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samedi 8 juin 2013

Le festival Mawazine : une aberration digne des pires dictatures d’Afrique


    festival-mawazine

    Par Jalal Atlassi, demainonline, 3/6/2013
     
    On peut vous raconter n’importe quoi sur le festival Mawazine, dans les médias de propagande, ceux du pôle dit public, comme dans la presse aux ordres, il n’en demeure pas moins que son maintien, par ces temps de déficits, de chômage et de grave crises économique est une aberration qui n’a aucune justification rationnelle. 
    Pourtant, il faut admettre qu’entre détracteurs et défenseurs de ce festival on ne lutte pas avec les mêmes armes : le combat est inégal et le bon sens des uns se heurte aux arguments d’autorité, au mépris et à la violence policière des autres. Quant le discours de la démagogie n’a, pour affronter celui de la raison et du bon sens, que l’arrogance et la répression policière contre ceux qui s’opposent pacifiquement à ce festival, c’est qu’on est bien sous une dictature où les intérêts privés d’une infirme minorité, soutenue par les moyens de coercition étatique, sont considérés comme plus importants que l’intérêt général.
    Bien qu’il soit difficile de résister au charme emprunté et au glamour fallacieux d’un festival qui donne à certains l’illusion de vivre dans un pays à la pointe du progrès, jamais la modernité ni le développement des peuples n’ont été gagnés à coup de raccourcis, de mimétisme à la carte ou d’anesthésie généralisée des consciences. Car, c’est de cela qu’il s’agit, ni moins ni plus : un spectacle somptuaire qui conviendrait parfaitement aux ressources d’une démocratie prospère, dont les indices de développement, les performances économiques ou la qualité des systèmes d’éducation et de santé justifieraient largement une telle débauche de moyens. Mais pas le Maroc, cette lanterne rouge de l’Afrique et du monde arabe en divers domaines.

    Est-ce à dire, m’objectera-t-on, que les Marocains n’auraient pas droit au divertissement, ni à la culture ? Bien sûr, les Marocains ont tout à fait le droit à la culture, au divertissement et, surtout, à l’art édifiant, mais cela dépend de la définition que l’on donne à ces vocables et à l’idéologie qui les sous-tend. Cela dépend autant, sinon plus encore, des moyens à disposition. En clair, pour un pays bien géré, c’est-à-dire guidé par le souci de l’intérêt général et par le sens des priorités, ce genre de manifestations – si tant est que ses initiateurs disposent d’arguments rationnels valables – devrait être proportionnel à ses ressources économiques, à la hiérarchie de ses besoins et à ses valeurs culturelles.
    Or si la seule finalité d’une telle manifestation est de redorer le vernis de fausse modernité d’un régime sanctionné année après année dans tous les rapports mondiaux (des droits de l’homme au développement humain et du système de santé au triste état de l’éducation nationale), si l’élite dirigeante de ce pays a perdu le sens des priorités et continue de confondre les critères objectifs de développement avec les signes extérieurs de prospérité ; et si, pendant que des stars mondiales font danser plusieurs centaines d’insoucieux spectateurs aux consciences hypnotisées, pas moins 170 prisonniers politiques croupissent dans les prisons marocaines et d’autres citoyens se font fracasser les crânes dans les rues juste parce qu’ils manifestent contre ce festival ou pour leur droit à la dignité humaine qui leur a été confisquée, alors il devient difficile de défendre cet autre aberration digne du fait accompli des pires dictatures d’Afrique.
    Après tout, qu’est ce que Mawazine si ce n’est un symptôme parmi d’autres d’une élite dirigeante déconnectée des réalités dramatiques de la majorité des Marocains, autant dire un spot publicitaire qui vante l’image d’Épinal du « plus beau pays monde », sans rien révéler de la qualité authentique du produit. Or sur cette qualité, largement relayée dans de nombreux rapports mondiaux sur le Maroc, aucune propagande, aucun festival, ni aucun discours ne réussiront à tromper les Marocains. Quant à l’argument fallacieux consistant à présenter Mawazine comme un facteur de développement économique et culturel du pays, depuis son avènement, il y a douze ans, si vraiment ce festival était d’une quelconque utilité au regard critères objectifs de développements, on en verrait la preuve dans les (piètres) classements du Maroc, en tous les cas, ça se saurait !

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