Mercredi 10 juillet 2013, Sofian sera l’invité de l’émission « Libre débat », diffusée en direct de 16h30 à 18h sur les ondes de Radio Galère (88.4) ou en streaming sur le site de la radio. L’émission sera par la suite disponible à l'écoute sur le site de la radio.
Chronique amère de la barbarie policière : Sofian A., cité Bassens à Marseille (suites)
Rappel :
20
mars 2012, cité Bassens à Marseille. Les fonctionnaires de police de la
sûreté départementale des Bouches du Rhône, assistés de fonctionnaires
de police de la CSI, effectuent une de ces « descentes musclées » dont
raffolent les responsables politiques et les médias.
Sofian
A., 27 ans, franco-algérien, intérimaire dans le bâtiment, a eu le
malheur ce jour là d’être présent sur les lieux. Le malheur de se
trouver tout simplement là où vit sa famille. Là où il vit et a grandi.
La
suite, celles et ceux qui ont lu le récit du tabassage en bonne et due
forme qu’a subi Sofian, la connaissent : coups de crosse au niveau de
l’arcade ; coups de pieds au visage alors que Sofian était menotté et
maintenu à terre par trois policiers ; un flic qui lui saute dessus à
pieds joints alors que Sofian est allongé sur le dos dans le fourgon, la
tête au niveau du marchepied…
Et
ce n’est pas fini : une nuit passée menotté à l’hôpital ; sa famille et
ses amis insultés, malmenés et pour certains gardés à vue durant 24
heures…
Ces
faits auraient été considérés comme improbables s’ils avaient été
portés à l’écran dans une œuvre de fiction. Un tel déchainement de
violence, une telle sauvagerie ont assurément de quoi interroger sur la
nature humaine, si tant est qu’une telle nature existe.
Pourtant,
les séquelles de cette barbarie policière n’ont rien d’un film pour
Sofian, lui qui a vraisemblablement perdu l’usage de son œil droit,
malgré les nombreuses opérations subies au cours d’interminables séjours
dans les hôpitaux marseillais.
Depuis
ce jour 20 mars 2012, la vie de Sofian n’a plus été la même. Il n’a
d’ailleurs jamais pu reprendre son activité professionnelle.
Mais
le cauchemar ne s’arrête pas là. L’impunité policière étant ce qu’elle
est en France, Sofian doit encore répondre d’une accusation d’ « outrage, rébellion et violences sur dépositaires de l’autorité publique ».
Une plainte totalement farfelue et purement défensive, de la part d’une
hiérarchie policière qui tente de sauver les apparences.
Car l’avocate de Sofian a de son côté déposé une plainte, fondée celle-ci, avec constitution de partie civile, pour « coups et blessures volontaires commis par des personnes dépositaires de l’autorité publique ». Démarre alors le bras de fer inégal d’un justiciable contre la « machine de guerre » étatique.
C’est
bien pour appuyer Sofian dans ce bras de fer inégal que nous avons
décidé, avec son accord mais sans que nos propos puissent lui être
imputés d'une quelconque façon, de rendre public
le récit du cauchemar qu’il a vécu. A la suite de cela, nombreux ont
été celles et ceux qui ont envoyé des messages de soutien à l’adresse
mail créée spécialement à cet effet (sofian.bassens@gmail.com).
Nous
tenons ici à remercier chaleureusement toutes ces personnes, qui
viennent d’horizons très divers et sont loin d’être toutes militantes.
Merci pour leurs messages d’encouragement et pour leurs conseils,
notamment celui de créer une caisse de solidarité en ligne.
En
effet, pour aider financièrement Sofian, celles et ceux qui le
souhaitent peuvent dorénavant verser le montant de leur choix en suivant
simplement ce lien.
Les
fonds récoltés serviront à faire face aux dépenses médicales, ainsi
qu’au financement des activités à venir du comité de soutien en cours de
constitution : organisation d’un événement, dont la forme dépendra de
l’investissement des un-e-s et des autres (repas de soutien, concert,
etc.) ; production de vidéos, de reportages audio, de tracts, affiches,
t-shirts, etc.
Parmi
ces frais, figurent bien entendu les frais d’avocat et de justice (une
plainte avec constitution de partie civile nécessite le versement d’une
somme d’argent, appelée « consignation »). Les dépenses engagées par
Sofian s’élèvent déjà à plus de 3 000 euros.
Si
l’argent récolté grâce à la caisse de soutien en ligne servira avant
tout à faire face aux dépenses médicales et « militantes », il est
important de permettre à Sofian d’assurer efficacement sa défense
juridique. Et celle-ci a un coût. Surtout lorsqu’on a en face de soi
toute l’institution policière (policiers et leur hiérarchie, syndicats
et leurs avocats…), qui dispose de moyens considérables pour assurer
l’impunité de ses agents.
Alors,
si un jour de mars 2012, à la cité Bassens à Marseille, des policiers
ont effectivement écrit dans le sang une histoire faite de coups, de
douleurs, de rage et d’amertume pour Sofian, nous pouvons écrire avec
lui une tout autre histoire, collective cette fois, faite d’entraide, de
solidarité et de combat.
Merci à tou-te-s et saha ramdankoum à toutes celles et à tous ceux qui sont concerné-e-s.
Infos : sofian.bassens@gmail.com.
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