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samedi 3 mai 2014

Il faut commémorer la journée nationale de l’abolition de l’esclavage le 10 mai 2014.

Communiqué de l’association des amis du général Dumas, présidée par Claude Ribbe, écrivain et réalisateur, à propos du refus de M. Franck Briffaut, maire FN de Villers-Cotterêts (Aisne), patrie du général Dumas et d’Alexandre Dumas, issus de l’esclavage, de commémorer la journée nationale de l’abolition de l’esclavage le 10 mai 2014.

Le maire de Villers-Cotterêts, M. Franck Briffaut (Front National) a déclaré le 17 avril 2014 dans une vidéo publiée sur le site du journal  L’Express qu’il refuse de célébrer dans sa commune la journée nationale d’abolition de l’esclavage le 10 mai 2014.
Cette journée résulte des dispositions de la loi n° 2001-434 du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité et qui prévoit qu’ « en France métropolitaine, la date de la commémoration annuelle de l'abolition de l'esclavage est fixée par le Gouvernement après la consultation la plus large. »
Le décret n°2006-388 du 31 mars 2006, pris en application de cette loi, dispose qu’ « en France métropolitaine, la date de la commémoration annuelle de l'abolition de l'esclavage est fixée au 10 mai», que « chaque année, à cette date, une cérémonie est organisée à Paris » et qu’ « une cérémonie analogue est organisée dans chaque département métropolitain à l'initiative du préfet ainsi que dans les lieux de mémoire de la traite et de l'esclavage ».
Villers-Cotterêts est principalement connue pour être la patrie des Dumas et en particulier du général Dumas, né esclave à Saint-Domingue (aujourd’hui République d’Haïti), glorieux soldat de la Révolution, victime en son temps de la haine raciste.
En 1789, le futur général Dumas, simple dragon et « homme de couleur »  fut accueilli chaleureusement par la population de Villers-Cotterêts et épousa une fille du pays. C’est à Villers-Cotterêts que naquit sont fils, Alexandre Dumas, afro-descendant, fils et petit fils d’esclaves antillais, écrivain français talentueux, populaire et mondialement connu.
L’Association des Amis du général Dumas est à l’origine de  l’installation, en décembre 2006, à Villers-Cotterêts, d’une plaque commémorant le bicentenaire de la mort du général Dumas, qui repose auprès de sa femme dans le cimetière communal.
Cette plaque a été apposée sur l’ancien hôtel de l’Epée où est mort le général.
Depuis le 10 mai 2007, c’est devant cette plaque que le préfet de l’Aisne et la municipalité de Villers-Cotterêts, commémorent, tous les 10 mai, la journée de l’esclavage et de son abolition.
La manifestation, célébrée en présence des enfants des écoles,  a toujours rassemblé la population, au-delà de toutes les opinions.
La plaque indique clairement que le général Dumas, né esclave, est mort libre à Villers-Cotterêts.
De ce fait, Villers-Cotterêts est manifestement un lieu de mémoire de l’esclavage et un site emblématique du refus du préjugé de couleur.
L’association des Amis du général Dumas ne peut dès lors que condamner fermement les déclarations du maire de Villers-Cotterêts qu’elle juge extrêmement choquantes et dont elle déplore la connotation raciste.
Elle rappelle qu’il appartient au préfet du département de l’Aisne de fixer le lieu de commémoration départemental  de la journée du 10 mai.
Sachant que la cérémonie a toujours eu lieu à Villers-Cotterêts - lieu de mémoire de l’esclavage - depuis 2007, l’association considère qu’il appartient au préfet de prendre toutes dispositions pour assurer, en vertu de la loi et de son décret d’application, la continuité de la cérémonie, nonobstant les préjugés de M. Franck Briffaut.
En refusant une commémoration qui s’est déroulée harmonieusement durant 6 années consécutives, M. Briffaut, bien au-delà d’une prise de position qu’il présente comme le refus d’une supposée «culpabilisation», s‘en prend à la mémoire du général Dumas et de son fils, figures majeures de Villers-Cotterêts depuis 1789.
Il fait en outre offense  à tous les descendants d’esclaves, notamment  français, qui sont encore en butte à un racisme particulièrement virulent en 2014.
Beaucoup de ces descendants d’esclaves furent des soldats qui, lors de deux guerres mondiales, versèrent leur sang – à l’instar du général Dumas de 1792 à 1799 – pour défendre la France et particulièrement la région de Villers-Cotterêts.
Africains et tirailleurs sénégalais - notamment au chemin des Dames le 16 avril 1917 où 1400 Africains tombèrent en une seule journée - ont défendu la terre de France.
Des aviateurs afro-américains et antillais, descendants d’esclaves, comme Eugene Bullard, Pierre Réjon ou Guibert Jean-Marie luttèrent pour que le ciel de l’Aisne ne soit pas envahi et pour protéger des bombardements les communes de Picardie, particulièrement Villers-Cotterêts.
Le lieutenant Guibert Jean-Marie, descendant d’esclaves martiniquais, trouva une mort glorieuse le 2 septembre 1918  à Chavigny, près de Soissons, après un combat désespéré à un contre dix, pour défendre le ciel de Villers-Cotterêts, au nom des mêmes valeurs que celles qui animaient le général Dumas.
Nombreux sont les  descendants d’esclaves aujourd’hui  encore engagés sous le drapeau français, et qui exposent chaque jour bravement leur vie au service de la Nation.
L’attitude honteuse et  insidieusement raciste du maire de Villers-Cotterêts, qui s’en prend  à une Afrique et à des « Barbaresques » qui seraient encore esclavagistes, est de nature à encourager la haine en France.

L’Association des amis du général Dumas invite à réagir contre l’attitude du maire de Villers-Cotterets en participant au rassemblement traditionnel qu’elle organise en mémoire de l’esclavage et du général Dumas  le 10 mai 2014 à 18 heures, place du général Catroux à Paris (17e), devant le monument au général Dumas qui évoque, par des chaînes brisées, ce moment fraternel unissant  les Français de l’Hexagone contre le racisme, cette abolition de l’esclavage que M. Franck Briffaut refuse de commémorer.

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