Né à Tizi-n-Imnayen en 1989, Asafar LIHI est
étudiant-chercheur en didactique du français. En 2009 il fonda à Tamesna
(Rabat) la revue estudiantine Asirem Amazigh.
Poète et nouvelliste, Asafar collabore à la revue Idles éditée en France (et dont le premier numéro vient de sortir) et se consacre ces deux dernières années au Mouvement Tawada et au Café Littéraire de Tamesna dont il est co-fondateur.
Nous avons rencontré Asafar Lihi qui a répondu volontiers à nos questions.
Nous avons rencontré Asafar Lihi qui a répondu volontiers à nos questions.
Tamazgha.fr : Pourquoi Asirem Amazigh ?
Asafar Lihi : Asirem Amazigh est un rêve, disons
reporté, que nous avons pu concrétiser deux années plus tard. En 2007 à
Tizi-n-Imnayen, lycéens déjà nous avons pensé à publier Asirem Amazigh, un bulletin interne dont la mission était de rendre compte des activités culturelles organisées par les élèves du Mouvement culturel amazigh de Goulmima
(EMCAG). Étouffés par les examens et intimidés par les agressions
perpétrées contre les étudiants à Imtghren (Errachidia), nous avons été
contraints d’abandonner le projet en question.
Il a fallu attendre l’avènement de mai 2010 pour prendre le projet en
main et en faire une revue. Ce bulletin, comme nous l’avons déjà exprimé
dans notre premier éditorial, se veut une contribution conséquente à la
littérature du Mouvement amazigh et espère amener les militants à
se pencher davantage sur la collecte et la création amazighes, faire du
passage de l’oral à l’écrit un réflexe de tous les jours.
Quelles sont les difficultés rencontrées lors de l’élaboration de ce projet ?
Les difficultés endurées sont essentiellement liées à tout ce qui est
d’ordre technique et qui relève des ressources humaines. Pour les deux
premiers numéros, j’ai dû travailler tout seul des mois durant pour
corriger les textes, les écrire presque tous sous le couvert de
l’anonymat et les mettre en page.
Maintenant que nous sommes cinq, trois rédacteurs et deux maquettistes,
nous pouvons travailler tranquillement. Il n’ya que le manque de
formation en matière de journalisme qui pèse sur la qualité de la revue.
Pour ce qui est de la distribution, il s’est avéré que la clandestinité
entrave la propagation de la revue auprès d’un large public ; la toile,
à elle seule, ne suffit pas.
Vous publiez des nouvelles et des poèmes dans Asirem amazigh. Quel regard portez-vous sur la littérature amazighe moderne à Tamazgha Occidentale ?
Au Maroc, nous comptons à peine une trentaine de romans et à peu près
une douzaine de recueils de nouvelles. Vu ce nombre restreint de
publications, et sachant que le premier roman d’expression amazighe date
de 2002, je trouve qu’il est trop tôt de parler d’une littérature
amazighe moderne notamment en matière de roman. Par ailleurs, nous
pouvons parler de modernité dans la poésie. Ce genre a récemment connu
une émergence remarquable aussi bien au niveau quantitatif que
qualitatif.
En dépit u côté quantitatif, la littérature amazighe gagne du terrain et
commence à avoir un lectorat conscient de son pouvoir en l’occurrence
les étudiants et les acteurs du Mouvement culturel amazigh. Dans le cadre du mouvement Tawada,
nous avons fondé, en mai 2013 à Tamesna, un café littéraire qui
accueille chaque semaine deux voire trois présentations de romans.
Je pense qu’un sujet qui fait l’objet du désir de la jeunesse finira
par triompher. Je dis triompher parce que la littérature amazighe a été
bafouée par une décision politique. En effet, le ministère de la culture
s’avère très hésitant sur la question du livre amazigh : il promet
beaucoup mais ne réalise pratiquement rien. Et à l’exception des
éditions de l’IRCAM, aucune maison d’édition ne peut prendre en charge
un livre. Rares sont ceux qui parmi les créateurs arrivent à se faire
publier. Se faire publier à compte d’auteur, au Maroc, relève de
l’imagination. Raison pour laquelle bon nombre de nouvellistes et poètes
finissent par laisser tomber leurs projets.
Propos recueillis par
L. Azergui.
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