Mustapha Elouizi, 3/6/2013
Ali Idriss Kaitouni |
Quel retour aux débuts, chauds et enthousiastes, du Mouvement du
20 février? Ali Idriss Kaitouni tenait surtout à partager son témoignage
à chaud sur sa participation aux premières marches du Mouvement du 20
février au Maroc. Un récit spontané, un style simple et fluide, une
narration de cœur… L’on relate ce que l’on ressent, sans trop réfléchir
ni arranger.
Écrit en langue française, «Chronique d’un marcheur» est le
livre (277pages/format moyen) dans lequel cet ancien détenu d’opinion
de gauche compilait ses remarques, ses émotions, ses sentiments, ses
impressions et parfois même ses positions. Kaitouni qui avait
l’habitude, en tant qu’artiste plasticien, d’accrocher ses toiles sur
les cimaises des galeries, avait cette fois-ci accroché ses textes sur
son Facebook. Il n’omet pas les commentaires de ses amis virtuels, leurs
discussions très importantes du reste, ni leurs mentions « j’aime ». Ce
qui offre à ce travail une caractéristique mitigée plongeant à la fois
dans le subjectif et l’objectif. Son entourage est composé d’une pléiade
de militants, activistes, défenseurs des droits humains, comédiens,
intellectuels…d’où l’intérêt pour ce qu’on pourrait appeler «marges» qui
renforcent nettement le texte initial qui se présente comme une
plateforme de débat public.
Et l’auteur de passer au travail. Une description qui va aux détails. Des noms, des lieux, des faits, des actes, des paroles, des mots, des émotions, des idées et même des propositions… Il n’avait rien oublié, ou presque. Tel un cinéphile qui vous raconte un film qu’il avait visionné la veille, Ali Kaitouni repose surtout sur ses outils de base, comme jalons de compréhension et de description. Son monde subjectif le guide pour dégager ses propres réflexions. Le tout ornementé d’illustrations, sorte d’archives de toutes les affiches et conceptions visuelles ayant accompagné le Mouvement du 20 février, et méritant à elles seules une véritable étude sémiologique.
Et l’auteur de passer au travail. Une description qui va aux détails. Des noms, des lieux, des faits, des actes, des paroles, des mots, des émotions, des idées et même des propositions… Il n’avait rien oublié, ou presque. Tel un cinéphile qui vous raconte un film qu’il avait visionné la veille, Ali Kaitouni repose surtout sur ses outils de base, comme jalons de compréhension et de description. Son monde subjectif le guide pour dégager ses propres réflexions. Le tout ornementé d’illustrations, sorte d’archives de toutes les affiches et conceptions visuelles ayant accompagné le Mouvement du 20 février, et méritant à elles seules une véritable étude sémiologique.
Il entame son récit en évoquant son texte ayant fait le
tour de tous les murs et de tous les comptes Tweeter marocains : «Vingt
bonnes raisons qui me poussent à sortir le 20 février». Hormis les 19
points, tronc commun qu’il partageait avec une grande partie
d’activistes et militants, Kaitouni avait ses propres raisons qu’il
avait résumées dans la vingtième et dernière raison : «Et enfin et au
niveau strictement personnel, je sors dans la rue le 20 de ce mois, en
tant que démocrate convaincu et en tant que démocrate de gauche, mais
aussi en tant qu’ex-détenu d’opinion qui a connu l’oppression et la
répression et a vécu les pires agressions, complots, trucages,
manigances, et agissements criminels ourdis par des services, des
administrations, des mafias qui ont visé sa paix et sa quiétude, son
héritage familial, son droit de citoyen et de dirigeant politique à se
présenter aux élections et jusqu’à son lieu de naissance qui est
désormais et après 50 ans, la ville de Sefrou au lieu de Fès… ».
L’histoire de ce printemps démocratique retiendra aussi un nouveau
phénomène de « baltajias » (sorte de 5ème colonne), ayant pour mission,
poursuivre, gêner, tabasser, intimider, menacer les activistes du 20
février. Kaitouni avait très tôt subi les affres de ces groupes agissant
à la solde de forces occultes. Le 20 février, à son retour de la marche
de Rabat…il reçoit sur son Facebook un message en langue arabe adressé
aux «intellectuels indépendants et révolutionnaires en provenance de Tel
Aviv ou de Londres!»…et vers le coup de 4h00 du matin, l’auteur entend
un bruit fracassant… Depuis sa fenêtre, il constata que la voiture de
son voisin, garée directement en face de la sienne, venait d’être
cabossée! Deux jeunes hommes prirent la fuite dans une voiture! La lutte
pour un Etat de droit et pour la démocratie continuera toujours son
bonhomme de chemin …
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