Au sein de la monarchie
marocaine et ses institutions, le mépris est une politique d’État. La
reconnaissance de la langue amazighe comme langue officielle n’a pas
changé grand chose dans la réalité de tous les jours. Elle ne le
changera pas, certainement. La loi organique promise depuis déjà deux
ans attend toujours de voir le jour, alors que le PJD, le parti
islamiste du chef du gouvernement, prépare une loi pour la protection de
la langue arabe, menacée selon lui. Et cette loi aura certainement plus
de chance de voir le jour avant la loi organique sur la langue
amazighe. Même les engagements pris par des ministères en faveur de
l’amazighité semblent inefficaces et sans intérêt.
Deux exemples ayant marqué l’actualité toute récente viennent nous rappeler cette amère réalité.
Lundi
27 mai, les autorités de la ville de Salé ont retiré par la force un
grand nombre de drapeaux amazighs des mains de spectateurs venus
assister à un concert donné par le groupe Izenzaren. Les drapeaux ont
été confisqués et nombre de militants ont été brutalisés.
Quinze militants ont été arrêtés et conduits dans un poste de police où
ils avaient été détenus illégalement durant trois heures, maltraités et
insultés. Ils ont subi des injures racistes et dégradantes. Pire, les
policiers leurs ont demandé d’aller "brandir le drapeau rouge". Celui du
sanguinaire Hubert Lyautey, le premier résident général du protectorat
français et responsable de la mort de plusieurs milliers d’Amazighs dans
les Atlas.
La police qui aurait affirmé, selon des témoins, obéir à des ordres pour
confisquer lesdits drapeaux, a refusé de les rendre aux militants après
le concert.
Récemment
encore, le consulat de la monarchie marocaine à Lille a refusé
d’enregistrer "Anila", un prénom amazigh. L’on nous dira que ce n’est
pas un fait nouveau. Certes, sauf que cette interdiction intervient
quelques jours seulement après l’envoi par le ministère de l’intérieur
d’une circulaire à tous les bureaux d’état civil, y compris dans les
consulats, leur ordonnant d’accepter les prénoms amazighs. Cette
circulaire, souligne un site proche des autorités, "signe la fin d’une discrimination subie depuis des années par les familles amazighes".
Si ces lois et circulaires du ministère de l’intérieur semblent
inefficaces et inutiles, c’est par ce que le ministre de l’intérieur
lui-même s’oppose à ces prénoms. En septembre dernier, le ministre
marocain de l’intérieur a affirmé dans une interview accordée au
quotidien marocain Al Haraka que les prénoms amazighs "auraient été interdits parce qu’incompréhensibles, étranges ou ont une signification pouvant nuire aux enfants qui les portent" avant d’ajouter : "Franchement, moi-même en tant qu’Amazigh, je ne comprends pas la signification de certains prénoms".
Qu’attendre de plus d’un ministre pareil ?
L. Azergui
Une vidéo de militants à qui ont été confisqués des drapeaux :http://youtu.be/6p8irRLme7k
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