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jeudi 9 mai 2013

L’Humanité : le silence médiatique sur une grève de la faim au Maroc est un scandale. Des liens pour réagir



Publier sur Mamfakinch 
Par Hassane Zerrouky , l'Humanité, 9/5/2013

Dans les geôles de ce pays politiquement superprotégé, des prisonniers politiques en sont à plus de soixante jours de jeûne.
C’est dans un silence médiatique assourdissant que plus d’une vingtaine de détenus politiques marocains observent une grève de la faim. Tarek Hammami et Abdes-semad Haïdour, à la prison de Taza, l’ont entamée depuis plus de soixante jours. Hassan Koukou, Soufiane Sghéri, Mounir Aït Khafou et Hassan Ahmouch, détenus à la prison Toulal 2 de Meknès en sont, eux, à leur cinquantième jour de jeûne.
 Tous protestent contre les conditions de leur détention et les exactions (tortures, viols sur certains détenus) dont ils sont l’objet. Quasiment aucune ligne n’y a été consacrée dans la presse hexagonale. Pas un mot ni d’images dans les télés et radios. Comme s’il ne fallait surtout pas froisser l’image d’un Maroc accueillant pour ces touristes d’un genre particulier – personnalités du monde politique et culturel (Strauss-Kahn, Jack Lang), philosophes comme Bernard-Henri Lévy – qui disposent de « riads » à Marrakech quand ils ne sont pas pris en charge par le palais comme ce fut le cas du couple Sarkozy !
Pourtant, l’état de santé de ces détenus, dont certains appartiennent au Mouvement des jeunes du 20 février, principal animateur du « printemps marocain », se détériore de jour en jour. Les associations marocaines de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch et Amnesty International ne cessent d’alerter sur la situation des 172 prisonniers politiques, dont certains (des militants sahraouis) sont condamnés à la prison à vie. Une campagne de parrainage dans laquelle s’est impliqué l’écrivain Gilles Perrault a été lancée pour alerter l’opinion. Driss El Yazami, ancien président de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), aujourd’hui président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) mis en place par le roi Mohamed VI, destinataire d’une lettre de l’Asdhom (association marocaine de défense des droits de l’homme), observe un silence royal sur cette situation.
Le chef de l’État, François Hollande, publiquement interpellé sur le cas des prisonniers marocains et des violations des droits humains (voir l’Humanité des 23, 28 et 29 avril) afin qu’il intervienne auprès des autorités marocaines lors de sa visite officielle à Rabat, a préféré tresser des lauriers à la monarchie alaouite. Même le point de presse organisé le 17 avril au Parlement européen par l’ASDHOM, en présence (et avec le soutien) des députés européens Marie-Christine Vergiat et Willy Meyer (GUE-GVN), Ana Miranda (Verts-ALE) et Ana Gomes (PS), est passé inaperçu. C’est dire. De fait, tout laisse penser que le Maroc est un État superprotégé par la France, les USA et leurs alliés, mais aussi par la quasi-totalité des journaux, télés et radios français. Aussi, rien de surprenant que la monarchie poursuive sa répression en toute impunité.

Ezzedine Roussi, détenu politique marocain, après plus de 130 jours de grève de la faim, à la fin de sa détention, en 2012. (archive)
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Le Comité de Soutien en France aux Détenus Politiques au Maroc s’inquiète de la situation des détenu(e)s et du sort que le régime leur réserve. Les grèves de la faim dans les prisons du Maroc continuent depuis le début du mois de mars 2013.
Des vies sont en danger. Des militant(e)s du changement radical au Maroc sont emprisonné(e)s, torturé(e)s, maltraité(e)s, affaibli(e)s…

Situation le 4 mai

Dans la prison locale de Taza,
Abdessamad Alhaydour membre du Mouvement 20 Février (M20F)  et Tarik Alhamani membre de l’UNEM, mouvance Voie Démocratique Basiste sont à 59 jours de la grève de la faim le 4 mai
Nous rappelons qu’ils en sont à leur deuxième grève après celle de l’année dernière observée aux côtés d’Ezedine Erroussi.
La direction pénitentiaire de Taza refuse les soins au détenu politique Tarik AlHamani. Affaibli sur une chaise roulante, sa situation est critique. Selon les déclarations de son frère, la famille de Tarik subit des menaces et des fouilles, les forces répressives mettent la pression sur son père très âgé et malade.

Dans la prison d’Ain Kadousse à Fès,
Younes Erroufi, Hichame Boughlade, Tarik EljaîbiMohamed Saleh, tous militants de l’UNEM, mouvance Voie Démocratique Basiste, sont en grève de la faim depuis le 26 mars 2013, soit 34 jours de grève de la faim le 4 mai.
Nous félicitons et saluons Mohamed Salah qui a retrouvé sa liberté aujourd’hui.

Dans la prison de Toullal2 à Meknès,
 Mounir Ait Khafou, Soufiane Segheri, Hassan Koukou, Mohamed Aloualiki, Hassan Alhmouche, militants de l’UNEM, Voie démocratique Basiste, sont en grève depuis le 11 mars 2013, soit 49 jours de grève de la faim le 4 mai.
D’autres militants détenus politiques dans les prisons de Tanger, Alhouceima, sont décidés à observer la grève de la faim à partir du premier mai, pour dénoncer leur détention, leurs conditions de vie et en soutien aux grévistes de la faim dans les prisons de Taza , Fes, Meknes.
Ces militant(e)s croupissent dans les prisons du royaume du Maroc. Ils et elles sont affaibli(e)s, entassé(e)s avec les prisonniers de droit commun dans des cellules étroites où les conditions de vie sont inimaginables et insupportables.  Violenté(e)s par les agents de l’administration pénitentiaire et les gardiens, ils sont agressés par des prisonniers de droit commun qui relèvent de la psychiatrie . Ceux-ci présentent un danger de plus pour ces détenus politiques affaiblis par la grève de la faim et par les conditions inhumaines qui règnent dans ces institutions pénitentiaires qui datent de la colonisation. C’est le cas de la prison locale de Taza.

Dans une prison marocaine
Pour ces prisonniers de santé précaire les prisons ne disposent pas d’équipement  ni de service médical, même les maladies contagieuses ne sont  pas soignées. Dans des cellules de quelques mètres carrés sans aération s'entassent des dizaines de détenus  sans considération aucune. L’humidité, le manque crucial d’hygiène, la surpopulation, les traitements ignobles tels que les tortures, les humiliations, l’absence de soin etc... sont le quotidien des détenus politiques dans les prisons du royaume du Maroc.
 
Les campus universitaires de Fès sont le théâtre d’interventions répressives contre les étudiants et leur syndicat l’UNEM. Des arrestations ont eu lieu :  23 étudiant-e-s détenu-e-s sont en garde à vue et mis au dépôt dans la prison de Ain Kadousse. Aicha Albouche, étudiante en 3eme année de philosophie, Asmaê Sabah, 3eme année de biologie en font partie. Les interventions policières font  des centaines de blessés, des violés, des torturés...  Aboubaker Alhedari, torturé , a été jeté du haut de la toiture de la bibliothèque de la faculté des sciences à Fès. C'est un acte criminel dont la presse ne fait pas état !
Le Comité de Soutien en France aux détenus Politiques au Maroc vous demande de continuer à informer l’opinion publique afin d’exiger la libération des détenus politiques au Maroc.*

Moha OUKZIZ, coordinateur du Comité de Soutien en France aux Détenus Politiques au Maroc


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