Communiqué de l’association des amis
du général Dumas, présidée par Claude Ribbe, écrivain et réalisateur, à propos
du refus de M. Franck Briffaut, maire FN de Villers-Cotterêts (Aisne), patrie du
général Dumas et d’Alexandre Dumas, issus de l’esclavage, de commémorer la
journée nationale de l’abolition de l’esclavage le 10 mai 2014.
Le maire de
Villers-Cotterêts, M. Franck Briffaut (Front National) a déclaré le 17 avril
2014 dans une vidéo publiée sur le site du journal L’Express qu’il
refuse de célébrer dans sa commune la journée nationale d’abolition de
l’esclavage le 10 mai 2014.
Cette
journée résulte des dispositions de la loi n° 2001-434 du 21 mai
2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en
tant que crime contre l'humanité et qui prévoit qu’ « en France métropolitaine, la date de
la commémoration annuelle de l'abolition de l'esclavage est fixée par le
Gouvernement après la consultation la plus large. »
Le décret
n°2006-388 du
31 mars 2006, pris en application de cette loi, dispose qu’ « en
France métropolitaine, la date de la commémoration annuelle de l'abolition de
l'esclavage est fixée au 10 mai», que « chaque année, à cette date, une
cérémonie est organisée à Paris » et qu’ « une cérémonie analogue est organisée
dans chaque département métropolitain à l'initiative du préfet ainsi que dans
les lieux de mémoire de la traite et de l'esclavage ».
Villers-Cotterêts est principalement
connue pour être la patrie des Dumas et en particulier du général Dumas, né
esclave à Saint-Domingue (aujourd’hui République d’Haïti), glorieux soldat de la
Révolution, victime en son temps de la haine raciste.
En 1789, le
futur général Dumas, simple dragon et « homme de couleur » fut accueilli
chaleureusement par la population de Villers-Cotterêts et épousa une fille du
pays. C’est à Villers-Cotterêts que naquit sont fils, Alexandre Dumas,
afro-descendant, fils et petit fils d’esclaves antillais, écrivain français
talentueux, populaire et mondialement connu.
L’Association des Amis du général
Dumas est à l’origine de l’installation, en décembre 2006, à Villers-Cotterêts,
d’une plaque commémorant le bicentenaire de la mort du général Dumas, qui repose
auprès de sa femme dans le cimetière communal.
Cette
plaque a été apposée sur l’ancien hôtel de l’Epée où est mort le
général.
Depuis le
10 mai 2007, c’est devant cette plaque que le préfet de l’Aisne et la
municipalité de Villers-Cotterêts, commémorent, tous les 10 mai, la journée de
l’esclavage et de son abolition.
La
manifestation, célébrée en présence des enfants des écoles, a toujours
rassemblé la population, au-delà de toutes les
opinions.
La plaque
indique clairement que le général Dumas, né esclave, est mort libre à
Villers-Cotterêts.
De ce fait,
Villers-Cotterêts est manifestement un lieu de mémoire de l’esclavage et un site
emblématique du refus du préjugé de couleur.
L’association des Amis du général
Dumas ne peut dès lors que condamner fermement les déclarations du maire de
Villers-Cotterêts qu’elle juge extrêmement choquantes et dont elle déplore la
connotation raciste.
Elle
rappelle qu’il appartient au préfet du département de l’Aisne de fixer le lieu
de commémoration départemental de la journée du 10
mai.
Sachant que
la cérémonie a toujours eu lieu à Villers-Cotterêts - lieu de mémoire de
l’esclavage - depuis 2007, l’association considère qu’il appartient au préfet de
prendre toutes dispositions pour assurer, en vertu de la loi et de son décret
d’application, la continuité de la cérémonie, nonobstant les préjugés de M.
Franck Briffaut.
En refusant
une commémoration qui s’est déroulée harmonieusement durant 6 années
consécutives, M. Briffaut, bien au-delà d’une prise de position qu’il présente
comme le refus d’une supposée «culpabilisation», s‘en prend à la mémoire du
général Dumas et de son fils, figures majeures de Villers-Cotterêts depuis
1789.
Il fait en
outre offense à tous les descendants d’esclaves, notamment français, qui sont
encore en butte à un racisme particulièrement virulent en
2014.
Beaucoup de
ces descendants d’esclaves furent des soldats qui, lors de deux guerres
mondiales, versèrent leur sang – à l’instar du général Dumas de 1792 à 1799 –
pour défendre la France et particulièrement la région de
Villers-Cotterêts.
Africains
et tirailleurs sénégalais - notamment au chemin des Dames le 16 avril 1917 où
1400 Africains tombèrent en une seule journée - ont défendu la terre de
France.
Des
aviateurs afro-américains et antillais, descendants d’esclaves, comme Eugene
Bullard, Pierre Réjon ou Guibert Jean-Marie luttèrent pour que le ciel de
l’Aisne ne soit pas envahi et pour protéger des bombardements les communes de
Picardie, particulièrement Villers-Cotterêts.
Le
lieutenant Guibert Jean-Marie, descendant d’esclaves martiniquais, trouva une
mort glorieuse le 2 septembre 1918 à Chavigny, près de Soissons, après un
combat désespéré à un contre dix, pour défendre le ciel de Villers-Cotterêts, au
nom des mêmes valeurs que celles qui animaient le général
Dumas.
Nombreux
sont les descendants d’esclaves aujourd’hui encore engagés sous le drapeau
français, et qui exposent chaque jour bravement leur vie au service de la
Nation.
L’attitude
honteuse et insidieusement raciste du maire de Villers-Cotterêts, qui s’en
prend à une Afrique et à des « Barbaresques » qui seraient encore
esclavagistes, est de nature à encourager la haine en
France.
L’Association des amis du général
Dumas invite à réagir contre l’attitude du maire de Villers-Cotterets en
participant au rassemblement traditionnel qu’elle organise en mémoire de
l’esclavage et du général Dumas le 10 mai 2014 à 18 heures, place du général
Catroux à Paris (17e), devant le monument au général Dumas qui
évoque, par des chaînes brisées, ce moment fraternel unissant les Français de
l’Hexagone contre le racisme, cette abolition de l’esclavage que M. Franck
Briffaut refuse de commémorer.
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