par Mohammed Belmaïzi (Articles),4/6/2013
Kenza Sefrioui, La revue Souffles (1966-1967). Espoirs de révolution culturelle au Maroc, Editions du Sirocco, Casablanca, 2013
Ce livre que j'ai hâte de lire, convoque une période cruciale de notre histoire, à tous les niveaux, politiques et culturels. Le lien avec les révolutions d'aujourd'hui et les contestations partout au Maroc, est d'une pertinence explosive.
Et ce lien a
été mis en évidence dans une activité organisée par le Mouvement du 20
février Paris-IDF (bravo les ami-es!!), autour du livre de Kenza
Sefrioui. Kenza Sefrioui est, dans cette vidéo, rayonnante et domine
parfaitement son sujet.
Je
sais qu'on ne pouvait pas tout aborder en si peu de temps dans une
vidéo. Je voudrais rapidement souligner, à travers quelques éléments,
que la personnalité de Abdellatif Laâbi reste incontournable dans cette
phase de l'Histoire. Il était fort exigeant et, par exemple, Tahar
Benjelloun n'aurait jamais eu la chance de rejoindre et de publier ses
poèmes dans Souffles, si Abraham Sefaty ne l'avait pas défendu. Pour
Laâbi, l'écriture d'auteurs comme Tahar Benjelloun ne pouvaient mériter
le statut d'écrivains de "race". L'écriture de "race" telle qu'elle est
définie par Laâbi dans ses écrits théoriques (car il s'agit bel et bien
d'écrits théoriques pour l'avenir de la littérature universelle, et en
particulier au Maroc et au Maghreb), est esquissée dans "L'Oeil et la
Nuit" et dans les œuvres contemporaines de ce roman épais et étrange par
son obscurité à bon escient. Une écriture qui n'a rien à voir avec la
facilité des écrits commis par des gens comme Tahar Benjelloun. Et je
crois que, même si nous étions nombreux à avoir lu Tahar Benjelloun, ce
dernier reste un auteur mineur soutenu par tout un Paris friand
d'exotisme et de "curiosités" littéraires, folkloriques en somme.
Abdelkbir Khatibi, quant à lui, s'est arraché les cheveux pour comprendre par exemple ce qui se trame derrière le poème intitulé "RACE" de Laâbi... Plus tard un conflit intellectuel entre Khatibi et Laâbi a retenti au grand jour. Khatibi soutient qu'il ne peut y avoir de "bilinguisme intégral"; et Laâbi revendique et répète que son œuvre est profondément bilingue, intégralement bilingue... C'est un débat crucial qu'il faudrait un jour aborder. Cela dénote que l’œuvre de ce grand homme, qui est Laâbi, a fait non seulement irruption dans la langue française pour la dénoyauter de l'intérieur, mais il a du même coup cassé la sacralité de la langue arabe, amenée à se soumettre à la logique du métissage obligé... Ce qui me permet de dire que les auteurs écrivant en arabe, de cette époque, ont tout fait pour "travailler de l'intérieur" ou même "exécuter" (mot que Laâbi emploie), cette langue, pour la soumettre à la modernité.
Driss Chraïbi qui a écrit "Le Passé Simple" en 1954 et qui a été obligé de le renier sous la pression perfide et inculte du Mouvement national, était si heureux de la naissance de Souffles. En effet Laâbi l'a réhabilité en dénonçant l'hypocrisie de notre société... Car en effet, Driss Chraïbi pourrait être le père fondateur de cette nouvelle littérature, avec son "apport précieux" dont parlait Laâbi...
Abdellatif Laâbi avait un immense projet qui est toujours à l'ordre du jour. Son écriture est sans hésitation novatrice sur le plan universelle. Je conseille mes ami-es à le lire ou à le relire. Un auteur qui, selon moi, mérite le Prix Nobel de la littérature, haut la main...
Ce livre que j'ai hâte de lire, convoque une période cruciale de notre histoire, à tous les niveaux, politiques et culturels. Le lien avec les révolutions d'aujourd'hui et les contestations partout au Maroc, est d'une pertinence explosive.
Kenza Sefriouri |
Abdellatif Laäbi |
Abdelkbir Khatibi, quant à lui, s'est arraché les cheveux pour comprendre par exemple ce qui se trame derrière le poème intitulé "RACE" de Laâbi... Plus tard un conflit intellectuel entre Khatibi et Laâbi a retenti au grand jour. Khatibi soutient qu'il ne peut y avoir de "bilinguisme intégral"; et Laâbi revendique et répète que son œuvre est profondément bilingue, intégralement bilingue... C'est un débat crucial qu'il faudrait un jour aborder. Cela dénote que l’œuvre de ce grand homme, qui est Laâbi, a fait non seulement irruption dans la langue française pour la dénoyauter de l'intérieur, mais il a du même coup cassé la sacralité de la langue arabe, amenée à se soumettre à la logique du métissage obligé... Ce qui me permet de dire que les auteurs écrivant en arabe, de cette époque, ont tout fait pour "travailler de l'intérieur" ou même "exécuter" (mot que Laâbi emploie), cette langue, pour la soumettre à la modernité.
Driss Chraïbi qui a écrit "Le Passé Simple" en 1954 et qui a été obligé de le renier sous la pression perfide et inculte du Mouvement national, était si heureux de la naissance de Souffles. En effet Laâbi l'a réhabilité en dénonçant l'hypocrisie de notre société... Car en effet, Driss Chraïbi pourrait être le père fondateur de cette nouvelle littérature, avec son "apport précieux" dont parlait Laâbi...
Abdellatif Laâbi avait un immense projet qui est toujours à l'ordre du jour. Son écriture est sans hésitation novatrice sur le plan universelle. Je conseille mes ami-es à le lire ou à le relire. Un auteur qui, selon moi, mérite le Prix Nobel de la littérature, haut la main...
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