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samedi 11 mai 2013

Sahara. Ça ne fait que commencer…


    • Par : Driss Bennani, Tel Quel, 10/5/2013
    Sahara. Ça ne fait que commencer…
    Des membres de la Minurso (DR)
    Après avoir contré la proposition d’élargissement du mandat de la Minurso à l’observation des droits de l’homme, le Maroc a vu des manifestations éclater au Sahara, faisant plusieurs blessés. Que s’est-il passé ?
    La trêve aura été de courte durée au Sahara. Quelques heures à peine après le vote, par le Conseil de sécurité de l’ONU, de la résolution 2099, plusieurs manifestations ont embrasé le sud du royaume. Sit-in indépendantistes, confrontations avec les forces de l’ordre… on dénombre déjà plusieurs blessés, aussi bien dans les rangs des manifestants que ceux des forces de l’ordre. Certaines ambassades accréditées à Rabat auraient même demandé des explications au ministère des Affaires étrangères. “Ce qui se passe actuellement au Sahara ne doit pas nous surprendre, affirme Abdelmajid Belghzal, militant associatif et membre du PSU installé à Laâyoune. Pour le Polisario tout comme pour les associations qui le soutiennent, le retrait de la proposition américaine concernant l’observation des droits de l’homme par la Minurso est un coup dur. Ces gens ne baisseront pas les bras. Ils tenteront par tous les moyens de provoquer les autorités afin d’interpeller l’opinion publique mondiale et leur démontrer que le retrait de la proposition américaine était déplacé”. Mohamed Talib, membre du Corcas et militant associatif, va encore plus loin. Selon lui, le Polisario aurait préparé son coup plusieurs jours avant le vote de la résolution aux Nations Unies. “Des délégations commençaient à arriver à Laâyoune bien avant l’annonce du retrait de la proposition américaine. Certaines, comme les représentants d’Amnesty ou des députés verts français et danois, sont encore sur place et fournissent une sorte de protection morale aux manifestants, explique-t-il. Ces manifestations devraient, selon toute vraisemblance, se répéter assez souvent et mettront à rude épreuve les promesses marocaines faites à la communauté internationale pour le respect des droits de l’homme dans la région.”

    Manifs à répétition
    Tout commence le jeudi 25 avril. En début d’après-midi, le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte officiellement une résolution qui prolonge le mandat de la Minurso d’une année supplémentaire, sans en étendre les prérogatives à l’observation du respect des droits de l’homme au Sahara. Les officiels marocains respirent et jubilent de cette victoire diplomatique. Au Sahara, l’ambiance est moins festive. La réaction des indépendantistes se fait attendre. Sécuritaires et autorités locales sont sur les dents. Le premier rassemblement est signalé en fin d’après-midi à Boujdour. Les manifestants se seraient réunis au domicile d’une activiste indépendantiste avant de se diriger vers l’avenue principale de la ville. Le sit-in dure plus d’une heure, puis se disperse dans le calme. La police suit la situation de loin mais n’intervient pas. A Laâyoune, la soirée s’annonce plutôt calme. “A un moment, nous avons cru qu’il n’y aurait pas de manifestations”, témoigne cet habitant. Mais à 22h, des femmes et des enfants improvisent une manifestation sur le boulevard Smara, en face du quartier Maâtallah, duquel étaient parties les émeutes de 2010. Là encore, la police n’intervient que pour fluidifier la circulation sur cet axe central de la ville. Le rassemblement ne dure que quelques minutes. 
    Vendredi, les mêmes personnes se retrouvent au même endroit à partir de 17 h. La présence policière est plus visible. Les manifestants scandent quelques slogans en faveur de l’autodétermination et brandissent des drapeaux indépendantistes. La manifestation dérape cependant quand des inconnus caillassent les véhicules de police. Un officier arrive alors sur place. Il met son ruban rouge et vert et lance une sommation officielle aux manifestants. “Ceci est une manifestation non autorisée”, leur fait-il savoir avant de donner l’ordre de disperser le sit-in. Une course poursuite s’enclenche, des confrontations éclatent. Certains commerces du boulevard Smara ferment boutique. Bilan : plusieurs blessés dans les deux camps. “La police n’a interpellé personne et ne donnait pas l’impression de vouloir le faire”, indique cet habitant qui a assisté aux évènements. La ville ne retrouve son calme que vers 22h. Samedi et dimanche enregistrent, à nouveau, quelques escarmouches et leur lot de blessés légers.

    Souriez, vous êtes filmés
    Lundi 29 avril. La tension monte d’un cran. Le sit-in, programmé à 18 heures, coïncide avec la sortie des classes. Les manifestants, eux, changent de tactique. Ils arrivent par petits groupes et prennent des chemins différents. Très vite, le boulevard est bouché. La police intervient pour disperser les manifestants qui se déplacent à présent en groupe et à bord de véhicules tout terrain. Les femmes poussent des youyous. Les enfants caillassent les forces de l’ordre. Certains manifestants portent des armes blanches et incendient les bacs à ordures au beau milieu de la chaussée. “Nous avions vécu la même chose au moment de Gdeim Izik. Ce genre de manifestants et de véhicules semaient la terreur dans la ville”, se souvient cet instituteur sur place. En face, la police n’interpelle (encore une fois) personne. Son intervention est ferme mais mesurée, selon les témoignages recueillis auprès de plusieurs observateurs sur place. Mieux, des brigades spéciales filment tout ce qui se passe sur le terrain. Des vidéos, rapidement postées sur Internet, montrent des enfants et des adolescents portant des armes blanches ou des femmes simulant des chutes au moment où deux représentantes d’Amnesty passent dans les parages. Sur ces mêmes vidéos, on voit d’ailleurs les deux dames se déplacer dans la voiture d’Aminatou Haïdar, grande figure indépendantiste. “Elles résideraient même chez elle, ce qui est contraire aux principes d’impartialité d’une ONG comme Amnesty”, affirme Talib.

    Vigilance, vigilance…
    “Le Maroc doit rester vigilant, explique Abdelmajid Belghzal. La situation est extrêmement tendue au Sahara. Ceux qui participent à ces manifestations ne sont pas tous des indépendantistes convaincus. Dans le lot, il y a plusieurs personnes qui sortent simplement exprimer leur colère et leur sentiment d’injustice et de hogra. Ils voient que des milliards sont chaque année consacrés au Sahara et que seuls quelques rares privilégiés en profitent”. Ce point a d’ailleurs été soulevé par le Conseil économique, social et environnemental (CESE). “Il n’y a pas de mal à subventionner le Sahara. Encore faut-il s’assurer que ces subventions parviennent à leurs vrais bénéficiaires”, avait notamment déclaré Chakib Benmoussa lorsqu’il était président du CESE. “Durant toutes ces années, le Polisario n’a pas réussi à créer une vraie base arrière au Sahara. Il est donc obligé de surfer sur ces problèmes de justice sociale pour mobiliser et tenter de déstabiliser la région. 
    En face, le Maroc n’a aujourd’hui plus le choix. Il doit concilier les impératifs de respect des droits de l’homme, de protection des biens et des personnes et de développement économique et social de la région. Le problème, c’est que le temps joue contre nous. Nous avons jusqu’au 30 avril 2014 pour prouver à tous nos partenaires qu’ils ont eu raison de nous soutenir au Conseil de sécurité”, explique Mohamed Talib, qui attire également l’attention sur la nécessaire activation des mécanismes locaux de protection des droits de l’homme. “Le CNDH et les ONG locales doivent jouer pleinement leur rôle. Monitorer les droits de l’homme selon les standards internationaux ne s’improvise pas”, ajoute-t-il. “Ces organismes doivent travailler davantage sur le terrain, et produire des rapports réguliers et indépendants. Le SG de l’ONU avait par exemple salué la création du CNDH. Le transformer en coquille vide serait un énorme gâchis qui nous coûterait très cher”, conclut Belghzal.

    Maroc - USA. L’orage est passé
    Les relations entre le Maroc et les Etats-Unis reprennent doucement leur cours normal. En début de semaine, une délégation marocaine a été reçue par le Secrétaire d’Etat américain, John Kerry. Conduite par le conseiller royal Taïeb Fassi Fihri, elle comprenait également le patron de la DGED, Mohamed Yassine Mansouri, et le ministre délégué aux Affaires étrangères, Youssef Amrani. Le trio s’est aussi entretenu avec les conseillers du président Barack Obama et le patron du Conseil national de sécurité US. Objectif : faire oublier la mini-crise diplomatique entre les deux pays et reprendre leur coopération, essentiellement sur le plan sécuritaire.
     http://telquel-online.com/Actualite/Maroc/Sahara-%C3%87a-ne-fait-que-commencer/569

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