Par l'ASDHOM, 11/7/2013
Qu’est-ce qui peut justifier un déploiement massif des forces de l’ordre et un dispositif de sécurité quelque part sur le territoire d’un État de droit ? En dehors d’un fait de terrorisme ou d’une menace sérieuse pour la sécurité des citoyens, rien, justement, ne peut les justifier. Au Maroc, il a suffit qu’une délégation de 14 touristes solidaires se rende à Ifni et sa région pour que la ville soit quadrillée.
Cette délégation composée de
Français-es, d’Allemand-e-s et d’Australien-ne-s, conduite par Madame Claude Mangin, épouse du prisonnier
politique sahraoui Naâma Asfari du groupe Gdeim Izik, incarcéré depuis novembre
2010 à la prison Salé 1, s’est rendue à Agadir le dimanche 7 juillet pour une
tournée qui doit la conduire à Tiznit,
Tantan, Dakhla, Laâyoune et Smara dans le cadre de la campagne
« Écrire pour les libérer »
initiée par des associations de soutien aux prisonniers politiques sahraouis.
Ces parrains et marraines comptaient rendre visite en accompagnant les familles
et remettre des lettres de solidarité aux 33
prisonniers politiques sahraouis incarcérés aux prisons de Tiznit, Aït Melloul,
Laâyoune et Dakhla, mais c’était sans compter avec la réaction des
autorités marocaines. Vous trouverez sur le site de l’ASDHOM la liste de ces 33
parrainés.
Lundi 8 juillet, la délégation
avait passé deux heures devant chacune des prisons d’Aït Melloul et de Tiznit
dans l’espoir d’être reçue par leurs directeurs. En vain. Non seulement les
directeurs ont refusé de l’accueillir, mais ils ont également refusé de prendre
les lettres que la délégation avait préparées pour expliquer les raisons de ce
déplacement. La délégation avait même pris la peine d’informer le président du
Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) de ses intentions. Mais apparemment
les autorités marocaines auraient préféré voir ces touristes, d’un genre
particulier, à la Mamounia ou à d’autres hôtels de Marrakech se délectant de la
chaire fraîche au lieu de venir frapper à leurs
prisons.
Nous reviendrons sur cette mission
dès qu’on aura plus d’éléments après le retour de la
délégation.
D’autres informations,
heureusement plus heureuses, nous sont parvenues concernant des prisonniers
politiques proposés au parrainage par l’ASDHOM.
Groupe
UNEM-Meknès : Les cinq prisonniers politiques
de l’UNEM à Meknès (Hassan Koukou, Soufiane
Sghéri, Mounir Aït Khafou, Mohamed Eloualki et Hassan Ahmouch)
ont arrêté, début juillet, leur grève de la
faim qu’ils avaient entamée le 3 mars 2013. Ils ont réussi à arracher
de l’administration pénitentiaire plusieurs revendications dont la séparation
des prisonniers de droit commun, le suivi médical complet jusqu’à l’amélioration
de leur santé, l’amélioration des conditions des visites familiales,
l’autorisation de visite ouverte à d’autres personnes en dehors de la famille,
la poursuite des études dans de bonnes conditions, l’accès à la bibliothèque,
l’accès quotidien aux installations sportives, l’accès aux livres, aux magazines
et aux journaux, etc. Mais le plus important pour eux, reste la date de leur
procès. Ils vont enfin être traduits devant
un tribunal le 22 juillet 2013. Rappelons qu’ils avaient été arrêtés
le 17 décembre 2012 sur le campus universitaire de Meknès et ils sont restés,
depuis, en détention provisoire dont ils ont vraiment souffert. Dans le cadre de
la campagne de parrainage que mène l’ASDHOM, leurs parrains ont interpellé à
plusieurs reprises les autorités marocaines sur leurs conditions de détention et
notamment au cours de leur grève de la faim qui a duré presque 115
jours.
L’ASDHOM les félicite de cette
première victoire et espère qu’ils auront droit à un procès juste et équitable.
Nous demandons leur réhabilitation. Seule la
relaxe est la mieux indiquée dans ce
cas.
Groupe
20-Février Al-Hoceima : Mardi 9 juillet, le jeune
militant du mouvement 20-Février, Abdelhalim
Taliï, a retrouvé sa liberté
après avoir purgé une peine d’un an d’emprisonnement. Abdelhalim
avait été arrêté le 8 mars 2012 après sa participation aux protestations qu’a
connues le village d’Aït Bouayach (près d’Al-Hoceima). Il a été accueilli à sa
sortie de prison par ses camardes de l’Association Nationale des Diplômés
Chômeurs au Maroc (ANDCM) et du
mouvement 20-Févier sans oublier
les membres de sa famille.
Groupe
Sahraouis-Prison de Laâyoune : le 1er juillet 2013,
au moment presque où les prisonniers politiques de l’UNEM arrêtent leur grève de
la faim à Meknès, quatre des prisonniers politiques sahraouis (Mahmoud Hanoun, Ajouad Farah, Sidi Mohamed Mellah et
Aslouh Al-Mils) entament une grève
ouverte de la faim à la prison locale de Laâyoune au Sahara pour
protester contre leurs conditions de détention et pour réclamer la tenue rapide
de leur procès. Les quatre prisonniers ont été arrêtés les 27 et 28 mai 2013 à
Smara après avoir participé à des manifestations pacifiques en faveur de
l’option de l’autodétermination dans le conflit du Sahara Occidental. Le
défenseur sahraoui des droits de l’Homme, Mahjoub Oulad Cheikh, qui écope dans la
même prison d’une peine de 3 ans de prison ferme, a été menacé de transfert et
empêché de tout mouvement au sein de la prison pour le dissuader de tout contact
avec les quatre grévistes de la faim.
Six autres prisonniers politiques
sahraouis ont entamé une grève de la faim à
partir du 9 juillet pour protester contre la décision du juge
d’instruction de la Cour d’appel de Laâyoune qui prolonge leur détention
provisoire de deux mois. Il s’agit de Mohamed
Ali Saâdi, Yassine Sidati, Mohamed Gharnit, Aziz Hramech, Youssef Bouzid et le
mineur Houcine Abah qui étaient arrêtés le 9 mai 2013 après une
manifestation organisée le 4 mai à Laâyoune en faveur de l’autodétermination des
Sahraouis.
Sur le plan des procès qui portent
atteinte à la liberté d’expression et d’opinion, nous déplorons la confirmation
de la condamnation par la Cour d’appel de Kalaât Sraghna des trois militants et membres du PADS, de l’AMDH et de
l’ANDCM à une amende de 2000 dirhams. Safi Eddine Boudali, Abdel Naji Koumri et
Azzedine Louzi ont été condamnés pour avoir distribué un tract appelant au
boycott des élections législatives de novembre 2011. Même s’il n’y a
pas eu de peine d’emprisonnement, le fait de les avoir condamnés à une amende
est en soi condamnable. L’ASDHOM dénonce tout autant la convocation, le 25 juin,
du journaliste Ali Anouzla,
directeur du site Lakome.com, par la police judiciaire et le procureur du roi de
la ville de Fès. Il a été auditionné et
accusé de «publication et diffusion, de mauvaise foi, de fausses informations»
et «faits inexacts» de nature à troubler l’ordre public. Il risque
une condamnation en vertu de l’article 42 du code de la presse marocaine, à une
peine allant d’un mois à un an de prison et une amende comprise entre 1000 et
10 000 dirhams. Ali Anouzla estime qu’on tente de lui faire payer sa liberté de
ton et son audace. Nous y reviendrons.
Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
asdhom@asdhom.org www.asdhom.org Pour le bureau
exécutif
Ayad
Ahram, Président de
l’ASDHOM
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