ces Sahraouis sont en situation régulière. Mais depuis désormais plus de cinq mois, ils attendent que leur demande d’asile politique soit traitée par l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Or, leurs chances d’obtenir gain de cause semblent minces.
Seuls quelques-uns, à l’image de Chejamed, sont membres d’un mouvement politique, tel que Chabab Al Islah, qui refuse l’ingérence de l’Algérie dans les affaires intérieures du pays. Ce qui lui a valu plusieurs mois de prison. Problème, « il leur est difficile de fournir les preuves attestant de menaces en raison de leur engagement politique », regrette Me Pierre Landete, l’avocat de Chejamed et fondateur de l’Institut de défense des étrangers à Bordeaux.
Une situation très précaire
Autre problème, en attendant une réponse de l’Ofpra, ces Sahraouis n’ont pas le droit de travailler. L’État leur octroie une allocation temporaire d’attente, soit 300 € mensuels, pour subvenir à leurs besoins. Heureusement, le Secours populaire et les Restos du cœur les aident à se nourrir et à se vêtir. Mais, beaucoup souffrent de l’éloignement avec leurs familles et de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.En cas de refus de l’Ofpra, ils se retrouvent en situation irrégulière et donc expulsables… Car tout éventuel recours n’est pas suspensif. « On peut aussi demander une régularisation à titre “humanitaire” auprès du préfet », suggère Me Pierre Landete. Mais, à ce jour, un seul d’entre eux a un avocat.
Depuis le début de l’année, la préfecture de Gironde a enregistré 58 demandes d’asile de ressortissants sahraouis. « C’est un phénomène migratoire nouveau et complexe. Sahraoui n’est pas une nationalité. Ils peuvent être marocains, algériens, mauritaniens, espagnols… », rappelle le préfet Michel Delpuech. Une enquête est en cours. « Je veux m’assurer que nous ne sommes pas dans un détournement de l’asile politique pour accéder à notre territoire ». D’autant plus que ces cinq dernières années, le nombre de demandeurs d’asile a doublé en France.
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