2/5/2014
Sahara Occidental, le squelette est nu
Chaque
grain de sable accumulé magnifie la rose du désert, finalement cruelle momie.
Le tableau
pourrait être superbe s’il ne s’agissait d’humains, d’un peuple, de nos concitoyens.
Le monde
entier, nos Nations Unies ont décidé en Conseil de Sécurité de renouveler le mandat de leur mission au Sahara Occidental sans y rien changer. La Minurso,
mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental, qui
n’organise pas le referendum depuis 1991, ne fera donc rien d’autres que de ne
pas organiser…
La Minurso
ne surveillera pas le respect des droits humains des Sahraouis, ni ne garantira
le respect de leur droit inaliénable sur leurs ressources naturelles.
La
promesse onusienne d’un réexamen de l’ensemble du processus en 2015 « si
rien n’a changé » en un an est une parole dont la mise en œuvre dépendra
de la contingence et laisse peu d’espoir, même si l’on aimerait par exemple que
l’ensemble du conseil de sécurité, les intéressés, les amis et les voisins
s’assoient et cherchent une solution pour la trouver….
Sur le terrain,
dans le sable, d’un côté du mur des réfugiés confinés dans un état de crise d’urgence
prolongé 39 ans, de l’autre le Maroc colonisateur qui surexploite les
ressources naturelles jusqu’à plus soif, pillant tout ce qu’il est possible
tant que les tergiversations coupables et complices des Nations Unies rendent ces
dernières mercantilement aveugles. Le régime marocain exploite la terre, la mer,
le soleil et le vent sahraouis, et fait de grands efforts pour y dissoudre le
peuple, par la terreur, la violence, les interdictions multiples.
Pourtant
cette fois encore, après les auto-félicitations multilatérales, parce qu’un
petit mot est ou n’est pas dans un texte diplomatiquement écrit pour servir la
fossilisation, chacun reprendra ses refus et revendications. Les mêmes.
Revendication
de l’autodétermination, ce referendum promis et contractualisé pour les
Sahraouis, refus de tout pour le Maroc.
Le droit international
est favorable aux Sahraouis, sans aucun doute. Mais le monde ne bouge pas d’un
iota pour le faire appliquer. Lorsque les Sahraouis ne changent pas de
discours, revendication ou stratégie internationale, que font-ils ?
La
confiance populaire dans nos Nations Unies ne devrait pourtant plus les abuser.
Ils sont au cœur du mécanisme et le savent. Nos Nations Unies ont trahi. Elles
attendent que quelque chose change. Elles aussi.
Et peut-être une étincelle extérieure. Mais celle-ci n’assurerait aucun résultat sinon
aléatoire et incertain. L’explosion populaire du Maroc, de l’Algérie,
l’embrassement du Sahel, du Mali ne feraient qu’un paramètre supplémentaire à
prendre en compte, difficultés de circulation, sur-militarisation, ingérences…
La reprise
sahraouie des armes, souvent « promise », loin d’être une
solution, ne pourrait être que le fruit d’une décision populaire ou la réaction
à un événement. L’attaque par les autorités marocaines des quelques 20 000
Sahraouis de la manifestation populaire de Gdaim Izik en 2010 en territoires
occupés n’ayant pas déclenché la dite réaction militaire pour la protection de
ses citoyens, rien ne se profile qui pourrait justifier le trouble de la « stabilité »
de la région.
Alors, vu
de l’extérieur, si l’on est adepte de la liberté, du respect du droit, amis de
ce peuple fier, on se prend à espérer.
Espérer que
les Sahraouis reprennent le travail quotidien pour leur liberté, distillent
l’humour des vents de sable et de l’immensité, surprennent, bousculent les relations
enkystées. Qu’ils changent de manières, de méthodes, de discours, chamboulent
leurs rapports aux Nations Unies, se désolidarisent de la spirale infernale de
son temps et de ses résolutions annuelles et répétées, pour imposer le leur,
leur calendrier de la construction de leur avenir.
Les
Nations Unies méritent qu’on force le jeu de leur efficience pour qu’elle
s’avère, sans discrimination ni calculs impardonnables.
APSO, 2 mai 2014
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