Tous dictateurs !
by salahelayoubi, 10/7/1013Unanimité suspecte pour un Pronunciamiento préméditéLa dictature militaire respire encore ! Ses soubresauts ont emporté le Président Morsi et ses velléités autoritaristes. Le Patron des frères musulmans s'est laissé lamentablement arrêter, aux premières minutes du coup d'Etat, avec plusieurs de ses compagnons, alors qu’il avait promis, de rééditer un scénario à la chilienne, lorsque Salvador Allende avait préféré mourir les armes à la main, dans son palais présidentiel de la Moneda, assiégé et bombardé, plutôt que se rendre aux troupes d’assaut du général Augusto Pinochet, lors du coup d'État du 11septembre 1973.En quelques minutes, l’armée a réduit à l’obscurité plus d’une vingtaine de chaînes de télévision apparentées aux frères musulmans et muselé plusieurs de leurs radios périphériques. Dans la foulée, elle interpelait le Président égyptien et plusieurs de ses ministres ou compagnons, avant de signifier au premier, son inculpation pour évasion d’une prison d’Etat et intelligence avec l’ennemi. Accusation qui, au pays du Nil, conduit son auteur à l’échafaud.Le Pronunciamiento orchestré de main de maître, semble avoir été planifié de longue date et inspiré, sinon soutenu par l’Etranger. Les applaudissements des chancelleries occidentales, du Qatar et de Ryad en sont la meilleure preuve. La dernière ovation est venue du roi du Maroc, dont tout le monde connaît l’aversion pour l’islamisme politique et l’alignement systématique sur Washington et Paris. Autant dire que ceux qui accusent Morsi de haute trahison, ne sont pas en reste, en matière de collusion avec des pays tiers et leurs services secrets.Piètre démonstration de force, au plus fort du coup d’Etat, les soldats égyptiens sont apparus triomphants, des hélicoptères de combat survolant les colonnes de chars flambants neufs. Une armée dont on sait qu’elle n’a jamais honoré ses rendez-vous avec l’histoire, comme lorsqu’il s’était agi de défendre le territoire égyptien, contre un ennemi autrement plus dangereux, en 1967 ou en 1973.Le pire est à venirAvec ce surprenant épilogue à un bras de fer qui aura débuté le vendredi 28 juin, l’Egypte est rétrogradée aux plus sombres moments de son histoire, comme en 1954, lorsque le colonel Nasser décrétait la dissolution des Frères musulmans, et que ses partisans, les militants du Rassemblement populaire s’attaquaient à la confrérie.Le pire est sans doute à venir, car même si le Général Al-Sissi s'est fendu d'un discours apaisant, évoquant l'unité nationale et prenant soin de s'entourer, lors de son discours martial du mercredi, d'un aréopage de personnalités de tous bords et même si les frères musulmans tétanisés par les nombreuses arrestations survenus dans leur rang, semblent pour le moment atones, la situation égyptienne rappelle la tragédie qui ensanglanta l'Algérie dans les années quatre-vingt dix, parce qu'on avait confisqué au FIS, sa victoire aux élections législatives de l'hiver 1991.Morsi, l’apprenti-dictateurBien sûr le Président Morsi n’était pas un parangon de démocratie. Il avait réussi en quelques semaines de mandature, à faire l’unanimité contre lui. Par ses bourdes à répétition et sa rigidité intellectuelle, il avait réussi l’exploit de liguer contre lui son propre électorat. Incapable de s’exonérer de son héritage théologique, il n’avait rien imaginé mieux que la Charia, comme fondement juridique d’une Egypte moderne. Beaucoup plus grave, il avait fait de l’intimidation son crédo, reproduisant à l’identique, les comportements de son prédécesseur et avait tenté de se confectionner, ce statut spécial, si cher à nos dictateurs qui leur permet d’échapper à toute reddition des comptes.Enfin, cerise sur le gâteau, l’homme avait lamentablement échoué à redonner confiance aux investisseurs et envie aux touristes de revenir visiter les pyramides, le Nil, le désert et toutes ces splendeurs qui font la beauté de son pays.La confrérie des « Vitupérants »Bien sûr, les partisans de Morsi ne sont pas, non plus, en reste. Ils ont fait preuve d’une arrogance à nulle autre pareille, au lendemain de sa victoire. Ils se sont éprouvés invincibles, promettant les feux de l’enfer à tout ceux qui n’accepteraient pas l’Islam, comme religion d’Etat. Ils vitupéraient, menaçant de faire un sort aux mécréants, aux coptes, aux juifs et aux autres, ceux qui refusaient la barbe, le qamis, le foulard, la burqa et le Coran !Sur le parvis de la mosquée « Rabyaa El Adaouya », ils ont fait assaut de charlatanisme, pour « rameuter le chaland ». Ils ont dressé un bien sombre tableau de l’Islam politique que leurs dirigeants se promettaient de mettre en place. Sur leurs chaînes de télévision, aux financements occultes, on distillait, à longueur de journées, des discours d’un autre âge, imbibés de haine, d’incitation au meurtre et de rhétoriques vengeresses qui auraient du conduire leurs auteurs devant des juges, si Morsi avait été le démocrate qu’on nous avait vendu !La dictature des « Tamarrouds »Mais s’il se confirme que le Président déchu et ses partisans ont la graine despotique et que la dictature militaire a la peau dure, la rue égyptienne est une autre forme de dictature, tout aussi violente, qui assiège un Président démocratiquement élu, le conspue, menace de bouter le feu à sa résidence, voue aux gémonies ses partisans, quand elle ne les attaque pas, les tue par dizaine, en blesse quelques centaines et viole en assemblée et en plein air, les femmes esseulées, qui ont le malheur de traverser la place "Tahrir". La place de tous les rêves et de tous les superlatifs a abrité tant d'exactions qu’elle n’en mérite plus tout à fait son qualificatif de « Libération ».Fallait-il donner sa chance à Morsi ? Sans doute, parce qu’en démocratie, on doit laisser à son adversaire, la chance d’aller au bout de sa logique, de faire ses preuves et même, le cas échéant de se « planter ». On imagine mal les français prendre la rue d’assaut, parce que François Hollande flirte avec le plancher des sondages. Les élections législatives programmées pour octobre 2013, et les suivantes, auraient, sans aucun doute, permis aux égyptiens de rectifier, par les urnes, le tir de la Présidentielle.Les gènes de la dictature en héritageLes « Tamarrouds » auront beau se vanter d’avoir organisé la plus grande manifestation de l’humanité, ils ont tout de même, ce faisant, largement contribué à assassiner la liberté, pour laquelle nombre d’entre eux ont sacrifié jusqu’à leur vie. Une abomination qui aura fait capoter la première expérience démocratique d’Egypte.Si dans les faits, les frères musulmans ont encaissé une sévère défaite, c’est d’abord le « Printemps des peuples de la méditerranée » qui encaisse le plus gros coup. Il en sort diminué, parce que ce qui a pris naissance, mercredi 3 juillet, comporte une part d’inconnu et de périls que nul ne peut encore prédire.Des rives de l’Atlantiques aux marécages de Bassorah, on savait les arabo-amazighs gouvernés par des dictateurs autistes, cleptomanes et assoiffés de pouvoir. Mais ce que l’on savait beaucoup moins, et que les crises tunisienne, libyenne et égyptienne ont révélé, c’est qu’à force de baigner en dictature, nos peuples ont fini par en assimiler, comme partie intégrante de leur génétique, les comportements despotiques de ces dirigeants qu’ils tentent depuis plusieurs décennies, de chasser du pouvoir.
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dessin de Mayk
La rue égyptienne, sans la présence d’institutions étatiques
solides, ne peut révoquer un élu avant la fin de son mandat sans générer
l’instabilité ou risquer la manipulation, affirme l’éditorialiste.
Il y a quelques semaines, j’ai abordé la question du pouvoir et des
contre-pouvoirs qui lui sont nécessaires pour garantir l’existence d’un
Etat de droit et pour atténuer la tyrannie qu’une majorité politique
peut exercer à l’encontre de celles et ceux qui n’ont pas voté pour
elle.
L’exemple à ce sujet étant la Turquie, où les victoires électorales
successives de l’AKP [le parti islamiste au pouvoir] ont
vraisemblablement convaincu le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan,
qu’il est le maître absolu de son pays et de sa société. Pour résumer,
il apparaît que le monde arabo-musulman n’est pas suffisamment attentif à
la mise en place de contre-pouvoirs dès lors qu’il s’engage dans un
processus de transition démocratique.La situation actuelle en Egypte
permet de poursuivre la réflexion sur un autre plan, en abordant une
autre question fondamentale pour la démocratie. Comment faire pour
renvoyer celui qui a été élu sans attendre la prochaine échéance
électorale ? Comment le faire sans générer de l’instabilité au sein des
institutions ? Mais commençons d’abord par une mise au point.
Un président légitime
Rappelons donc que le président égyptien, Mohamed Morsi, a été
démocratiquement élu par les Egyptiens au terme d’un scrutin qui, de
l’avis de la majorité des observateurs, a été le plus régulier de
l’histoire de l’Egypte indépendante (ce qui ne signifie pas qu’il a été
parfait, loin de là). Cela n’est pas chose négligeable. Si l’on respecte
la démocratie, si l’on respecte les règles du jeu que cette dernière
impose, on est obligé de reconnaître la légitimité de sa présidence.
Balayer cela d’un revers de manche au prétexte que l’on est un
adversaire des islamistes et que l’on ne supporte pas leur présence au
pouvoir, c’est adopter une attitude antidémocratique, et c’est se faire
le partisan de scrutins censitaires où ne voteraient que les gens avec
lesquels on serait d’accord. Des scrutins qui, par exemple, écarteraient
les islamistes et leurs électeurs potentiels. C’est d’ailleurs ce dont
rêvent, sans vraiment l’assumer, nombre de "démocrates" et autres
"laïcs" dans le monde arabe.
Incapables de peser politiquement et électoralement face aux
islamistes, ils préféreraient des élections débarrassées de ces
puissants adversaires et cela sous la houlette d’un arbitre suprême,
c’est-à-dire l’armée (ou, plus rarement, l’Occident). Relevons au
passage cette (fausse ?) naïveté qui fait croire que l’armée égyptienne a
chassé Morsi pour remettre le pouvoir à son opposition. En leur temps,
les éradicateurs algériens opposés à la victoire de l’ex-Front islamique du salut (FIS)
[en 1991] ont cru la même chose, persuadés qu’ils étaient que le
pouvoir les récompenserait d’avoir contribué à sa propre survie. On
connaît la suite…
Le “recall”, une procédure délicate
Pour autant, il doit être possible d’exiger le départ de celui qui a
été élu si l’on considère qu’il a failli et si une majorité l’exige.
Trop souvent, le mandat électoral est assimilé à un blanc-seing, une
sorte de chèque en blanc qui interdirait la moindre remise en cause.
D’ailleurs, le monde politique n’aime pas trop aborder cette question du
“recall”, c’est-à-dire la procédure par laquelle les citoyens peuvent
obtenir qu’un élu s’en aille avant la fin de son mandat ou, tout du
moins, qu’il se présente de nouveau devant les électeurs.
Exception faite de quelques pays comme les Etats-Unis, le Canada ou
la Suisse, le “recall” n’est guère ancré dans les mentalités, alors
qu’il a existé dès les premiers temps de la démocratie athénienne. En
France, ni la droite ni la gauche ne veulent en entendre parler, au nom
de la nécessité d’éviter l’instabilité que cela peut générer. Il est
vrai qu’un élu a besoin de temps pour agir, mais cela ne saurait lui
garantir une impunité totale.
Il reste donc à savoir comment organiser et obtenir un tel rappel des
électeurs. En investissant les places publiques et en recueillant
plusieurs millions de signatures exigeant le départ de Morsi,
l’opposition égyptienne a usé de deux moyens complémentaires mais aux
conséquences et à l’efficacité différentes. Comme c’est le cas aux
Etats-Unis, la collecte de signatures permet d’éviter le recours à des
manifestations publiques et donc, in fine, à l’anarchie qu’elles
pourraient provoquer.
Mais cette manière pacifique d’appréhender un “recall” est-elle
possible pour des pays qui s’engagent à peine dans une transition
démocratique ? En Egypte aujourd’hui, demain ailleurs, la capacité de
précipiter les événements reste liée à la mobilisation de la rue, avec
ce que cela peut entraîner comme dérapages et manipulations. C’est en
cela que la situation égyptienne parle à la planète entière. Au monde
arabe d’abord, du moins à celui qui est en mouvement, comme c’est le cas
en Tunisie.
Mais aussi au monde développé, où la rupture entre électeurs et élus
est manifeste. Car, au XXIe siècle, la démocratie, c’est, entre autres,
permettre au peuple d’élire librement ses représentants. Mais c’est
aussi lui permettre de leur signifier leur congé quand il le juge
nécessaire, et cela sans avoir à attendre les habituels rendez-vous
électoraux.
- Le Quotidien d’Oran |
- |
- http://badiltawri.wordpress.com/2013/07/08/egypte-%E2%80%A2-peut-on-limoger-un-president-democratiquement-elu/
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-
Mervat El-Tallawy, une politicienne
Egyptienne très connue a déclaré que ce sont les femmes qui ont le plus
souffert sous le régime de Morsi. " Son parti regarde les femmes
pratiquement comme du cheptel ou des esclaves sexuelles, a-t-elle
déclaré." Elle décrit les viols en bande comme du "terrorisme sexuel"
dirigé contre les femmes, dont le but est de leur faire peur et de les
cantonner dans un rôle de soumission.
Le gouvernement de Morsi a planifié:
- de refuser aux femmes le droit de demander le divorce dans l'Islam,
- de permettre et promouvoir l'excision.
Il
a licencié les femmes qui avaient un travail dans les postes à grande
responsabilité dans le gouvernement, et a tenté de faire baisser l'âge
légal du mariage pour les filles de 18 ans à 9 ans.
Son parti est
clairement "anti-femmes", ses membres ne nous voient pas comme des
citoyennes bien que nous représentons presque la moitié de la
population.
Ils veulent nous traiter comme des esclaves dont le rôle est de faire des enfants et de servir d'esclave sexuelle pour les besoins des hommes. Ils ont tenté de nous faire régresser d'un pays moderne, civilisé et tolérant religieusement vers un autre digne du Moyen-Age "
Les
assaillants ont opéré dans un climat de totale impunité – encouragés
par des fanatiques religieux au sein du gouvernement qui ont dit que les
protestataires femmes étaient des putes et qui ont critiqué ces femmes
pour n'être pas restées chez elles à la maison. Certains croient même
que ces gangs ont été payés par les frères musulmans.
Durant ces
deux années et demi de bataille pour la démocratie en Egypte de nombreux
cas de viols et d'agressions sexuelles ont été confirmés – simplement
pour avoir "osé "prendre position". C'est la honteuse histoire non dite
de la Révolution du Printemps Arabe.
Et peut-être que ce qui est
le plus perturbant, est qu'il a été déclaré que ces attaques ont été
sanctionnées par Morsi et les frères musulmans.
[extraits from the Daily Mail, UK -- merci Salah Elayoubi pour l'article]
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dessin de Mayk
La rue égyptienne, sans la présence d’institutions étatiques
solides, ne peut révoquer un élu avant la fin de son mandat sans générer
l’instabilité ou risquer la manipulation, affirme l’éditorialiste.
Il y a quelques semaines, j’ai abordé la question du pouvoir et des
contre-pouvoirs qui lui sont nécessaires pour garantir l’existence d’un
Etat de droit et pour atténuer la tyrannie qu’une majorité politique
peut exercer à l’encontre de celles et ceux qui n’ont pas voté pour
elle.
L’exemple à ce sujet étant la Turquie, où les victoires électorales
successives de l’AKP [le parti islamiste au pouvoir] ont
vraisemblablement convaincu le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan,
qu’il est le maître absolu de son pays et de sa société. Pour résumer,
il apparaît que le monde arabo-musulman n’est pas suffisamment attentif à
la mise en place de contre-pouvoirs dès lors qu’il s’engage dans un
processus de transition démocratique.La situation actuelle en Egypte
permet de poursuivre la réflexion sur un autre plan, en abordant une
autre question fondamentale pour la démocratie. Comment faire pour
renvoyer celui qui a été élu sans attendre la prochaine échéance
électorale ? Comment le faire sans générer de l’instabilité au sein des
institutions ? Mais commençons d’abord par une mise au point.
Un président légitime
Rappelons donc que le président égyptien, Mohamed Morsi, a été démocratiquement élu par les Egyptiens au terme d’un scrutin qui, de l’avis de la majorité des observateurs, a été le plus régulier de l’histoire de l’Egypte indépendante (ce qui ne signifie pas qu’il a été parfait, loin de là). Cela n’est pas chose négligeable. Si l’on respecte la démocratie, si l’on respecte les règles du jeu que cette dernière impose, on est obligé de reconnaître la légitimité de sa présidence.
Balayer cela d’un revers de manche au prétexte que l’on est un adversaire des islamistes et que l’on ne supporte pas leur présence au pouvoir, c’est adopter une attitude antidémocratique, et c’est se faire le partisan de scrutins censitaires où ne voteraient que les gens avec lesquels on serait d’accord. Des scrutins qui, par exemple, écarteraient les islamistes et leurs électeurs potentiels. C’est d’ailleurs ce dont rêvent, sans vraiment l’assumer, nombre de "démocrates" et autres "laïcs" dans le monde arabe.
Incapables de peser politiquement et électoralement face aux islamistes, ils préféreraient des élections débarrassées de ces puissants adversaires et cela sous la houlette d’un arbitre suprême, c’est-à-dire l’armée (ou, plus rarement, l’Occident). Relevons au passage cette (fausse ?) naïveté qui fait croire que l’armée égyptienne a chassé Morsi pour remettre le pouvoir à son opposition. En leur temps, les éradicateurs algériens opposés à la victoire de l’ex-Front islamique du salut (FIS) [en 1991] ont cru la même chose, persuadés qu’ils étaient que le pouvoir les récompenserait d’avoir contribué à sa propre survie. On connaît la suite…
Le “recall”, une procédure délicate
Pour autant, il doit être possible d’exiger le départ de celui qui a été élu si l’on considère qu’il a failli et si une majorité l’exige. Trop souvent, le mandat électoral est assimilé à un blanc-seing, une sorte de chèque en blanc qui interdirait la moindre remise en cause. D’ailleurs, le monde politique n’aime pas trop aborder cette question du “recall”, c’est-à-dire la procédure par laquelle les citoyens peuvent obtenir qu’un élu s’en aille avant la fin de son mandat ou, tout du moins, qu’il se présente de nouveau devant les électeurs.
Exception faite de quelques pays comme les Etats-Unis, le Canada ou la Suisse, le “recall” n’est guère ancré dans les mentalités, alors qu’il a existé dès les premiers temps de la démocratie athénienne. En France, ni la droite ni la gauche ne veulent en entendre parler, au nom de la nécessité d’éviter l’instabilité que cela peut générer. Il est vrai qu’un élu a besoin de temps pour agir, mais cela ne saurait lui garantir une impunité totale.
Il reste donc à savoir comment organiser et obtenir un tel rappel des électeurs. En investissant les places publiques et en recueillant plusieurs millions de signatures exigeant le départ de Morsi, l’opposition égyptienne a usé de deux moyens complémentaires mais aux conséquences et à l’efficacité différentes. Comme c’est le cas aux Etats-Unis, la collecte de signatures permet d’éviter le recours à des manifestations publiques et donc, in fine, à l’anarchie qu’elles pourraient provoquer.
Mais cette manière pacifique d’appréhender un “recall” est-elle possible pour des pays qui s’engagent à peine dans une transition démocratique ? En Egypte aujourd’hui, demain ailleurs, la capacité de précipiter les événements reste liée à la mobilisation de la rue, avec ce que cela peut entraîner comme dérapages et manipulations. C’est en cela que la situation égyptienne parle à la planète entière. Au monde arabe d’abord, du moins à celui qui est en mouvement, comme c’est le cas en Tunisie.
Mais aussi au monde développé, où la rupture entre électeurs et élus est manifeste. Car, au XXIe siècle, la démocratie, c’est, entre autres, permettre au peuple d’élire librement ses représentants. Mais c’est aussi lui permettre de leur signifier leur congé quand il le juge nécessaire, et cela sans avoir à attendre les habituels rendez-vous électoraux.
Rappelons donc que le président égyptien, Mohamed Morsi, a été démocratiquement élu par les Egyptiens au terme d’un scrutin qui, de l’avis de la majorité des observateurs, a été le plus régulier de l’histoire de l’Egypte indépendante (ce qui ne signifie pas qu’il a été parfait, loin de là). Cela n’est pas chose négligeable. Si l’on respecte la démocratie, si l’on respecte les règles du jeu que cette dernière impose, on est obligé de reconnaître la légitimité de sa présidence.
Balayer cela d’un revers de manche au prétexte que l’on est un adversaire des islamistes et que l’on ne supporte pas leur présence au pouvoir, c’est adopter une attitude antidémocratique, et c’est se faire le partisan de scrutins censitaires où ne voteraient que les gens avec lesquels on serait d’accord. Des scrutins qui, par exemple, écarteraient les islamistes et leurs électeurs potentiels. C’est d’ailleurs ce dont rêvent, sans vraiment l’assumer, nombre de "démocrates" et autres "laïcs" dans le monde arabe.
Incapables de peser politiquement et électoralement face aux islamistes, ils préféreraient des élections débarrassées de ces puissants adversaires et cela sous la houlette d’un arbitre suprême, c’est-à-dire l’armée (ou, plus rarement, l’Occident). Relevons au passage cette (fausse ?) naïveté qui fait croire que l’armée égyptienne a chassé Morsi pour remettre le pouvoir à son opposition. En leur temps, les éradicateurs algériens opposés à la victoire de l’ex-Front islamique du salut (FIS) [en 1991] ont cru la même chose, persuadés qu’ils étaient que le pouvoir les récompenserait d’avoir contribué à sa propre survie. On connaît la suite…
Le “recall”, une procédure délicate
Pour autant, il doit être possible d’exiger le départ de celui qui a été élu si l’on considère qu’il a failli et si une majorité l’exige. Trop souvent, le mandat électoral est assimilé à un blanc-seing, une sorte de chèque en blanc qui interdirait la moindre remise en cause. D’ailleurs, le monde politique n’aime pas trop aborder cette question du “recall”, c’est-à-dire la procédure par laquelle les citoyens peuvent obtenir qu’un élu s’en aille avant la fin de son mandat ou, tout du moins, qu’il se présente de nouveau devant les électeurs.
Exception faite de quelques pays comme les Etats-Unis, le Canada ou la Suisse, le “recall” n’est guère ancré dans les mentalités, alors qu’il a existé dès les premiers temps de la démocratie athénienne. En France, ni la droite ni la gauche ne veulent en entendre parler, au nom de la nécessité d’éviter l’instabilité que cela peut générer. Il est vrai qu’un élu a besoin de temps pour agir, mais cela ne saurait lui garantir une impunité totale.
Il reste donc à savoir comment organiser et obtenir un tel rappel des électeurs. En investissant les places publiques et en recueillant plusieurs millions de signatures exigeant le départ de Morsi, l’opposition égyptienne a usé de deux moyens complémentaires mais aux conséquences et à l’efficacité différentes. Comme c’est le cas aux Etats-Unis, la collecte de signatures permet d’éviter le recours à des manifestations publiques et donc, in fine, à l’anarchie qu’elles pourraient provoquer.
Mais cette manière pacifique d’appréhender un “recall” est-elle possible pour des pays qui s’engagent à peine dans une transition démocratique ? En Egypte aujourd’hui, demain ailleurs, la capacité de précipiter les événements reste liée à la mobilisation de la rue, avec ce que cela peut entraîner comme dérapages et manipulations. C’est en cela que la situation égyptienne parle à la planète entière. Au monde arabe d’abord, du moins à celui qui est en mouvement, comme c’est le cas en Tunisie.
Mais aussi au monde développé, où la rupture entre électeurs et élus est manifeste. Car, au XXIe siècle, la démocratie, c’est, entre autres, permettre au peuple d’élire librement ses représentants. Mais c’est aussi lui permettre de leur signifier leur congé quand il le juge nécessaire, et cela sans avoir à attendre les habituels rendez-vous électoraux.
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- Mervat El-Tallawy, une politicienne Egyptienne très connue a déclaré que ce sont les femmes qui ont le plus souffert sous le régime de Morsi. " Son parti regarde les femmes pratiquement comme du cheptel ou des esclaves sexuelles, a-t-elle déclaré." Elle décrit les viols en bande comme du "terrorisme sexuel" dirigé contre les femmes, dont le but est de leur faire peur et de les cantonner dans un rôle de soumission.
Le gouvernement de Morsi a planifié:
- de refuser aux femmes le droit de demander le divorce dans l'Islam,
- de permettre et promouvoir l'excision.
Il a licencié les femmes qui avaient un travail dans les postes à grande responsabilité dans le gouvernement, et a tenté de faire baisser l'âge légal du mariage pour les filles de 18 ans à 9 ans.
Son parti est clairement "anti-femmes", ses membres ne nous voient pas comme des citoyennes bien que nous représentons presque la moitié de la population.
Ils veulent nous traiter comme des esclaves dont le rôle est de faire des enfants et de servir d'esclave sexuelle pour les besoins des hommes. Ils ont tenté de nous faire régresser d'un pays moderne, civilisé et tolérant religieusement vers un autre digne du Moyen-Age "
Les assaillants ont opéré dans un climat de totale impunité – encouragés par des fanatiques religieux au sein du gouvernement qui ont dit que les protestataires femmes étaient des putes et qui ont critiqué ces femmes pour n'être pas restées chez elles à la maison. Certains croient même que ces gangs ont été payés par les frères musulmans.
Durant ces deux années et demi de bataille pour la démocratie en Egypte de nombreux cas de viols et d'agressions sexuelles ont été confirmés – simplement pour avoir "osé "prendre position". C'est la honteuse histoire non dite de la Révolution du Printemps Arabe.
Et peut-être que ce qui est le plus perturbant, est qu'il a été déclaré que ces attaques ont été sanctionnées par Morsi et les frères musulmans.
[extraits from the Daily Mail, UK -- merci Salah Elayoubi pour l'article]
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