"La période d'essai est terminée, le compte n'y est pas", a lancé dimanche 5 mai Jean-Luc Mélenchon,
le président du Parti de gauche, dans un discours d'une demi-heure
prononcé sur un podium dressé place de la Bastille à Paris à l'occasion
du premier anniversaire de l'accession de François Hollande à l'Elysée. "Si vous ne savez comment faire, nous, nous savons", a ajouté l'ex-candidat à la présidentielle de 2012 à l'adresse de la majorité socialiste au pouvoir.
Deux oeillets rouges à la boutonnière, un foulard rouge autour du
cou, Jean-Luc Mélenchon a accusé François Hollande et les siens de ne
pas respecter leurs engagements de la campagne présidentielle. "Nous n'avons pas changé d'avis, nous ne voulons pas de la finance au pouvoir, nous n'acceptons pas les politiques d'austérité", a-t-il dit.
Sans citer le nom du président de la République, le fondateur du Parti de gauche a brocardé le "petit monarque hors de tout contrôle" mis en place par les institutions de la Ve République, symbole d'une "monarchie verticale qui permet à la finance d'étendre ses tentacules". "C'est pour en finir avec ce système que nous appelons à une assemblée constituante" pour instaurer une VIe République, a-t-il dit.
Jean-Luc Mélenchon en appelé à une "insurrection" pour "mettre un terme à ces politiques" d'austérité "qui nous conduisent au désastre (...)", et a mis en avant le principe de "la souveraineté du peuple français" qui doit prévaloir face aux institutions européennes et au Fonds monétaire international. "Vive la République, vie la sociale, vive la France", a lancé en conclusion le coprésident du Parti de gauche, avant que la foule n'entonne l'Internationale.
"NOUS SOMMES 180 000!"
Le parti de gauche, dont Jean-Mélenchon est le coprésident, a revendiqué la participation de "180 000" personnes à la manifestation parisienne du Front de gauche "contre l'austérité et pour la VIe République". "Nous sommes 180.000! #5mai #Bastille #6eRépublique", a écrit le parti de gauche sur son compte twitter,
en joignant au message une photo de la place de la Bastille, noire de
monde. M. Mélenchon avait dit à plusieurs reprises que si le défilé
rassemblait 100 000 personnes, ce serait "un triomphe".
"ANNÉE GÂCHÉE POUR LE CHANGEMENT"
"Nous le disons avec force, une année gâchée pour le changement, c'est déjà trop (...) trop dur à supporter pour les millions de nos concitoyens qui souffrent et trop dangereux pour notre pays", a pour sa part lancé Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et co-leader du Front de gauche.
"Il y a un an, la majorité de la France (...) a clairement choisi
la voie du changement, de la rupture avec dix années de reculs sociaux,
d'autoritarisme, de racisme. Un an plus tard, c'est le gâchis et la
colère", a-t-il insisté, exprimant le refus du Front de gauche "d'en rester là, de nous rallier à l'idéologie de la défaite face aux forces de l'argent".
Pour le numéro un communiste, qui parlait avant Jean-Luc Mélenchon, cette "marche citoyenne" est "un appel à la remobilisation, un appel à reprendre le combat là où le gouvernement a trop vite renoncé".
Selon lui, les faits ont donné raison aux avertissements lancés par le Front de gauche: "le pacte budgétaire d'austérité ratifié sans le renégocier, le pacte de compétitivité et ses cadeaux fiscaux dans aucune contrepartie, l'ANI négocié sous la dictée du Medef sans avoir le droit d'en changer une virgule", a-t-il énuméré. "Eh bien, on en voit aujourd'hui les résultats!".
Auparavant, première à s'exprimer sur le podium, Eva Joly, dont le parti, Europe Ecologie - Les Verts (EELV), ne s'est pas associé à ce rassemblement, s'était déclarée heureuse d' être ici avec "les dizaines de milliers de militants de la gauche et de l'écologie qui veulent que ça change maintenant, qui veulent que ça change vraiment".
"Nous avons la tête dure. Nous ne céderons ni aux menaces, ni aux
flatteries, aux intimidations, aux rappels à l'ordre. Nous avons chacun
nos histoires, nos traditions politiques, nos réflexes. Nous avons
chacun notre vocabulaire et il est parfois très différent. Mais nous ne
nous laisserons pas diviser", a affirmé la candidate des écologistes d'EELV à la présidentielle de 2012.
Elle répliquait ainsi à ceux, membres du gouvernement et dirigeants
du PS, qui accusent les organisateurs de cette manifestation de "diviser la gauche" et s'en prennent notamment à Jean-Luc Mélenchon, qui avait donné pour mission à cette initiative de donner "un coup de balai" après le scandale Cahuzac. "Pour
nous écologistes, la manifestation du 5 mai n'est pas une mobilisation
antigouvernementale, elle doit être un point d'appui pour mener une autre politique", a aussi affirmé Mme Joly.
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le 6 Mai 2013
Une foule immense, une vraie colère, une espérance qui se lève. La manifestation appelée hier par le Front de gauche amorce une nouvelle période. Un an après l’élection de François Hollande, le désenchantement a envahi ses électeurs et gagne au cœur du Parti socialiste.
La rengaine de l’austérité obligatoire est répétée par les gouvernants comme un puissant anesthésiant. « Cette fatalité promulguée, écrivait Jaurès, éveille, avec toutes les inquiétudes, tous les appétits et toutes les insolences. » Celles des hiérarques sarkozystes, qui tentent de se refaire une virginité sur le dos des échecs du ministère Ayrault. Pire, le Front national avoue ses ambitions, tirer profit des renoncements du pouvoir et du désespoir de ceux qui rêvaient de changement, pour mettre en place une politique bleu-blanc-brun…
Les dirigeants du PS qui agitaient hier le spectre des années 1930 devraient se souvenir sur quels fonds de démissions politiques et de troubles relations avec l’argent se sont construites les ascensions fascistes.
Et puis voilà qu’une nouvelle fois les foules de la Bastille rejoignent la Nation, qu’ainsi la République sociale se dresse comme une incarnation de l’intérêt général, de l’intérêt national.
Ne nous y trompons pas : on parle ici de départ et non point d’arrivée. Le rassemblement des forces vives de la gauche, visible hier avec Eva Joly et des responsables écologistes, appréciable avec des militants ou sympathisants du PS, doit prendre une ampleur bien supérieure pour faire pièce à la coalition des bénéficiaires de dividendes, des propriétaires du CAC 40, des oligarques européens, et des grands prêtres de l’austérité. Mais c’est désormais à l’ordre du jour.
« Une vague rouge qui déferle », notait en direct I-Télé hier. Autre chose que les troupes maigrelettes des homophobes regroupés place Vauban et même que les rangs clairsemés du FN, le 1er Mai. C’est une démonstration que le peuple français n’est pas fourbu, harassé et éteint. La force qui s’est exprimée en 2012 pour renvoyer Nicolas Sarkozy ne s’est pas évanouie ; elle peut à nouveau se retrouver. C’est à quoi rêvait à haute voix Eva Joly, hier. C’est ce que prédisait Jean-Luc Mélenchon. C’est à quoi Pierre Laurent veut destiner des assises pour le changement, le 16 juin. Lorsque la foule criait hier « résistance », ce n’était pas dos au mur, réduite à se défendre, mais en dessinant les chemins qui briseraient la domination de la finance internationale, les cercles vicieux de l’austérité, l’autoritarisme des cercles dirigeants de l’Union européenne. La VIe République pour laquelle il faut désormais rassembler une majorité en tracera les cartes.
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le 6 Mai 2013
Une foule immense, une vraie colère, une espérance qui se lève. La manifestation appelée hier par le Front de gauche amorce une nouvelle période. Un an après l’élection de François Hollande, le désenchantement a envahi ses électeurs et gagne au cœur du Parti socialiste.
La rengaine de l’austérité obligatoire est répétée par les gouvernants comme un puissant anesthésiant. « Cette fatalité promulguée, écrivait Jaurès, éveille, avec toutes les inquiétudes, tous les appétits et toutes les insolences. » Celles des hiérarques sarkozystes, qui tentent de se refaire une virginité sur le dos des échecs du ministère Ayrault. Pire, le Front national avoue ses ambitions, tirer profit des renoncements du pouvoir et du désespoir de ceux qui rêvaient de changement, pour mettre en place une politique bleu-blanc-brun…
Les dirigeants du PS qui agitaient hier le spectre des années 1930 devraient se souvenir sur quels fonds de démissions politiques et de troubles relations avec l’argent se sont construites les ascensions fascistes.
Et puis voilà qu’une nouvelle fois les foules de la Bastille rejoignent la Nation, qu’ainsi la République sociale se dresse comme une incarnation de l’intérêt général, de l’intérêt national.
Ne nous y trompons pas : on parle ici de départ et non point d’arrivée. Le rassemblement des forces vives de la gauche, visible hier avec Eva Joly et des responsables écologistes, appréciable avec des militants ou sympathisants du PS, doit prendre une ampleur bien supérieure pour faire pièce à la coalition des bénéficiaires de dividendes, des propriétaires du CAC 40, des oligarques européens, et des grands prêtres de l’austérité. Mais c’est désormais à l’ordre du jour.
« Une vague rouge qui déferle », notait en direct I-Télé hier. Autre chose que les troupes maigrelettes des homophobes regroupés place Vauban et même que les rangs clairsemés du FN, le 1er Mai. C’est une démonstration que le peuple français n’est pas fourbu, harassé et éteint. La force qui s’est exprimée en 2012 pour renvoyer Nicolas Sarkozy ne s’est pas évanouie ; elle peut à nouveau se retrouver. C’est à quoi rêvait à haute voix Eva Joly, hier. C’est ce que prédisait Jean-Luc Mélenchon. C’est à quoi Pierre Laurent veut destiner des assises pour le changement, le 16 juin. Lorsque la foule criait hier « résistance », ce n’était pas dos au mur, réduite à se défendre, mais en dessinant les chemins qui briseraient la domination de la finance internationale, les cercles vicieux de l’austérité, l’autoritarisme des cercles dirigeants de l’Union européenne. La VIe République pour laquelle il faut désormais rassembler une majorité en tracera les cartes.
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