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dimanche 14 juillet 2013

Drame de la cèdraie du Moyen Atlas, conflits entre survie d'une population marginalisée et mafia des corrompus



Par Aziz Akkaoui , 11/7/2013
Khénifra : la marche populaire des citoyennes et citoyens de la tribu "AIT AMOU AISSA"
 Suite au décès d'un des leurs "tué" par les gardes forestiers,  la question est : pourquoi la mobilisation des FAR dans une marche pacifique non armée ? en tout cas les photos sont là, ce sont des véhicules des FAR. (forces armée royales) . Les responsables ont- il peur à ce point ???


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Khénifra : Des gardes forestiers accusés d'avoir tué par balle un jeune père de famille


Par Adam Sfali - Slate- Lemag -


PHs tazamondenews.com
PHs tazamondenews.com
Lemag : Les habitants de la commune rurale d’Ait Ammou Aissa, à 24 km de la ville de Khénifra, dans le moyen Atlas, s’est massée devant le siège de la préfecture de la ville, pour y manifester leur colère. 

En effet, l’un d’eux, un jeune homme de 24 ans, père de famille, a été abattu par balle, accusés de cela, des gardes forestiers. 

La victime, père d’une petite fille et dont l’épouse était enceinte d‘un deuxième enfant, s’était introduit, selon des sources médiatiques sur place, dans la foret protégée d’Ajdir, pour y couper du bois. 


Détecté, il lui sera donné la chasse, par les gardes forestiers, ces derniers finiront par lui tirer dessus avec leur armes de services, mettant ainsi fin à ses jours. 

Les mêmes sources ont indiqué, que le Sit In des Ait Ammou Aissa, a été dispersé par la force, par les forces de police.

Khénifra : Des gardes forestiers accusés d'avoir tuer par balle un jeune père de famille [Photos]
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 Les deuils de la cédraie


 Par O.A., 12/7/2013

 La loi est claire. La coupe non autorisée et non réglementée de cèdre est interdite. Ce qui n’empêche pas les mafias des cèdres de sévir en profitant de toutes les failles possibles pour ce faire.

D’un autre coté, beaucoup de bonnes volontés parmi les agents des eaux et forêt font de leur mieux pour remédier à ça et pour faire leur travail par rapport à ce sujet : Réglementer et contrôler l’exploitation, tout en essayant d’optimiser au mieux le programme de reboisement national qui n’a d’autre objectif que celui de viabiliser la régénération de la cédraie.

Ce que vous ne savez peut être pas, c’est que souvent, quand les agents du HCEFLCD s’interposent ou essayent de stopper des opérations d’abatage clandestin, ça tourne au vinaigre.

Les délinquants, qui le plus souvent font leurs délits la nuit, sont armés d’armes blanches et parfois de fusils artisanaux meurtriers, ce qui dans la grande majorité des cas rend  la confrontation sanglante, avec des victimes d’un coté ou de l’autre. Plusieurs cas et histoires peuvent témoigner que des dégâts de guerre et parfois des morts sont le résultat de ces confrontations nocturnes qui se passent sous les sons de scieuses à gazole et des armes à feu.

Le problème est très complexe.

Le cèdre constitue l’une des rares « ressources » conséquentes de la région pour les tribus qui vivent dans la forêt. Depuis la nuit des temps, ce fut une source de revenus garantis et accessibles à ces familles qui n’ont d’autres activités lucratives et/ou de subsistance que l’élevage ou la chasse. La culture des champs étant difficile voire par endroit impossible, abattre un arbre et le vendre est une option qui a toujours été pratiquée en moment de nécessité.

Ces dernières décennies la donnée a changé. La forêt qui appartenait aux tribus qui y vivaient, et depuis devenu une « chasse gardée » gérée et administrée par une structure étatique, qui entre autres, et devenue l’autorité concernée par la gestion de l’exploitation de la cédraie et de sa sauvegarde.

Et comme dans n’importe quelle autre administration, la corruption, et le détournement des ressources ne sont jamais à exclure complètement. Des cas pareil ont été constatées et parfois les responsables ont été jugés et écroué. Parfois aussi, l’impunité et l’injustice n’ont pas pu être évitées.

Bien sur, l’essentiel du personnel et agents des eaux et foret, sont des personnes honnêtes qui font tant bien que mal leur travail, vu qu’ils sont conditionnés par les moyens qu’ils ont pour le faire.

Ces agents travaillent dans l’optique qui veut que la cédraie appartient à tous les Marocains, et que gérer son exploitation comme sa conservation est une responsabilité par rapport à toute une nation, (voire le monde entier) et pas seulement à quelques tribus locales.

Seulement pour pouvoir faire ce travail efficacement, ces tribus devraient théoriquement avoir les mêmes égards qu’ont tous leurs concitoyens et donc vivre dans un degré de décence qui leur éviterait de recourir au braconnage. Mais comme on peut facilement le constater, à part un programme de maigres dédommagements annuels des tribus par rapport à la fermeture de « zones en processus de régénération » aux troupeaux des éleveurs, ainsi que quelque programme de production et de valorisation des produits de terroirs (couscous aux herbes, produits d’artisanats..) rien n’est vraiment fait pour empêcher que cette population fragilisée puisse être hors du besoin et donc loin de l’urgence de devoir faire du trafic et de l’abatage clandestin pour survivre…

Troisième aspect de cette situation, c’est que les ressources n’augmentent pas. Bien au contraire. A l’heure ou les tribus qui vivent dans la cédraie, ont des populations de plus en plus nombreuses, le cèdre lui se fait de plus en plus rare ou alors de plus en plus malade.

C’est pourquoi il n’est pas surprenant de le voir rejoindre la liste rouge des espèces « en danger » dans le dernier rapport 2013 de l’UICN.

L’horreur serait qu’un jour cette cédraie arrive à un point ou toute régénération viable soit impossible.et ce point de non retour, on l’atteindra très bientôt si rien n’est fait.

Car pour l’instant, dans la situation actuelle, le forestier est entre le marteau et l’enclume.

Le marteau de sa mission de travailler sur la pérennisation de la cédraie, et l’enclume de ne pas devoir ignorer les réalités sociales de ces délinquants qui agissant contre la loi, mais perpétuent une tradition qui n’a pas toujours été illégale, de jouir de la richesse de cette foret, qui est un peu la terre de leurs ancêtres et celle de leurs enfants.

Quatrième aspect, les autres membres « externes » des mafias. Ceux la, sont les plus malins et les plus enrichis de cette situation.

Ils impliquent des jeunes délinquants appartenant aux tribus locaux pour commanditer des abatages clandestin, ou les abatteurs reçoivent s’ils réussissent leurs mission, leurs part en cash la nuit même. Souvent la somme d’argent qu’il gagne est vraiment dérisoire par rapport aux gains finaux que l’arbre abattu générera un fois au bout de la chaine.

Seulement, quand ça tourne mal, c’est les délinquants qui se trouvent dans une guerre ou chacun pense d’abord à se protéger et malheureusement, un autre de ces « incident » a eu lieu à Khenifra hier.

La patrouille des agents des eaux et forets a tué, (la nuit alors qu’ils avaient engagé le combat contre un groupe de délinquants) à coups de fusil, un homme de la tribu des ait Amou Laissa. Marié et père d’un enfant en bas âge, il laissera derrière lui une femme enceinte.

Selon des sites qui ont relayé l’information, et suite à ce déplorable incident, -qui aurait pu d’autant bien concerner un forestier à la place du contre venant- « une manifestation a été organisée devant le siège de la Province à Khénifra. Elle a été dispersée par les forces de l’ordre après que des éléments perturbateurs se soient mêlés aux manifestants et commis des actes de violence. »

Il faut aussi comprendre cette grogne.

Ces populations, « propriétaires historiques de ces forêts », voient depuis le protectorat défiler des dizaines de camions chargés du précieux bois de cèdre, alors qu’elles sont pour la plupart réduites à acheter de la tôle ondulée ou du plastique pour se protéger du froid glacial des hivers neigeux au Moyen Atlas.

Des solutions doivent être trouvées afin que les populations de la région puissent profiter un peu plus des rentrées importantes qu’engendre l’aspect « exploitation » de la forêt par les autorités concernées.

Car ce que ces gens -qui pour la plupart sont dans une situation très précaire, se posent comme questions, c’est surtout par rapport aux communes qui engloutissent un grande part des recettes: où va l’argent des recettes des ventes des coupes forestières? Pourquoi les infrastructures manquent alors que ces communes sont riches? Où sont les pouvoirs publics de tutelle et autre organismes sensés contrôler les dépenses publiques? Pourquoi les requêtes adressées à ce sujet aux responsables concernés n’aboutissent pas? Autant de questions qui expliquent le malaise social et le risque d’explosion populaire comme celle qu’on a vue hier à Khénifra. »

Pour contrer le problème de l’abattage clandestin des cèdres, il est possible d’agir sur cinq grands axes:

1- Donner les moyens qu’il faut aux habitants des cédraies de ne pas avoir recours à l’abattage pour survivre (les habitants protègent leur environnement des braconniers mais n’ont pas de choix de braconner eux même quand ils sont dans l’urgence du besoin, c’est pourquoi les mafias parient sur leurs détresse pour se couvrir en recrutant et utilisant les jeunes et moins jeunes hommes afin de réaliser leurs razzias dans les forêts. Il faut que l’état arrête d’ignorer ses populations,  il est impératif : d’aider ses gens a éduquer leurs enfants (internats et prises en charge de scolarisation), de leurs garantir un minimum de soins médicaux (caravanes itinérantes ou petits dispensaires de forets), et aussi leur garantir des activités génératrices de revenus…)

2- Renforcer les effectifs, améliorer les conditions et donner les moyens aux responsables et agents des eaux et forets pour mieux agir et intervenir spontanément (surtout la nuit quand ils sont informé d’un abattage en cour): matériel, moyens de transports adéquat, dispositifs de vision nocturne…)

3- Renforcer et sensibiliser les gendarmes et agents de la route pour mieux contrôler les véhicules susceptibles de transporter le bois coupé clandestinement. Au delà des périmètres forestiers.

4- Faire des enquêtes sur les sociétés et lobbies qui achètent ce bois clandestinement abattu. Et créent donc la demande qui encourage les mafias à continuer à exploiter nos ressources.

5- Appliquer les lois en vigueurs (les lois existent mais ne sont malheureusement pas appliqués automatiquement) et arrêter de couvrir ou de fermer les yeux sur la corruption et l’impunité que certain semblent prendre pour normal acquis.

Si aucun programme global et bien financé ne se met en place en haut lieu pour couvrir les lacunes de chaque aspect de la problématique, alors la situation risque de devenir encore plus difficile, voire catastrophique.

Le forestier entre le marteau et l’enclume aura plus de difficultés à faire son devoir, les tribus quand à elles seront poussé jusqu’à la limite de la désobéissance civile car empêchées de perpétuer leurs tradition d’exploitation forestière « de dernier recours », et le cèdre dans tout ça, le composant même de tout un écosystème fragilisé qui protège en son sein plus de la moitié de la biodiversité du royaume, commencera à ressembler à cette poule aux œuf d’or déplumée que tout le monde convoite sans vraiment se soucier du meilleur parti à en tirer… Au pire, dans quelques années ni les forestiers ni les tribus ni nous autres Marocains lambda ne pourrons jouir de la majesté de ces arbres qui constituent le dernier rempart d’une biodiversité en danger.

O.A

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Relire :  dimanche 22 août 2010 Trafic du bois de cèdre et de chêne liège au Maroc.


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